
Une première depuis juillet 2022. L’euro vient de franchir la barre des 150 dinars algériens sur le marché officiel. Joint par nos soins, Sofiane Mazari, analyste financier et directeur de la finance islamique du CPA, affirme que, sur le plan international, «l’euro s’est renforcé face au dollar au cours des dernières semaines, soutenu par des perspectives économiques plus favorables dans la zone euro et une politique monétaire de la Banque centrale européenne qui reste prudente, mais ferme». Ce raffermissement «se répercute logiquement sur sa parité face aux autres monnaies, dont le dinar algérien». Cette évolution s’inscrit également dans le cadre d’une «politique de change plus flexible adoptée progressivement par les autorités monétaires nationales». La Banque d’Algérie, argumente M. Mazari, «semble désormais opter pour un taux de change qui reflète davantage les équilibres du marché, tout en poursuivant l’assainissement du circuit officiel de la devise». Par ailleurs, les tensions commerciales ravivées par les récentes déclarations de Donald Trump sur la réintroduction de tarifs douaniers ciblés, notamment à l’encontre de produits européens et asiatiques, «ont contribué à alimenter la volatilité sur les marchés des changes». Ces annonces, souligne M. Mazari, «ont provoqué une certaine nervosité du côté du dollar, poussant les investisseurs vers des devises alternatives, comme l’euro, perçu comme un refuge temporaire. Ce contexte mondial vient ainsi amplifier l’impact local de la hausse de l’euro face au dinar». Sur le plan national, fait savoir l’expert, «même si la balance commerciale de l’Algérie est excédentaire, la demande en devises reste soutenue, notamment pour les importations de biens, les déplacements à l’étranger et les projets d’investissement». Cette «pression constante», commente M. Mazari, «contribue à affaiblir la valeur du dinar, surtout dans un contexte où la masse monétaire locale est en expansion». Et explique que la question qui se pose désormais est de «savoir si cette tendance s’inscrira dans la durée ou ne sera qu’un épisode passager». De son côté, Farouk Nemouchi, docteur d’État en sciences économiques, indique que pour mettre la politique de change au service de la croissance économique, «il convient d’agir en priorité sur la sphère de la production de biens et services». Rappelons qu’en septembre dernier, c’était au Square que la monnaie européenne a atteint des niveaux inédits. Pour d’autres experts, à l’image de Ziad M’hamed, enseignant- chercheur à Mascara, la gestion du dinar a donc sans doute été la recherche permanente de la stabilisation de son taux de change effectif réel. Le contrôle d’une manière plus rigide de la norme de référence du dinar par rapport aux principales devises, souligne-t-il.
F. I.