L’ombre de Mohamed Boudia

C’est un véritable climat de terreur qu’impose l’entité sioniste dans les territoires occupés. Les médias «internationaux» préfèrent maintenir une pression biaisée sur des sujets qui, à force de revenir à chaque instant, révèlent plus une angoisse et une idée fixe que de la géopolitique. On n’en est plus au stade de la dénonciation de crimes au quotidien pour qualifier les actes sionistes. Il faut que la communauté dite internationale, qui n’a pour l’instant fourni aucune preuve de son universalisme, quitte sa posture de faux dévot qui ploie l’échine, croyant expier une faute originelle…de la Seconde Guerre mondiale. Même l’alerte d’Antonio Guterres, qui a exprimé sa «profonde inquiétude» face aux nouvelles procédures de colonisation de l'entité sioniste, considérant les colonies comme «une violation flagrante du droit international», ne semble pas émouvoir les ci-devant. Hier à Jénine, à Turmusaya, près de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie occupée, comme quasiment chaque jour en divers endroits des territoires occupés, les forces d’occupation sionistes ont assassiné et mené des raids que les médias ont à peine évoqués, réservant leur encre et leur dénonciation vers les territoires de leur lâcheté. Les sionistes, une histoire d’assassinats aussi longue et sanglante que leur création. Il y a cinquante ans, le 28 juin 1973, le Mossad assassinait, à Paris, Mohamed Boudia. «Ses yeux, j’en suis sûr, sont toujours ouverts, comme les yeux de tous ceux à qui on n’a pas rendu justice. Il s’appelait Mohamed. Il a été assassiné un matin, rue Saint-Victor à Paris», écrivait Jacques Verges, au lendemain de cet assassinat. Ce fils du peuple, cet enfant du quartier de Soustara, cet autodidacte, auteur de deux pièces de théâtre à la hauteur de Bertolt Brecht dont il fut disciple, n’a pas été oublié, hier à Alger, où un hommage lui a été rendu. Il avait qualifié, dans la revue française Nouvelle critique d’octobre 1966, de «mauvaises consciences», l’oppression de la bête invisible. «Ce monstre, que tout le monde connaissait par les récits, qu’il croyait mythologiques, des anciens et qui, traversant, de son pas lourd, les siècles, n’avait pas fini de ruiner les hommes, se nourrissait de violence, de hurlements et de peur.» Cette oppression qui a fait sortir les Marocains, mardi dernier, dans quarante villes, excédés qu’ils étaient par des conditions de vie intolérables qu’un système féroce leur imposait. À Rabat, Casablanca, Fès, Meknès, Tanger, Oujda, Jercif, Beni Mellal, Khenifra, Salé, Kenitra, à Marrakech… partout les mêmes scènes annonciatrices d’une fin de cycle que l’aveuglement et le cynisme du Palais n’arrivent pas à mesurer. Curieuse histoire, le Makhzen, qui a fait de sa politique étrangère la soumission à l’entité sioniste, matraque son peuple et le maintient dans l’arrière-cour du royaume dans un monde féodal où la misère est reine, tout comme son parrain avec ses «hauts faits d’armes» en Palestine.

El Moudjahid

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