
Les prix du baril ont atteint des niveaux très élevés. Une situation qui nous conduit à s’interroger sur l’impact de cette hausse sur l’économie nationale. Joint par nos soins, Souhil Meddah, expert financier, explique que sur le plan intérieur, la reprise de l’activité économique par la demande «peut de façon graduelle reprendre, tout en gardant un esprit de prudence éminemment important face aux anticipations de court ou de moyen terme par rapport à la nature de la hausse et de son endurance». A ce titre, la politique monétaire «doit saisir cette belle occasion afin de maximiser les ressources internes (sur les contreparties en dinar pour les valeurs encaissées en dollar) qui permettent de produire une fiscalité pétrolière importante». Dans ce cas, «le dinar peut également afficher une stabilité structurelle sur son marché spot et de bénéficier de quelques marges de manœuvre sur son marché à terme». Aux yeux de l’expert, «il est important de décortiquer la nature de cette hausse à deux phases». La première, commente-t-il, étant «une phase structurelle ou post-Covid qui s’est progressivement annoncée sur des niveaux d’augmentation en relative adéquation avec les limites mondiales de contrebalancement entre coûts et opportunités de croissance». Aussi, l’expert rappelle que «la reprise graduelle constatée s’est à la fois couplée avec une situation de la hausse de quelques agrégats commerciaux, notamment sur le shipping qui n’arrive plus à honorer toutes les demandes en même temps». Cette situation, croisée entre hausse structurelle du prix du pétrole avant la guerre en Ukraine et la hausse des autres prix pour les différents centres de coûts, «va impacter négativement les structures d’importation et, par voie de conséquence, une partie de notre balance commerciale». Cette configuration «devait donc se redresser dans le temps afin de revenir sur des tendances en corrélations homogènes». La deuxième phase de l’augmentation, enchaîne M. Meddah, est de «nature conjoncturelle, qui, sur le très court terme, est en train d’impacter presque tous les marchés mondiaux des matières premières et pas uniquement sur le pétrole et le gaz». Cette tendance conjoncturelle «devrait nous donner une opportunité de ressources plus importantes». Toutefois, «nous sommes en période de sortie d’hiver et sur ce plan, notre visibilité sur la relation du marché énergétique pétrolier ne répondra pas aux mêmes critères des autres marchés de matières premières, notamment pour le blé, où la réaction sera moins rapide ou, du moins, ne possédant pas d’autres outils de régulation, du fait que le niveau de leur consommation dans l’année ne change pas». Par ailleurs, l’expert relève l’idée de «revenir très rapidement sur des niveaux de fluctuation des prix avec une nature structurelle, c’est-à-dire avec un prix du pétrole attaché à la demande sur la reprise». Et, d’autre part, que «les sources qui proviennent des zones de conflits ne se raréfient pas, afin de ne pas tomber dans un autre choc sur les prix des matières premières agricoles, qui provoquent des surcouts importants sur les équilibres des agrégats économiques». Dans le même registre, M. Meddah note qu’ «il est important de comprendre que l’impact sur le coût de la reprise n’est pas aussi fatal que l’impact sur le coût du pouvoir d’achat des pays vulnérables à la volatilité des marchés des matières premières alimentaires». Dans le même compartiment des relations mondiales, l’expert évoque un autre impact qui sera relativement favorable à «la parité du dinar par rapport au dollar dans un environnement structurel, affichant une hausse du prix du baril, combinée naturellement à une baisse de la valeur du dollar, mais surtout de l’effet exceptionnel sur la parité dinar-euro qui affiche la même tendance». Cette parité conjoncturelle «entraîne avec elle une réduction des taux d’intérêt et de refinancement sur les marchés financiers au sein de l’Occident».
Fouad Irnatene