La guerre d’Algérie a inspiré les peuples opprimés

Yazid Yahiaoui

La guerre de Libération nationale, qui débute le 1er Novembre 1954, représente un tournant décisif dans l'histoire coloniale française et dans le processus de décolonisation en Afrique. Alors que le Front de libération nationale (FLN) lance une série d'attentats pour revendiquer l'indépendance de l'Algérie, la France se retrouve confrontée à un défi majeur : maintenir coûte que coûte cette colonie, considérée comme un élément essentiel de son empire colonial.

Pour soutenir l'effort de guerre, la France mobilise d'importantes ressources militaires et financières. Les dépenses liées à la guerre d'Algérie atteignent des sommets alarmants, évaluées à 700 milliards de francs par an à partir de 1957. Ces coûts sont perçus comme un «boulet colonial», pesant lourdement sur les finances publiques.
Du côté de l’Afrique et des colonies françaises, la révolution algérienne devient un symbole de résistance contre le colonialisme et incite les mouvements nationalistes à intensifier leurs efforts. Les succès du FLN galvanisent les nationalistes africains qui voient dans cette lutte une preuve que l'indépendance est possible.

Le 1er Novembre inspire

Entre 1954 et 1962, plusieurs pays africains sous domination française accèdent à l'indépendance dans un contexte de tensions politiques et sociales exacerbées par la guerre d'Algérie. Les premiers pays à accéder à l’indépendance, sont les deux voisins : le Maroc et la Tunisie, respectivement les 2 et 20 mars 1956, après des mouvements nationalistes soutenus par des manifestations populaires. Des événements qui se déroulent alors que la France est engagée dans une répression violente en Algérie après le déclenchement de la guerre, le 1er Novembre 1954, créant ainsi un climat de tension entre les aspirations d'indépendance en Afrique du Nord. Il faut rappeler que juste après leur indépendance, les deux pays voisins étaient devenus des bases arrières et des soutiens au peuple algérien et à sa lutte pour son indépendance.
Du côté des autres colonies africaines, des tensions et des mouvements nationalistes, s’inspirant de la guerre d’Algérie, commençaient à voir le jour, d’une manière timide certes mais déterminée. Face aux pressions croissantes tant internes qu'internationales, la France de De Gaulle adopte une stratégie de désengagement progressif de ses colonies africaines. Revenu au pouvoir en 1958, le général De Gaulle propose une «Communauté franco-africaine» qui permettrait aux anciennes colonies de conserver des liens avec la France tout en accédant à l'autonomie. Cependant, cette approche est perçue comme insuffisante par de nombreux leaders nationalistes africains qui exigent une indépendance totale. En conséquence, alors que la guerre de Libération nationale en Algérie se poursuit avec intensité, la France choisit finalement d'accorder l'indépendance à ses colonies africaines pour réduire son fardeau colonial et se concentrer sur la répression du mouvement indépendantiste algérien.

1960, treize pays africains…

C’est dans ce contexte que la Guinée prend son indépendance de la France le 2 octobre 1958, ce qui en fait le premier pays de l'Afrique française subsaharienne à accéder à l’indépendance. S’ensuivra, moins de deux ans plus tard, une dizaine de pays africains sous domination française, qui obtiendront leur indépendance, marquant un tournant décisif dans le processus de décolonisation. Un mouvement qui s'inscrit, comme on le voit, dans un contexte de tensions politiques et sociales exacerbées par la guerre d'Algérie, qui inspirera d'autres nations africaines à revendiquer leur autonomie.
À l’image du Cameroun français qui obtient son Indépendance le 1er janvier 1960 ; puis le Togo, le 27 avril 1960 ; Madagascar le 20 juin 1960 ; le Dahomey (futur Bénin) le 1er août 1960, suivi par le Niger le 3 août et la Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso) le 5 août. Deux pays qui seront suivis par d’autres, qui sont influencés par les luttes pour l'indépendance en Algérie. Vient après la Côte d'Ivoire qui accède à son indépendance le 7 août 1960, sous la direction de Félix Houphouët-Boigny. Le Tchad suit le 11 août, tandis que la République Centrafricaine et le Congo-Brazzaville déclarent leur autonomie respectivement les 13 et 15 août. Le Gabon, quant à lui, devient indépendant le 17 août, et le Sénégal obtient son indépendance le 20 août 1960. Ces deux derniers pays, en particulier, sont marqués par des mouvements nationalistes qui s'inspirent des événements en Algérie. La lutte algérienne pour l'indépendance est perçue comme un modèle à suivre, renforçant la détermination des peuples africains à se libérer du joug colonial. Enfin, la Mauritanie conclut ce cycle d'indépendances en accédant à l'autonomie le 28 novembre 1960. Cette série de déclarations d'indépendance témoigne non seulement de l'urgence de mettre fin au colonialisme européen sur le continent, mais aussi du désir croissant des peuples africains de prendre leur destin en main.
En somme, les indépendances africaines obtenues entre 1954 et 1962 ne sont pas seulement des victoires politiques mais elles représentent également un changement culturel profond sur le continent. La guerre d'Algérie avait agi comme un catalyseur pour ces mouvements, inspirant les nations africaines à revendiquer leur droit à l'autodétermination.
Finalement, malgré tous ses efforts, la France n’a pas pu empêcher la hargne et l’engagement du peuple algérien d’aller jusqu’à la victoire finale avec une Algérie libre et indépendante, marquant ainsi un tournant décisif dans l'histoire coloniale mondiale.

Y. Y.

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