
Depuis la chute de Bachar Al Assad, l’avenir de la Syrie demeure incertain malgré la reconnaissance du nouveau pouvoir par la communauté internationale. Israéliens et Turcs se disputent le contrôle de ce pays ouvert aux quatre vents. Pour l’entité sioniste, il semble être hors de question de laisser le champ libre à Ankara d’étendre son influence sur l’ensemble du pays. Sous le fallacieux prétexte de la mise en danger des intérêts sécuritaires d’Israël, Tel Aviv continue de bombarder des sites militaires incluant même la périphérie de Damas, la capitale. Des attaques à but d’extension mais pas que. L’entité sioniste entend ainsi lancer des avertissements clairs au président Ahmed Al Charaa et aux alliés turcs que le gouvernement de Netanyahu considère comme pays hostile depuis le déclenchement de la guerre contre Ghaza. Les frictions entre Ankara et Tel Aviv se sont accentuées depuis que le gouvernement d’Erdogan a fait part de ses velléités d’installer des bases aériennes et navales en Syrie, dans le cadre d’un accord de défense stratégique avec Damas et que l’état hébreu, considère comme étant une ligne rouge à ne pas franchir. L’entité sioniste entend bien conserver sa liberté opérationnelle dans le ciel syrien et son couloir aérien pour une éventuelle frappe contre les sites nucléaires iraniens. Ce duel à distance cache un autre aspect qui risque de replonger la Syrie dans le chaos. Les Kurdes syriens s’apprêtent, eux, à exiger un système fédéral dans la nouvelle configuration politique du pays, permettant une autonomie régionale avec des forces de sécurité propres. Une éventualité balayée par le président Charaa qui est accusé par ses derniers de vouloir monopoliser le pouvoir. Les groupes dirigés par les Kurdes contrôlent environ un quart du territoire syrien depuis la guerre civile de 14 ans. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, ont signé en mars un accord avec Damas pour fusionner leurs organes de gouvernance et forces de sécurité avec le gouvernement central. Toutefois on est encore loin de l’idylle entre les deux parties. Les responsables kurdes critiquent la manière dont le nouveau pouvoir façonne la transition, estimant que Damas ne respecte pas la diversité syrienne malgré les promesses d’inclusion. Si jusqu’à présent l’administration kurde évite le terme «fédéralisme», préférant parler de décentralisation, la marge de manœuvre de l‘homme fort de Damas paraît d’ores et déjà bien réduite face à l’agressivité des sionistes, l’influence de la Turquie, les visées de Washington dans la partie Nord-Est, et les revendications des minorités. Sans l’implication de la communauté internationale, pour garantir la souveraineté et la stabilité de la Syrie, la chute d’Al Assad n’aura été finalement qu’une étape éphémère dans le drame syrien.
El Moudjahid