Pour masquer sa faillite, l’extrême droite française n’en finit pas de s’acharner sur l’Algérie : Les barbouzes de la diversion

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’y connaît en barbouzerie. Bien plus qu’il ne le laisse croire.

Depuis plus d’un mois, la droite et l’extrême droite françaises, dont M. Retailleau se fait le porte-voix à l’échelle officielle, s’acharnent sur l’Algérie en l’accusant d’avoir commis des actes de barbouzerie (non prouvées à ce jour) sur le sol français. Pour les non-initiés, les barbouzes est un terme typiquement français, datant de la guerre d’Algérie, désignant des espions ou policiers secrets chargés d’accomplir des missions de liquidation ou d’exfiltration de personnes.
Or, ne voilà-t-il pas que deux agents relevant de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française ont été envoyés en Algérie, avec des passeports diplomatiques, sans avoir été signalés et déclarés au préalable auprès des autorités algériennes. Ils ont été «glissés» dans un lot de 15 agents consulaires envoyés en Algérie avec des passeports diplomatiques alors qu’ils étaient, auparavant, titulaires de simples passeports de service. Comment appelle-t-on des agents de la DGSI envoyés vers un pays «clandestinement», sans être signalés ? Des barbouzes ! «Fais ce que je dis, pas ce que je fais», semble être le proverbe attitré de M. Retailleau, d’autant plus qu’il est très critique sur les largesses supposées qu’accorde l’accord de 2013 entre l’Algérie et la France au sujet de la circulation sans visa entre les deux pays pour les titulaires de passeports diplomatiques, alors qu’il n’a pas hésité à user des mêmes largesses en envoyant deux agents porteurs de passeports diplomatiques sans qu’ils aient été signalés comme étant des titulaires de tels passeports, comme le stipulent les accords consulaires entre les deux pays.
Il apparaît donc clair que le ci-devant Bruno Retailleau, officiellement ministre de l’Intérieur, se mue officieusement en ministre des Affaires étrangères, et plus précisément en ministre des Affaires algériennes. Ce n’est guère la première fois qu’il se mêle de politique étrangère, outrepassant ainsi son champ de compétence, à des fins purement électoralistes puisqu’il est en course dans l’élection pour la présidence du parti Les Républicains (LR), qui se déroulera dans une semaine, et qu’il cible l’électorat de la droite. Cela au moment où le peuple français attend de lui qu’il exerce d’abord les prérogatives inhérentes à sa fonction. Plutôt que de faire diversion ou d’être otage de calculs électoraux et d’une obsession sur l’Algérie, il gagnerait à se pencher sur les affaires intérieures françaises brûlantes, et il y en a à foison : un front social qui se ranime, une islamophobie mortifère, une extrême droite décomplexée, un néofascisme renaissant, des prisons surpeuplées et une surenchère électorale avilissante.
Des parlementaires et élus du peuple français sont venus en Algérie, de manière régulière et avec des visas, pour participer, aux côtés du peuple algérien, à la commémoration du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, pour porter un message d’apaisement et appeler à des relations équitables et respectueuses entre la France et l’Algérie. Pendant ce temps, Bruno Retailleau, nommé et non pas élu, envoie des barbouzes… Le décalage est bien là, réel.

F. A.

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