Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du Haut Conseil de l’Union des médecins arabes : «Les Palestiniens doivent recevoir les aides humanitaires»

«Le peuple palestinien a le droit à un corridor humanitaire. Il a le droit à recevoir des aides qui sont déjà à ses portes», a déclaré le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre des médecins et membre du Haut Conseil de l’Union des médecins arabes.
Lors de son passage à la radio nationale, il a insisté sur «l’impératif» de ce couloir humanitaire devant évacuer les blessés et porter l’aide et l’assistance nécessaires à la population et appelé à «l’intervention immédiate des organismes internationaux» pour venir en aide au peuple palestinien. «Nous invoquons le droit à cette population de bénéficier des lois humanitaires, selon les Conventions de Genève», a-t-il précisé, en notant qu’il est question, aussi, de faire le plus rapidement possible «le tri de tous les besoins de la population civile de Ghaza, sous l’arbitrage des Nations unies». 
Le médecin rappelle que le peuple palestinien, qui meurt sous les bombes sionistes, est privé de ses droits essentiels, comme l’eau, l’électricité et les médicaments. «Nous assistons, aujourd’hui, à un massacre à huis clos ; un massacre qui est fait contre une population à qui on déni le droit d’avoir cette protection internationale qui est le fait des lois de la guerre. Et dans le contexte présent, il faut absolument rappeler ces lois», a-t-il estimé, en observant que le rappel de ces lois est primordial pour les faire appliquer sur le terrain «le plus rapidement possible» et de la manière «la plus efficace». 
A ces conventions de Genève de 1949, il y a eu également l’ajout, rappelons-le, du protocole additionnel qui a été adopté en 1991 et qui spécifie que les édifices consacrés au culte, aux arts, aux sciences, à la bienfaisance, les monuments historiques, les hôpitaux et les lieux de rassemblement de malades ou de blessés «sont interdits de toute attaque militaire». Encore une fois, est-ce que ces droits sont respectés aujourd’hui ? En fait, la réalité est que le monde assiste à présent à une guerre contre une population désarmée. Le président du Conseil de l’Ordre des médecins souligne dans ce sillage toute l’importance du «réveil de la conscience collective mondiale». «Il faut que la conscience collective mondiale se réveille dans les pays de droits de l’homme et des pays d’idéaux. Les responsabilités politiques sont à établir. Aujourd’hui, on parle d’une conséquence et d’un risque sanitaire et humanitaire», ne cesse d’alerter cet homme de sciences.
 
Les enfants palestiniens traumatisés
 
L’autre question mise en exergue lors de cette émission concerne l’aspect psychologique aussi bien des adultes que des plus jeunes. Dr Bekkat s’exprimera longuement aussi sur cette situation face à laquelle se trouvent les enfants palestiniens qui vivent aujourd’hui dans la détresse la plus absolue, qui voient des morts au quotidien et qui enterrent, pour grand nombre d’entre eux, leurs parents. Il est donc plus qu’évident que cette guerre a aussi «un grand impact psychologique qui va certainement provoquer à l’avenir de grands traumatismes», souligne 
Dr Bekkat, en notant que les enfants perdent également au quotidien leurs amis du même âge,  sachant qu’il y a des milliers de  d’enfants tués à Ghaza. Comment peut-on caractériser cette situation?», s’interroge l’intervenant. «Il faut que tout cela s’arrête sinon, nous allons aller vers l’abime, vers l’irréparable», a-t-il encore déclaré. Tout au long de son intervention, il n’a eu de cesse de mettre l’accent ce point essentiel qui est celui de «revenir aux règles fondamentales de la loi de la guerre et de la protection des populations civiles». Il s’attardera sur l’importante question de «définir des couloirs de corridor humanitaires» et «d’arrêter de bombarder une population civile sans défense». Enfin, Dr Bekkat qui est membre du Haut Conseil de l’Union des médecins arabes, s’est également exprimé sur l’importance pour «les médecins arabes d’unifier aujourd’hui leurs visions» pour une action humanitaire.
 
Soraya Guemmouri
 
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Article 23 de la convention de genève : 
«Libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire»

Il faut bien comprendre qu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les conventions de Genève de 1949 avaient déjà défini les règles humanitaires de la guerre. Ces textes qualifiés, par les experts internationaux, de textes de référence du droit humanitaire, prévoient, en effet, un certain nombre d’obligations qui concernent les conflits internationaux.
A ce titre, l’article 23 de la quatrième convention pose le principe du «libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire» ainsi que «des vivres indispensables, de vêtements et fortifiants» vers les populations civiles.
Ces droits sont-ils respectés aujourd’hui ? Pire encore, nous assistons actuellement à un bombardement intensif d’un territoire absolument démuni, «notamment les hôpitaux, les écoles, les dispensaires et les lieux publics».
 
S. G.
 

 

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