
Subissant de plein fouet le «rideau de la mort», un nuage de particules fines suffoquant mêlé à une vague de chaleur sans précédent, l’Inde et le Pakistan pourraient très probablement revivre un nouveau coup de chaud dans les relations après l’incident survenu dans la vallée de Baisaran, dans la région de Pahalgam, dans le pittoresque territoire fédéral himalayen du Jammu-et-Cachemire. Des militants appartenant à un groupe peu connu, la «Résistance du Cachemire», ont revendiqué l'attaque contre ce que Delhi qualifie de «touristes» faisant plus de 26 morts. Sur les réseaux sociaux, le groupe justifie son acte par le fait que les autorités indiennes ont «procédé à l’installation de plus de 85 000 étrangers dans la région, provoquant un changement démographique (…) et que les individus ciblés, n'étaient pas des touristes ordinaires, mais plutôt liés et affiliés aux agences de sécurité indiennes». Cet incident vient ainsi briser un calme relatif qui a marqué cette région sensible depuis la fusillade de Mumbai en 2008. Il représente également, selon des analystes, un sérieux revers au Premier ministre, Narendra Modi, et son parti nationaliste hindou, Bharatiya Janata, qui ont présenté comme «une réussite majeure» l’action de révoquer, en 2019, le statut semi-autonome dont jouissait le Jammu-et-Cachemire «en apportant la paix et le développement» à cette région à majorité musulmane. Sans pour autant vouloir couper le cheveu en quatre, il est tout de même légitime de souligner que cette attaque intervient après les joutes verbales et les accusations échangées entre l’Inde et le Pakistan sur la situation des droits de l’homme dans cette région lors de la 58e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies tenue à Genève en février dernier. Les deux parties se sont écharpées en échangeant des propos virulents autour de la question du Cachemire qui demeure un point de discorde majeur. Si le cricket, sport roi dans ces deux pays, est, sportivement, un terrain brûlant, la question de la vallée du Cachemire a mobilisé maintes fois des troupes des deux côtés des frontières. Après plus de 75 ans de relations tumultueuses et d’affrontements sporadiques, ponctués de trêves et d’accalmie, il semble bien que les deux puissances nucléaires ne sont pas encore prêtes à raccorder la ligne en pointillés figurant sur la carte. Le monde est assez troublé pour connaître un autre front ou cette fois-ci le poids de l’histoire est très pesant.
El Moudjahid