
C’est demain que se tient la réunion ministérielle de l’OPEP+. S’il y a une certitude de ne pas voir l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés hors-Opep ouvrir généreusement leurs vannes, ce rendez-vous requiert une grande importance.
D’abord, il intervient à un moment où le baril, même s’il se maintient à des niveaux élevés, est passé sous la barre des 100 dollars. Aussi, le baril fait face aux sombres perspectives économiques en raison des hausses des taux des principales banques centrales et de la politique sanitaire très stricte en Chine. Toutefois, bien que le ralentissement économique et le risque de récession dans les grandes économies soient de plus en plus importants, les fondamentaux du marché pétrolier, commentent les analystes, restent en faveur de prix élevés de l’énergie. Tout d’abord, parce que le marché reste très tendu. Entre les sanctions des Occidentaux contre la Russie et les difficultés de l’OPEP+ à augmenter sa production, l’offre a du mal à répondre à la demande. Les mêmes analystes expliquent qu’un éventuel accord sur le nucléaire iranien entre Washington et Téhéran pourrait permettre de détendre le marché. Mais toute augmentation de production de l’Iran a de fortes chances d’être contrebalancée par un gel de production de l’OPEP+. Sur cette question, des sources ont indiqué à Reuters qu'une baisse de la production ne serait probablement pas décidée lors de la réunion de l'Opep+ demain, mais qu'elle pourrait être nécessaire si l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de l'Iran est relancé, avec à la clé une possible levée des sanctions américaines contre Téhéran. «L'Opep+ doit se préparer à ce que les livraisons de pétrole iranien reprennent après la levée des sanctions», a expliqué l'une des sources. Dans un tout récent rapport, l’Opep+ a souligné que le marché pétrolier enregistrera sans doute un excédent plus important qu’anticipé cette année, en raison de l’augmentation des prix de l’énergie et du durcissement des politiques monétaires, qui freinent la demande. Le document table sur une augmentation de la demande globale de 3,1 millions de barils par jour (b/j) cette année, mais souligne les incertitudes liées à l’inflation et au resserrement des politiques monétaires, deux facteurs qui rognent le pouvoir d’achat des consommateurs. Selon le rapport, le marché mondial serait en excédent de 900.000 b/j cette année, soit 100.000 b/j de plus que prévu. Et cet excédent devrait persister l’an prochain, selon le scénario central du comité. Rappelons que la semaine dernière, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz ben Salman, a indiqué que l’OPEP+ est prête à réduire la production dans un contexte de volatilité du marché à terme du pétrole, alimenté par une liquidité mince et une déconnexion avec les marchés physiques. Rappelons que l'Opep+ a décidé en juin d'augmenter la production mensuelle de 648.000 b/j en juillet et en août, ce qui n'avait pas empêché la flambée des prix de l'essence à la pompe en Occident, et a annoncé qu'elle relèverait ses objectifs de production de septembre de 100.000 b/j.
Fouad Irnatene