La diversification des ressources financières nécessitera un arsenal de mesures. Le ministre des Finances évoque à l’APN, lors des débats sur le PLF-2021, la promotion des rôles des banques dans l’accompagnement de l’investissement, ainsi que l’ouverture du capital des banques publiques. Joint hier par nos soins, Omar Berkouk, expert financier, précise, tout de go, que cette ouverture «devra se faire par augmentation de capital à la Bourse d’Alger. La difficulté sera la détermination de la valeur de ces banques, c’est à dire la qualité de leurs bilans».
Compte tenu de l’importance de leurs mauvaises créances et de leur faible rentabilité, «cette augmentation de capital sera très dilutive pour l’Etat qui ne devra pas la suivre». Selon lui, cette démarche d’ouverture est un très bon «argument» de dynamisation de la Bourse d’Alger.
Elle pourrait, explique-t-il, «lui fournir les volumes de transactions et le surcroit de capitalisation qui la rendrait attractive pour les épargnants». Se donner comme objectif louable la diversification des ressources financières, passera, d’après
M. Berkouk, outre cette privatisation partielle, redonnant vie à la Bourse d’Alger et développer la finance islamique (financement, épargne et assurance). Pour ce dernier point, il nécessite le «know how» au niveau des établissements bancaires et d’assurances. Il est technique et culturel». Enchaînant, l’expert affirme que le challenge de diversification des ressources financières demeure difficile «en raison de l’état dans lequel se trouve ce secteur clé de l’économie nationale.
Il a été laissé en jachère durant toutes les périodes ou les hydrocarbures constituaient des ressources suffisantes pour couvrir les besoins du pays». En dépit des difficultés et obstacles à surmonter, «il faudra engager rapidement ces reformes vitales pour l’économie nationale», poursuit M. Berkouk. En effet, cette ouverture du capital des banques publiques s’avère impérative.
Les établissements concernés ont été marqués par la non performance, ainsi qu’une série d’anomalies dominantes, dont l’écart des taux d’intérêt et de marges appliquées par rapport aux conditions de marché, un fort financement du cycle d’exploitation des entreprises publiques non fondé sur l’état de santé financière de ces entreprises, l’absence de la logique de performance et de la rentabilité et un manque de procédures opérationnelles. A ce sujet, Rachid Sekak, ancien directeur de la dette extérieure à la Banque d’Algérie, s’était dit favorable à une ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) et de la Banque de développement local (BDL). «Ces deux banques sont déjà les plus exposées à la concurrence du secteur privé. Et, une telle privatisation permettra d’alimenter la Bourse, dont la profondeur est actuellement ridiculement faible», a-t-il argumenté. Aujourd’hui, le système financier et bancaire algérien reste dominé par 6 grandes banques publiques dont une caisse d’épargne : BNA, BEA, BADR, BDL, CPA et CNEP. Les banques publiques jouent un rôle-clé en contrôlant une part importante du marché.
D’autres experts, à l’image de M. Abbas Amar, favorable à une réforme desdites banques, précise que leur rôle est ambigu. «Elles sont supposées être des sociétés commerciales dont l’objectif est la performance financière mais elles sont impliquées dans l’exécution de nombreux programmes gouvernementaux dont les coûts sont extraordinaires. Une clarification des rôles et des missions de ces banques est primordiale, un meilleur pilotage de leurs activités l’est également», explique l’expert financier. Rappelons qu’en 2005, le FMI, outre la privatisation des banques publiques, évoquait la nécessité d’améliorer l’environnement des opérations bancaires pour réduire des coûts d’intermédiation.
Aujourd’hui, la situation marquée notamment par la baisse des réserves de change et d’importants déficits, comme le souligne le PLF-2021, nécessite une meilleure efficacité.
Fouad Irnatene
