El-Kenti Balla, diplomate sahraoui, à El Moudjahid : «Un impact positif sur les thématiques que défend l'Algérie»

Entretien réalisé par : Kamélia Hadjib

Diplomate sahraoui, El-Kenti Balla estime que la politique sage et honorable adoptée par l'Algérie lui a conféré une aura dépassant largement ses frontières et la plaçant parmi les pays qui ont à cœur un monde multilatéral basé sur la paix, la coopération et le respect de la souveraineté des États.

El Moudjahid : L'Algérie, qui prend part aux travaux de la 78ᵉ session de l'AG de l'ONU, est toujours attachée à la souveraineté des États et aux droits légitimes des peuples. Son élection en tant que membre non-permanent va-t-elle, à votre avis, peser sur l'avenir de certains pays qui sont toujours sous le joug du colonialisme ?

El-Kenti Balla : L'Algérie a toujours défendu la légalité internationale et soutenu les mouvements de libération à travers le monde, et c'est en défendant, par exemple, les mouvements de libération nationale qu'elle défend en même temps cette même légalité internationale.
Elle défend, par-là, également, ce noble héritage légué par les Moudjahidine et les Chouhada tombés en Martyrs pour que l'Algérie puisse accéder à l'indépendance et en finir avec la longue nuit coloniale. En cela, l'Algérie demeure fidèle à elle-même en jouant un rôle fondamental pour la paix et la sécurité dans le monde. Cette politique, sage et honorable, a constamment conféré à l'Algérie une aura dépassant largement ses frontières et la plaçant parmi les pays qui ont à cœur un monde multilatéral basé sur la paix, la coopération et le respect de la souveraineté des États, accordant souvent une place importante au droit international et au rôle de l'ONU. Par conséquent, je pense que la participation de l'Algérie avec cette importante délégation conduite par le chef de l'État aura sans doute un impact positif sur les thématiques que défend l'Algérie et fera entendre sa voix au sein de cet important rassemblement des chefs d'État qui est l'Assemblée générale de l'ONU. Par sa constance et la justesse de sa position concernant les luttes de libération, la voix de l'Algérie a toujours été crédible et entendue. Nul ne conteste le point de vue de l'Algérie quant à l'impérative nécessité de la décolonisation de la Palestine ou la libération du Sahara occidental du joug colonial, à part ceux qui ont commis la forfaiture d'être colonialistes.

Ne pensez-vous pas que cette tribune onusienne peut être mise à profit pour justement faire davantage la promotion de la vision de l’Algérie en matière de paix et de résolution par voie pacifique des conflits dans le monde ?

Absolument. En tout cas, je reste convaincu que la qualité des contacts et des rencontres qu'aura la délégation algérienne avec les représentants des autres nations présents lors de cette 78ᵉ session, contribuera à faire progresser l'ONU sur ses objectifs déclarés relatifs à l'élimination du colonialisme. Les peuples qui souffrent encore du joug colonial ont espoir dans les actions que mène l'Algérie dans ce sens. Dans le cas du Sahara occidental, la majorité écrasante des membres des Nations unies sont favorables à une solution de ce conflit colonial, à même de respecter le droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est parfaitement la position de l'Algérie, et le fait que l'ONU ne soit pas encore en mesure de décoloniser le Sahara occidental, bien qu'elle y soit engagée, c'est le résultat d'un jeu malsain et irresponsable auquel se livrent secrètement certains États, sans pour autant en assumer publiquement la responsabilité. De ce fait, le processus de décolonisation du Sahara occidental entrepris par l'ONU s'en trouve bloqué, comme le reconnaît le Secrétaire général de l'ONU, M. Antonio Guterres lui-même et, de l'avis de tout le monde, ce blocage ne fait qu'amoindrir et décrédibiliser l'ONU, tant et si bien que certains États se demandent encore si cette organisation demeure capable de jouer le rôle qui lui a été conféré par ces mêmes États pour veiller sur la paix et la sécurité.

Parmi les thèmes abordés lors des travaux de cette AG figure la promotion des droits humains et du droit international. Comment parvenir à les promouvoir face aux conflits qui existent de par le monde ?

Un autre exemple de ce processus de fragilisation de l'ONU et, partant, de toute l'architecture du droit international difficilement construite après l'hécatombe de la Seconde guerre mondiale —la troisième, nous semblons nous y diriger comme des somnambules—, est la question des droits de l'homme.
Prenons encore le cas du Sahara occidental : la MINURSO n'a toujours pas la possibilité de faire le monitoring des droits de l'homme au Sahara occidental, bien qu'une résolution du Conseil de sécurité ait été proposée dans ce sens. Ladite résolution n'a pas pu être adoptée parce qu'un pays, membre permanent du Conseil, en l'occurrence la France, s'y est farouchement opposé.
Un exemple illustrant cette politique du deux poids deux mesures, tant décriée. Une politique qui a toujours contribué à fragiliser l'édifice onusien et à amoindrir la portée du droit international. Dans ce cas de figure, il est d'une importance primordiale que l'on soit conséquent avec soi-même quant à l'application des normes que l'on établit et les règles du droit que l'on édicte. L'on ne peut pas exiger que certaines missions de l'ONU soient dotées de mécanismes pour les droits de l'homme et carrément l'interdire pour la MINURSO, parce qu'il s'agit du Sahara occidental.

K. H.

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