Médecins du monde (MDM) a dénoncé avec force l'utilisation de la faim comme «arme de guerre» dans la bande de Ghaza, où la malnutrition aiguë a atteint des niveaux catastrophiques après 18 mois de conflit et un blocus imposé par Israël. Selon un rapport publié cette semaine, la malnutrition aiguë chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes a explosé, avec près d’un nourrisson sur quatre et 19 % des femmes concernées souffrant de malnutrition aiguë en 2024, un taux comparable à celui de pays en crise humanitaire prolongée, comme le Yémen ou le Nigeria. En novembre 2024, un pic de malnutrition infantile de 17 % a été enregistré, coïncidant avec une forte réduction de l’aide humanitaire entrant dans Ghaza, notamment via les points de passage entre Ghaza et Israël. Le point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne, est fermé depuis la prise de la ville par l’armée sioniste, au printemps 2024. Depuis le 2 mars 2025, Israël a fermé tous les points d’entrée d’aide, justifiant cette mesure par la volonté de contraindre le Hamas à libérer des otages, tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir épuisé tous ses stocks. Jean-François Corty, président de Médecins du monde, a dénoncé une «crise d’humanité et de faillite morale» et accusé l’inaction des États tiers d’être «inacceptable» et, potentiellement, assimilable à de la complicité au regard du droit international. Le rapport a détaillé également les effets en chaîne du blocus : diminution des réserves alimentaires et destruction des infrastructures agricoles et sanitaires aggravant la crise de malnutrition. Un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) a confirmé la gravité de la situation : 93 % de la population (1,95 million de personnes) est en situation d’insécurité alimentaire grave ou pire, avec 22 % menacés d’une famine «catastrophique» imminente.MDM a souligné que la malnutrition aiguë n’est pas une fatalité naturelle, mais une conséquence directe des décisions politiques israéliennes qui contrôlent l’entrée de l’aide humanitaire. La levée partielle des restrictions,, lors de la trêve de janvier 2025, avait permis une amélioration, mais la reprise du siège total, en mars, a rapidement inversé ces gains, plongeant à nouveau des milliers de vies dans le danger.
Synthèse agences