
Lors de sa récente visite dans la wilaya de Laghouat, le ministre de l’Agriculture a beaucoup insisté sur la nécessité d’intensifier l’investissement en matière de collecte de lait, car elle est l’activité interface entre les éleveurs de lait cru et les transformateurs. En effet, la filière lait en Algérie a fait l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics, suite au constat relatif à l’insuffisance de la production locale en lait cru à satisfaire la demande nationale. Aussi, l’Etat encourage intensément l’élevage bovin, mais en octroyant des aides diverses aux acteurs de la filière. A ce titre, l’Etat a alloué des subventions financières visant l’amélioration de la production nationale et la réduction de la facture alimentaire, qui n’a cessé de progresser au fil des années. C’est ainsi que la production de lait cru est encouragée avec des primes accordées à l’ensemble des acteurs de la filière. Il s’agit, en effet, de la prime à la production laitière doublée, passant de 6 DA/L à 12 DA/L, la prime à la collecte 5 DA/L et la prime à la transformation a atteint 6 DA/L, pouvant même être 7,5 DA/L selon le volume, ainsi que la prime à l’insémination fécondante. qui a atteint 1.800 DA. Interrogé sur le sujet, Mohamed Hadj henni, conseiller en organisations systèmes, a indiqué que «le lait revêt un caractère hautement stratégique en Algérie. Il occupe une place principale dans la ration alimentaire des algériens, qui sont d’importants consommateurs de lait». Précisant également que «le lait et les produits laitiers occupent la deuxième place parmi les produits alimentaires importés en Algérie, représentant en moyenne 18,4% à 19% de la facture alimentaire totale pour un montant moyen de 900 millions de dollars par an».
A propos de la production laitière, l’expert et membre du GRFI Filaha Innov a souligné que la filière lait est un des secteurs «privilégiés dans le cadre du soutien à la croissance économique». «Elle a bénéficié largement des réformes et politiques publiques déployées par l’État, comme on peut le constater dans l’évolution remarquable dans la production de lait cru qui est passée d’un volume de 1,5 milliard de litres en 2009 à plus de 3,9 milliards de litres en 2019 /2022», a-t-il précisé. Suivant les orientations du Président de la République et les lignes directrices émises lors de la réunion du 22 mars 2023 par le conseiller aux affaires économiques sur la réorganisation des subventions de l’Etat, dont fait partie la production laitière, et dans le contexte de la dynamique de rattrapage progressif des produits subventionnés, «il est évident que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, que ce soit en matière d’élevage ou de fourrage et aliment de bétail», a-t-il soutenu. A cet égard, il est à rappeler que l'actuel ministre de l’Agriculture en connait suffisamment sur cette matière en tant qu’ancien responsable dans le secteur.
En effet, dit-il, «la première mesure d’identification numérique du cheptel et les mesures de stratification des terres agricoles l’ont suffisamment renseigné sur la précarité de la collecte de lait frais et les distorsions relevées dans son cheminement, exception faite, bien entendu, à l’autoconsommation au niveau des fermes». S'agissant des éleveurs, il relève qu'ils ne sont pas tous formés dans cette production, tant sur le plan matériel des installations modernes, voire même les techniques essentielles et sanitaires de développement de la filière dans son ensemble, surtout pendant la collecte, où il y a lieu de considérer trois périodes, à savoir une période de gestation du cheptel, d’allaitement et enfin d’analyse et de qualification du produit laitier. Cela indique bien entendu des «maladies bovines courantes ou virales que connaissent les cheptels, à savoir les diarrhées virales et encéphalopathie ou autres maladies infectieuses, c’est-à-dire un suivi vétérinaire périodique constant», a-t-il détaillé.
La plupart des fermes de petits élevages, qui sont les plus nombreux, ne connaissent pas l’entrepôt frigorifique ni les moyens d’analyse du produit après la traite, ni le suivi sanitaire préventif, ni le milieu ambiant pour assurer, soit au pâturage ou en astreinte des aliments conditionnés. Ceci dit, même si en période estivale ou de grande chaleur, la collecte du produit laitier frais est effectuée au moyen du transport frigorifique. Mieux encore, l’agréage estimé en entrepôt de collecte est ambivalent pour pouvoir estimer une qualité de lait uniforme.
Samia Boulahlib