Champ de mines

Prédire l’issue des négociations entre Washington et Téhéran sur le nucléaire, c’est faire preuve d’une perspicacité hors du commun. Entre les exigences américaines et la détermination des dirigeants iraniens, le fossé est béant, rendant les deux points de vue presque impossibles à concilier. Si tous les chemins mènent à Rome, nouveau terrain, depuis hier, des pourparlers du second round, après la capitale omanaise Mascate, les sentiers de la paix demeurent sinueux et semés d’embûches, à la grande satisfaction de Benjamin Netanyahu, qui n’attend que le feu vert de Donald Trump pour embraser plus largement la région du Moyen-Orient. Sans l’affirmer de manière tranchante, le fait nouveau de ces pourparlers et contrairement aux autres approches, c’est que pour cette fois-ci, il existe un point de départ clair l sur lequel les deux parties tablent pour avancer vers un accord final. Selon les déclarations de Steve Witkoff, l'envoyé américain au Moyen-Orient, l'enrichissement à 3,67 % pour l'Iran pourrait ficeler la conclusion d’un accord. Or, c'est exactement ce que prévoyait l'accord nucléaire de 2015, conclu avec l’administration d’Obama, rejeté unilatéralement en mai 2018 par Trump, lors de sa première investiture. Mais ce qui s’apparente à une base de travail «sérieuse» peut s’avérer être un terrain meuble qui pourrait engloutir tous les espoirs. Malgré ces premiers signaux encourageants, plusieurs prises de paroles semblent indiquer que les prochains rounds n’augurent rien de réjouissant. L’un des premiers revirements constaté, la volte-face du responsable des négociations du côté américain, sur ce que Washington veut obtenir. Après ses premiers propos sur le taux d’enrichissement de l’uranium, sa déclaration sur la plateforme X, selon laquelle «un accord avec l’Iran ne sera conclu que s’il s’agit d’un accord Trump. Cela signifie que l’Iran doit mettre fin à son programme d’enrichissement nucléaire et d’armement», a suscité des interrogations chez les analystes et a laissé place aux doutes et à un arrière-goût amer. D’autant que la réponse iranienne a été sans ambages : «La question de l’enrichissement de l’uranium n’était pas négociable et l’objectif immédiat des négociations est la levée des sanctions.» Dans ce champ de mines, l’amour de Donald Trump pour «The Art of the Deal» risque de se briser contre son imprévisibilité légendaire. Le faucon d’Israël aiguise déjà ses serres. À moins que…

El Moudjahid

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