Banques : Des crédits à ceux qui les méritent

Le ministre des Finances est catégorique : la réforme bancaire doit rimer avec succès et compétitivité, avec, à la clé, l’orientation des crédits vers les entreprises performantes, créatrices d’emploi et porteuses de plus-value.

Des mesures sont prises, d’autres le seront prochainement. C’est une sorte de plan Marshall dont a besoin le secteur bancaire pour se mettre au diapason des évolutions mondiales et risques imprévus, comme c’est le cas avec la Covid-19. En fait, le passage d’une économie d’endettement, une économie où les entreprises sont financées essentiellement par le crédit, à une économie de marché où le marché des capitaux joue un rôle principal dans la croissance, implique une réforme globale du schéma de financement de l’économie nationale. «En l’absence d’un véritable plan de réforme d’ensemble coordonné, la restructuration du système bancaire risque d’être illusoire. De même, la lente évolution de la sphère réelle et l’insuffisance de l’offre bancaire ont fragilisé les relations banque-entreprise et n’ont pas favorisé leur synergie indispensable à la croissance économique en Algérie», souligne Lazreg Mohamed, universitaire. L'économie de marché, explique-t-il, ce n'est pas seulement une organisation socio-économique, c'est aussi un état d'esprit et une culture. L'enjeu est de taille, car l'activité bancaire revêt une «dimension stratégique». Rappelant que l’Algérie a pris un «retard considérable» dans la création et l’organisation d’un tel marché financier, l’universitaire précise que ce handicap «risque de peser lourdement sur la progression du processus de réforme et la relance de la croissance sur des bases saines et durables».
De leur côté, Lila Aït Chikh et Billel Benilles, universitaires, ont relevé une relation «négative et significative entre le taux de distribution de dividendes et le taux de provisionnement. Cela signifie que la banque peut éventuellement décider de diminuer les provisions afin d’augmenter le niveau de son résultat et de pouvoir, par conséquent, distribuer des dividendes». Même constat pour la relation entre la charge fiscale et le taux de provisionnement. «Pour diminuer sa charge fiscale, la banque peut procéder à une augmentation des provisions afin de diminuer l’assiette imposable. Or, cela va également se répercuter négativement sur la distribution de dividendes, c’est-à-dire que la banque ne va pas pouvoir distribuer des montants importants de dividendes suite à la gestion des résultats à la baisse», expliquent les universitaires. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les différentes mesures prises en matière de réglementation bancaire renseignent sur la volonté des autorités monétaires et financières de dynamiser le secteur bancaire pour inciter les banques à jouer pleinement leur rôle dans le financement de l’économie. Rappelons que parmi les axes de la réforme financière, dont l'accélération devrait faire économiser au pays 20 milliards de dollars en 2020, le président Tebboune a insisté sur la réforme bancaire, fiscale et douanière, la maîtrise des importations et la récupération de l'argent de l'informel. Il avait ainsi donné des instructions à l'effet d’accélérer la réforme du système bancaire qui devient, selon lui, «plus urgente que jamais».
Fouad Irnatene

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