Elle préside, depuis le 1er janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU : L’Algérie déroule son programme

Yazid Yahiaoui

L’Algérie, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pendant ce mois de janvier, est résolue à multiplier les actions en faveur de la paix dans le monde, en particulier pour obtenir un cessez-le-feu permanent et inconditionnel à Ghaza.

C’est ce qu’a rapporté l’ambassadeur Amar Bendjama, qui a animé jeudi une conférence de presse au siège du Conseil de sécurité. M. Bendjama a dressé, de manière exhaustive, le plan d’action de l’Algérie durant ce mois de présidence du Conseil de sécurité, en mettant en avant plusieurs priorités.
 
Afrique, Moyen-Orient, Europe et Amériques
 
La première priorité concerne la question palestinienne, suivie des enjeux arabes, notamment la situation au Soudan et au Darfour, la crise au Yémen et la famine qui y sévit, ainsi que la destruction subie par le Liban. L’Algérie abordera également la question du Sahara occidental, cette dernière colonie en Afrique, ainsi que le génocide auquel est confronté le peuple palestinien face à l’apartheid israélien.
 «Le programme de travail pour le mois de janvier comprend des réunions légales sur des questions concernant l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Europe et les Amériques. En ce qui concerne les questions africaines, nous avons la question du Soudan et une réunion sur le processus de sécurité au Darfour. Il y a aussi le système d'embargo dont souffre la Libye. Le Conseil se réunira également sur le Yémen et la Syrie, en tenant compte de la situation sécuritaire et politique actuelle dans ces deux pays, en particulier la situation en Syrie et ses conséquences, ainsi que les développements en cours qui sont très suivis par le Conseil de sécurité. Une conférence sera dédiée à la Syrie, le 8 janvier, au niveau du Conseil.  Nous appellerons également à un consensus sur la coopération entre les Nations unies et tous les pays arabes. Un rapport de la présidence algérienne sera publié à cette occasion», a-t-il déclaré.
Concernant les questions européennes, Amar Bendjama cite «la question de Chypre et le retour des Nations Unies pour maintenir la paix à Chypre, surtout à la fin du mois», tandis que pour l’Amérique, «le Conseil de sécurité tiendra des réunions sur la Colombie et sur Haïti. Le Conseil suit de près la situation actuelle en Haïti avec un grand intérêt».
Par ailleurs, pour le continent africain, Bendjama a déclaré : «Étant donné l'engagement de l'Algérie à défendre ses priorités africaines et à comprendre ses intérêts, nous avons décidé de consacrer une réunion de haut niveau pour traiter de la question de la lutte contre le terrorisme. Cette réunion sera dirigée par M. Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères. Cette réunion de haut niveau aura lieu le 21 janvier.» 
 
«On ne renoncera jamais à la Palestine»
  
Enfin, pour le Moyen-Orient, Bendjama a rappelé l’importance de la question palestinienne pour l’Algérie. À ce sujet, d’ailleurs, Bendjama rappelle ce que le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a déclaré, lors de son dernier discours devant le parlement algérien : «Depuis que l'Algérie a commencé son mandat au Conseil de sécurité, elle mène un combat pour la cause palestinienne. L'Algérie ne renoncera pas à la Palestine tant qu'elle n'aura pas établi son État indépendant, avec El-Qods pour capitale. Nous sommes avec la Palestine et avec tous les peuples opprimés dans le monde, et nous continuerons à mettre en lumière leurs souffrances. La situation humanitaire catastrophique à Ghaza demeure une priorité pour l'Algérie», a déclaré Bendjama, lors de cette conférence.
M. Bendjama a annoncé que les discussions sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, seront élevées au niveau ministériel. «Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Ahmed Attaf, dirigera également cette session», a affirmé Amar Bendjama, qui rappelle que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, prévoit également d’aborder les discussions en cours sur la Palestine, le 12 janvier.
À propos des termes tels que «génocide» et «extermination», utilisés dans ce contexte délicat, M. Bendjama a rappelé qu’il y avait eu «massacres et bombardements ; des hôpitaux ont été détruits. La question ne se limite pas seulement à cette désignation. Notre point de vue est que nous devons préserver et protéger la vie des Palestiniens. C'est la base de notre appel, nous avons appelé et continuons d'appeler à un arrêt immédiat des opérations militaires».
 
«La Libye doit suivre son propre chemin» 
 
Par ailleurs, l’Algérie est très préoccupée par un conflit qui dure depuis longtemps dont les répercussions affectent sa stabilité ; cela est principalement dû à l'augmentation d'interventions étrangères qui lui sont imposées. «Nous parlons ici d'appels pour établir la paix ; il est essentiel que la Libye suive son propre chemin sans intervention extérieure ; l'Algérie continuera son soutien et ses efforts internationaux pour aider la Libye», a-t-il ajouté.
Pour donner quelques détails supplémentaires sur cette situation complexe en Libye, il a insisté sur trois points importants : premièrement, il est nécessaire d'avoir un consensus et une intégration sous l'égide des Nations unies concernant les efforts menés par les organisations internationales et régionales ; deuxièmement, souligner l'importance du processus politique libyen qui devrait mener à créer des conditions propices à l'organisation d'élections générales ; troisièmement, reconnaître que le processus de réconciliation en Libye est vital, c'est une étape nécessaire pour éviter toute division au sein du peuple libyen, tout en renforçant le sentiment d'unité nationale.
En conclusion de son discours, il a évoqué les sanctions : «Les sanctions imposées à la Libye ne sont pas considérées comme punitives par l'Algérie ; elles sont vues comme un outil destiné à protéger et créer un environnement sécurisé et stable ». À cet égard, il a souligné que l'efficacité d'une sanction ou d'un embargo est cruciale ; en tant que membre du Conseil de sécurité, l'Algérie continuera d'œuvrer pour maintenir le gel des ressources libyennes.
 
