Pêche et productions aquacoles : «Simplifier le parcours pour les investisseurs»

C’est dans la perspective d’insuffler une dynamique à un secteur en mal de reprise depuis plusieurs décennies, mais aux ressources inestimables, que les pouvoirs publiques multiplient les dispositions incitatives et mesures de facilitation au profit des professionnels.
 
Dernière en date, l’élaboration d’un projet de Décret exécutif relatif aux coopératives de la pêche et/ou de l’aquaculture qui a été présenté par le ministre du secteur en conseil du gouvernement. Un décret qui devrait permettre d'«inciter les professionnels du secteur de la Pêche à contribuer au développement local, participer aux efforts de développement économique et social des filières de la pêche et de l’aquaculture et promouvoir l'esprit coopératif parmi leurs sociétaires» a indiqué le communiqué sanctionnant la rencontre. 
Ce projet de texte, rappelle le document, «intervient en application des directives du président de la République, visant à s'affranchir des pratiques bureaucratiques qui limitent la relance économique du secteur et à la nécessité pour les pêcheurs de s'organiser en coopératives professionnelles». 
A cet effet, ce projet de décret exécutif vise, à travers ses dispositions, à «simplifier les procédures administratives de création des coopératives en remplaçant l’agrément par un acte notarié sur la base d’un procès-verbal de l’Assemblée générale constitutive», explique le document. 
Il tend aussi à «améliorer la qualité marchande des produits de la pêche et de l'aquaculture à destination des consommateurs, participer à l'accroissement de la production et de la productivité grâce à l'utilisation conjointe et rationnelle, notamment des ressources, équipements, matériaux et installations, contribuer à la promotion du potentiel de ressources humaines stimulant la création d'emplois et améliorer le niveau de formation et de savoir-faire de leurs sociétaires dans la gestion de leurs entreprises et de leurs métiers».
 
Établir un suivi régulier de cette activité
 
Pour Hocine Bellout, président du Syndicat national des marins-pêcheurs, toutes ces dispositions sont «effectivement très intéressantes, et peuvent simplifier le parcours de tout professionnel désirant investir dans le domaine». Néanmoins, selon lui, la situation sur le terrain est loin d’être simple, «pour asseoir une vraie politique aquacole, il faut établir un suivi régulier et continu de cette activité». 
Et ce n’est pas tout, puisque notre interlocuteur préconise également la nécessaire mise en place de moyens scientifiques et techniques conséquents.  
Il s’agit des laboratoires de biologie marine, des experts qui se déplacent sur le terrain, donc au niveau des barrages, des instituts de formation spécialisés… soit toute une chaîne logistique qui n’est pas encore tout à fait au point, d’après mon expérience dans ce domaine», a-t-il signalé, précisant que les nombreuses décisions de concession remises aux investisseurs afin d’obtenir des espaces pour implanter des projets ou développer cette activité, n’ont pas encore permis d’avoir les résultats escomptés. 
Bellout admettra cependant que pour cette fois, «la volonté politique est là, et les moyens de la mettre sur rails ont été déployés, mais reste le fait qu’il en faut plus pour venir à bout du dérèglement chronique dont souffre cette activité». Par ailleurs, le syndicaliste a estimé que les avantages fiscaux accordés à l’activité de pêche et d’aquaculture, notamment la réduction de 19 à 9% et la réduction des droits de douane de 30 à 5%, vont certainement permettre de booster le secteur et pourraient avoir un impact positif sur les prix. «Il est fort probable que ces dispositions vont motiver des porteurs de projets à se lancer dans cette activité et à les développer».
 
Le Syndicat des marins-pêcheurs, favorable à toutes les mesures qui assurent une réelle industrie halieutique
 
Pour lui, le fait que l’Etat ait pris la  décision d’accompagner les projets des gens de la mer, de leur faciliter l’obtention du foncier et des financements bancaires, «ne peut être qu’une démarche salutaire et avantageuse pour eux», notamment du fait que «toutes les banques leur sont désormais accessibles, alors qu’auparavant ces derniers n’avaient droit qu’à la Banque de l’agriculture et du développement rural».
Pour rappel, le secteur a connu d’importantes évolutions ces dernières années, permettant entre autres, la multiplication des ports de pêche et le développement de leur mode de gestion, l'amélioration des conditions socio-professionnelles des pêcheurs, ainsi que le développement d'une industrie locale des bateaux de pêche en haute mer.
Le nombre de pêcheurs est passé de 4.505 en 1962 à plus de 56.000 aujourd'hui, tandis que le nombre de navires de pêche est passé de 882 navires en 1962 à 6.000 navires de différentes tailles en 2022. Quant aux ports de pêche et plages d’échouage, leur nombre est passé de 18 ports en 1962 à 46 aujourd'hui, ce qui a permis de promouvoir et d’intensifier l'activité de la pêche au niveau de la bande côtière et de mieux encadrer ce métier.
Enfin, la production halieutique qui était estimée ces dernières années à environ 100.000 tonnes, devrait être relevée grâce à l’aquaculture, à quelque 166.000 tonnes d’ici 2024, ce qui permettrait de créer 30.000 emplois et d’améliorer la valorisation des produits de pêche destinés à la consommation locale.  
 
Amel Zemouri
  

 

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