L’affaire de tous

Par Mohamed Bouraïb

L’actualité le prouve. Quasiment chaque année, des feux de forêt affectent principalement le nord du pays, provoquant désolation et préjudices socioéconomiques.
Ce phénomène s’est accentué sous l'effet du changement climatique qui augmente la probabilité des canicules, remettant à l’ordre du jour, l’impératif de recourir à une incessante réévaluation de la politique de lutte contre les incendies de forêt.
Ces incendies deviennent donc un phénomène régulier, toujours plus menaçant, qui questionne directement les modes d’occupation de l’espace et le rapport des populations à leur environnement naturel immédiat.
Le cas de l’Algérie est symptomatique de la situation qu’affronte l’ensemble des régions méditerranéennes. Sans compter un climat semi-aride qui ne lui facilite pas la tâche. Dans un tel environnement, le couvert végétal a une grande peine à résister à de véritables déluges qui broient tout sur leur passage. Si, en valeur absolue, chez nous, les superficies consumées restent relativement modestes au regard d’autres contrées du pourtour méditerranéen, les réserves forestières constituent seulement 1% de la superficie globale du territoire, le spectre de la désertification, l’insuffisance des campagnes de reboisement font qu’à longue ou brève échéance, les retombées sur le plan floristique, faunistique et économique seront extrêmement néfastes, car cette richesse naturelle est d’un équilibre fragile qui, une fois rompu, demande d’énormes moyens pour sa régénérescence. Tous ces facteurs non exhaustifs mettent à rude épreuve les 4,1 millions d'hectares de forêts, de maquis et de broussailles qui ne représentent qu'un taux de boisement de 16,4%, en ne considérant que le Nord, et seulement 1,7%, si l'on prend en ligne de compte tout le territoire. Cependant, le climat n'est pas le seul responsable des incendies. Il y a aussi un paramètre très important et excessivement actif, à savoir la main de l’homme. Il ne faut pas se voiler la face. L'homme, par ses différentes activités, a été et demeure encore la cause non moins insignifiante de tout déclenchement du feu, à cause de ses habitudes agricoles et pastorales, et que la fréquence des incendies qui ne cesse de s'accroître lui est imputable parfois ou souvent par manque de civisme, d’irrespect des gestes les plus élémentaires de prévention. De surcroît, les massifs montagneux ne peuvent plus s’accommoder de coupes illicites, de défrichements anarchiques, d’occupation par des constructions souvent érigées illicitement. Ce sont des atteintes insupportables qui dérégulent le cycle normal de la nature. Cela étant, tous les moyens matériels et humains sont mobilisés, en coordination avec les départements ministériels concernés, à l'effet de prévenir et de lutter contre les feux de forêt, cette année, a affirmé le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni.
Pour rappel, le président de la République a souligné que la réussite de la lutte exige la mise en place d'un système de veille efficace. Il a ordonné le lancement d'un appel d'offres pour l'acquisition de six avions bombardiers d’eau, le lancement d'un autre appel d'offres à destination des start-up pour la modernisation des outils et équipements dédiés à la surveillance du couvert végétal à travers des drones, ainsi que la coordination avec l'État-major de l'Armée nationale populaire.

M. B.

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