Diversification de l’économie : Les recommandations de la Banque mondiale

Dans une économie mondiale sous pression, la Banque mondiale, dans son nouveau rapport publié hier, estime que l’Algérie devra «accélérer l’effort de diversification de son économie et de réduction de la dépendance aux exportations d’hydrocarbures».

Cette diversification, notamment à travers l’augmentation de l’investissement privé, national et international, et les gains de productivité est «pressante». L’objectif, note la BM, consiste à «diversifier les recettes externes et fiscales, et engager l’économie algérienne sur une trajectoire de croissance résiliente, moins tributaire de la dépense publique». Compte tenu du poids du financement des déficits budgétaires dans l’épargne nationale, et les risques qu’ils font peser sur la stabilité monétaire, l’institution de Bretton Woods estime qu’«un rééquilibrage des finances publiques soutiendrait la croissance». Au vu du niveau élevé de dépenses dans une perspective internationale, ce rééquilibrage «serait notamment tributaire d’une amélioration de la qualité de la dépense, informée par des revues des dépenses et une priorisation accrue des investissements».
Dans cette perspective, l’accélération des investissements du secteur privé et des gains de productivité dans les secteurs hors-hydrocarbures «demeurent des priorités». Ces gains de productivité, explique la BM, «seraient particulièrement importants dans les secteurs manufacturiers et des services domestiques, qui ont enregistré des gains de productivité moindres que la moyenne internationale». Selon le rapport, «des réformes-clés, telles que celles des entreprises publiques - moins productives que le secteur privé - l’amélioration de l’environnement des affaires, ou encore l’ouverture à l’investissement international pour bénéficier de «l’infusion» productive des entreprises étrangères, contribueraient à ces objectifs». La poursuite et l’approfondissement des efforts de réforme en cours «devra soutenir la transition économique». Aussi, le document de la BM souligne que les réformes législatives récentes, l’adhésion formelle à la Zlecaf, ou encore les mesures de facilitation de l’investissement de l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI) comme la mise en place d’un guichet unique pour les investisseurs et la recherche en du foncier économique «s’inscrivent dans cette dynamique de transformation». Dans ses recommandations, la BM estime que l’amélioration de la qualité des données économiques «sera également un levier important pour appuyer les réformes, tout en réduisant l’incertitude». S’y ajoute «la réallocation de l’emploi vers les secteurs à haute valeur-ajoutée qui permettrait des gains de productivité et une trajectoire de croissance plus soutenable». Dans cette même optique, le rapport indique que la productivité des entreprises publiques et privées, les politiques commerciales, le climat des affaires et le taux de change «influencent les performances à l’export». L’accès aux marchés internationaux, lui, «est également lié à l’évolution des standards environnementaux, notamment le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) mis en place par l’Union européenne. Ces facteurs permettent d’identifier les marges d’action pour accompagner la progression des exportations hors-hydrocarbures». Par ailleurs, au chapitre du secteur agricole, la BM indique que «l’élargissement de la production permettrait de tirer profit d’une productivité comparativement élevée, tout en renforçant la sécurité alimentaire». Dans le secteur manufacturier, «une augmentation de la production devrait aller de pair avec une accélération marquée de la productivité, notamment dans les entreprises publiques». Le secteur de la construction et celui des services non-commerciaux, «peu productifs, sont appelés à représenter une part moins importante de l’emploi, en cohérence avec les efforts de consolidation budgétaire».

F. I.

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