Production de l’électricité à travers des centrales électronucléaires : Partenariat algéro-russe en vue

Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu, hier, Valerian Shuvaev, le nouvel ambassadeur de la Fédération de Russie en Algérie. Parmi les possibilités d’investissement évoquées, figure l’électronucléaire, comme le précise un communiqué du ministère.

Aujourd’hui, l’Algérie prépare un projet important, le premier du genre, pour la production de l’électricité à travers des centrales électronucléaires. Et ce partenariat qui s’annonce sera, si concrétisation il y a, d’une importance capitale. Pays pionnier dans le domaine de l'énergie nucléaire, la Russie produit 16 % de son électricité à partir de 31 réacteurs implantés sur dix sites et représentant une puissance installée de 23 GWe. Le pays affiche l'ambition d'être un acteur majeur du développement nucléaire civil dans le monde, selon une stratégie explicitée et coordonnée au niveau gouvernemental depuis le début des années 2000. L'objectif du Président Poutine est de produire à partir de l'énergie nucléaire 30 % de l'électricité du pays à l'horizon 2030. Cette augmentation de capacité du parc nucléaire résultera, outre de la construction des 26 nouvelles tranches, de la prolongation de la durée de vie des centrales existantes et de l'augmentation de leur capacité de production, par l'accroissement à la fois de leur puissance et de leur disponibilité. De son côté, l’Algérie compte s’inscrire résolument dans cette perspective de diversification de son mix énergétique. L’électronucléaire est une opportunité à saisir.

Vers un mix énergétique

Sur son site, le Commissariat à l’énergie atomique (COMENA) souligne que les actions de préparation et de mise en œuvre progressive de l’infrastructure nécessaire pour l’introduction de l’énergie nucléaire «sont en cours». Il s’agit de «la planification énergétique, la mise en place des infrastructures d’énergie nucléaire requise et la mise à niveau de la législation et de la réglementation». S’y ajoutent les «efforts visant l’intégration industrielle, le renforcement des capacités en matière de sûreté et de sécurité nucléaires, les garanties et la préparation aux situations d’urgence, le développement des activités liées au cycle du combustible et à la gestion des déchets nucléaires».
Aussi, le Comena annonce qu’en collaboration avec les partenaires concernés, il «contribue à la mise en œuvre des actions de préparation à l’électronucléaire».
Les domaines concernés touchent entre autres au «renforcement du dispositif législatif et réglementaire et ce, en référence aux engagements de l’Algérie en matière de sûreté, de sécurité et de garanties», à la «mise en place des infrastructures d’énergie nucléaire requises (centres de recherche nucléaire, instituts et centres de formation spécialisés, unité d’engineering)». Il est aussi question du «renforcement des capacités en matière de sûreté et de sécurité nucléaires, garanties et préparation aux situations d’urgence», ainsi que du «développement des activités liées au cycle du combustible et à la gestion des déchets nucléaires».
Par ailleurs, le COMENA indique que 448 réacteurs nucléaires sont opérationnels à travers le monde. Ils produisent ensemble 10,6% de l’électricité mondiale avec une capacité mondiale de production d’électricité nucléaire en progression depuis 4 ans qui a atteint un niveau record avec plus de 390.000 MW.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit environ 1100 milliards de dollars d’investissement dans l’énergie nucléaire d’ici 2040, ce qui entraînera une augmentation de la production d’énergie nucléaire d’environ 42 % (hypothèse haute des études de l’AIEA). Il y a lieu de noter que 57 centrales nucléaires sont en cours de construction dans 15 pays, 158 réacteurs nucléaires planifiés et 351 réacteurs proposés. La tendance future est en train de se dessiner avec l’intérêt affiché pour l’énergie nucléaire par une vingtaine de pays qui ne possèdent pas encore de centrales nucléaires.

Vaste éventail de partenariat

Lors de cette rencontre, qui s'est déroulée au siège du ministère, les deux parties ont également passé en revue les relations de coopération et de partenariat entre les deux pays dans le domaine de l’énergie et des mines, qualifiées «d’excellentes, ainsi que les opportunités d’affaires et les perspectives futures d’investissement en Algérie», a précisé la même source. Dans ce contexte, les deux parties ont relevé les opportunités et les possibilités d’investissement et de partenariat dans le domaine énergétique, notamment les hydrocarbures (l’amont et l’aval pétrolier et gazier), la maintenance et le transport de l’électricité, l’électronucléaire comme évoqué plus haut, la fabrication locale des pièces de rechange et la formation, a fait savoir le ministère. A cette occasion, M. Arkab a invité les entreprises russes à «continuer à investir davantage dans ces domaines et de créer des partenariats avec des entreprises algériennes mutuellement bénéfiques avec un transfert du savoir-faire, de la technologie et les échanges d’expériences», tout en présentant le nouveau cadre réglementaire régissant les activités hydrocarbures en Algérie. Les deux parties ont, également, discuté des opportunités de coopération et d’investissement dans le domaine minier en Algérie, notamment l’exploration et l’exploitation minière (l’or, les terres rares, les pierres précieuses et le marbre) et la cartographie géologique, ainsi que dans le domaine de la production des engrais et fertilisants et la transformation du phosphate, a ajouté le communiqué. Par ailleurs, le ministre de l'Energie et l’ambassadeur de Russie ont «salué le processus de dialogue ente pays OPEP et non-OPEP pour la stabilisation des marchés à moyen et long terme ainsi que les concertations permanentes entre les deux pays dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF)», a-t-on souligné de même source.

Fouad Irnatene et APS

Sur le même thème

Multimedia