
Au niveau de la Banque d’Algérie, l’euro s’échange contre 156.63 DA, à la vente, et 147.60, à l’achat. Un niveau jamais atteint depuis 2022. Cette dépréciation, explique Abderrahmane Hadef, économiste, «résulte d’une stratégie progressive d’ajustement du taux de change nominal, menée par la Banque d’Algérie dans un contexte de transition vers un régime de change plus flexible, en cohérence avec les recommandations du FMI».
L’objectif est «d’améliorer la compétitivité des exportations hors hydrocarbures, d’atténuer les distorsions économiques et de rapprocher, à moyen terme, les taux de change officiel et parallèle». Dans son analyse, l’économiste a indiqué que «l’ajustement du taux officiel est également influencé par le différentiel d’inflation entre l’Algérie et la zone euro». Une inflation «relativement plus élevée en Algérie entraîne une dépréciation du taux de change réel, que les autorités tentent de refléter dans le taux nominal». Par ailleurs, «les anticipations d’évolution des réserves de change, de la balance des paiements et des politiques économiques peuvent peser sur la valeur du dinar sur le marché interbancaire».
Au Square Port Saïd d’Alger, l’unité de la monnaie européenne est cédée, pour le même change respectif, à 250 et 248 dinars. Le taux parallèle, a souligné Hadef, «n’a pas significativement évolué, témoignant d’un équilibre entre l’offre et la demande sur ce marché informel. Ce dernier reste alimenté par la forte demande de devises pour des besoins non couverts par le système bancaire (voyages, importations informelles, épargne en devises, etc.), dans un contexte de contrôle strict des transferts officiels et d’accès limité aux devises via les circuits légaux». D’autre part, l’économiste a précisé que «l’écart de plus de 90 dinars entre les deux marchés continue de refléter une dichotomie entre l’économie formelle et informelle». Bien que le dinar soit en ajustement sur le marché officiel, a-t-il indiqué, «l’existence d’un marché parallèle structuré, opaque mais efficace limite la capacité du taux officiel à jouer pleinement son rôle de signal économique».
Une réduction durable de cet écart «passe par une réforme globale du marché des changes, une libéralisation progressive des transferts courants et, surtout, une amélioration de la confiance dans le dinar et dans les institutions financières nationales». Il convient de souligner que le dollar américain, quant à lui, vaut, au niveau de la banque d’Algérie, 137.46 DA, à la vente, et 129.55 DA, à l’achat. Au marché parallèle, le taux du billet vert s’établit à un taux de 240 dinars algériens, à l’achat, et de 242 dinars, à la vente. Quant à la livre sterling, elle s’échange respectivement contre 186.46 DA et 175.73 DA. Au marché parallèle, son unité affiche 295 et 292 dinars. En avril dernier, l’euro a franchi la barre des 150 DA, une première depuis juillet 2022. L’euro vient de franchir la barre des 150 dinars algériens sur le marché officiel. De son côté, Farouk Nemouchi, docteur d’État en sciences économiques, a indiqué que, pour mettre la politique de change au service de la croissance économique, «il convient d’agir en priorité sur la sphère de la production de biens et services». Rappelons qu’en septembre dernier, c’était au Square que la monnaie européenne a atteint des niveaux inédits. Pour d’autres experts, à l’image de Ziad M’hamed, enseignant-chercheur à Mascara, la gestion du dinar a donc sans doute été à la recherche permanente de la stabilisation de son taux de change effectif réel. Le contrôle d’une manière plus rigide de la norme de référence du dinar par rapport aux principales devises.
F. I.