Sahara occidental : Une question de décolonisation 
 
Concernant, enfin, la question soulevée par l’Algérie concernant le Sahara occidental : n'avez-vous pas prévu d'aborder ce sujet auprès du Conseil ? «Le Sahara occidental est une question essentielle pour l’Algérie, ainsi que pour l’Afrique et pour les Nations unies, car elle concerne un processus de décolonisation», a-t-il répondu.
«Le Conseil s'est réuni, il y a trois mois, autour du Sahara occidental, où il a renouvelé son mandat pour la MINURSO (Mission des Nations unies pour organiser un référendum sur l'autodétermination). Ce sujet continuera cette année ; donc, nous essayons d'inscrire cette problématique dans notre agenda, afin d'envisager sa résolution ; il sera certainement nouveau dans ce cadre-là où il y aura également une réunion prévue en avril prochain autour ce sujet. L’Algérie participera activement aux discussions sur cette problématique au sein du Conseil, ainsi qu’au sujet du Sahara occidental, où nous chercherons une solution conforme aux résolutions 1514 qui correspondent également aux aspirations du peuple sahraoui quant à son autodétermination», a-t-il conclu.  
 
Y. Y.
 
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Lutte contre le terrorisme :
L’expérience algérienne au service de l’Afrique
 
Concernant le terrorisme international en Afrique et le rôle joué par l’Algérie dans sa lutte. «L’Algérie a vécu une période dramatique durant son histoire indépendante ; nous avons aussi été confrontés aux pires formes terroristes au monde», a indiqué M. Bendjama. «Mon pays, grâce à ses femmes et à ses hommes, ainsi qu'à nos services de sécurité et à nos politiques, nos intellectuels et nos journalistes, a réussi à se débarrasser du fléau terroriste. L’Algérie fait partie des rares pays ayant réussi efficacement à lutter contre ce fléau, mais, malheureusement, le terrorisme continue encore aujourd'hui à sévir ailleurs dans notre monde», a-t-il poursuivi. «En tant que nation africaine, l’Algérie est solidaire envers ces pays frères africains, elle souhaite partager ses expériences avec eux quant aux méthodes efficaces pour combattre cette menace. C’est une responsabilité collective. Notre expérience amère permettrait aux pays africains d’apprendre comment trouver des solutions efficaces contre ce fléau, et nous avons décidé, comme événement phare durant notre présidence, d’en faire notre thème principal, afin lutter contre ce fléau», a-t-il fait savoir. «L’Algérie, sous l’égide du Président Abdelmadjid Tebboune, affirme qu’elle est championne dans cette lutte. Nous ne voulons pas que le phénomène du terrorisme touche particulièrement nos pays africains qui supportent déjà un lourd tribut. L’Algérie va modestement, mais sincèrement partager ses expériences avec ses amis, notamment ceux venant d’Afrique», a-t-il conclu.            
 
Y. Y.
 
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Une réunion pour sauver l’UNRWA
 
Répondant à une question sur la menace qui pèse sur l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine), M. Bendjama a indiqué que l'Algérie envisageait d'appeler à une réunion à la troisième décade du mois en cours, pour discuter de cette agence onusienne. «Nous espérons parvenir à un consensus qui permettra à l'UNRWA de continuer son travail au nom de l'Assemblée générale de l'ONU et pour le peuple palestinien», a assuré M. Bendjama. «Pour l'Algérie, l'UNRWA est irremplaçable et doit continuer» à fournir l'aide nécessaire aux Palestiniens, a-t-il insisté. Le diplomate a saisi l'occasion, pour appeler à davantage d'efforts, en vue de mettre un terme à la politique de colonisation sioniste, exhortant la communauté internationale à agir en faveur du peuple palestinien qui subit les pires atrocités.    
 
Y. Y.
 
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Pour son accession à la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU :
Les États-Unis félicitent l'Algérie

L'ambassade des États-Unis d'Amérique a félicité, jeudi, l'Algérie, pour son accession à la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), pour ce mois de janvier. «Félicitations à l'Algérie pour son accession à la présidence du Conseil
de sécurité des Nations unies pour ce mois de janvier», a écrit l'ambassade américaine, dans une publication sur les réseaux sociaux, se disant convaincue que cet acquis «renforcera nos efforts conjoints pour relever les défis mondiaux et approfondir les relations bilatérales entre les deux pays». À cette occasion, l'ambassade américaine a indiqué qu'elle aspirait à coopérer dans le cadre d'initiatives visant à «renforcer la stabilité, encourager l'entente et amener un changement positif sur la scène internationale».

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