
L'économiste Ahmed Hidouci affirme que l'Algérie œuvre, dans le cadre de sa stratégie intérimaire, à combler le vide qu'elle a laissé en Afrique, suite à son absence pendant plusieurs années de la scène économique, et estime que le continent africain figure parmi ses défis «les plus importants, d'autant plus qu’elle ne veut pas répéter l'expérience des accords de partenariat avec l'Union européenne et la Zone arabe de libre-échange, compte tenu de leurs limites à répondre à ses intérêts économiques. Bénéficier des programmes de financement des banques et institutions financières africaines est en effet l'un des aspects de la stratégie globale pour la mise en œuvre de la nouvelle approche, comme soulignée, d'ailleurs, par les responsables des banques africaines qui ont exprimé leur disponibilité à financer des projets algériens dans le continent», affirme-t-il, précisant que la stratégie de notre pays pour le retour en Afrique repose sur le développement économique. «Un principe que l'Algérie considère comme la clé du règlement des crises et conflits politiques et sécuritaires dont souffrent les pays du continent», ajoute-t-il.
Le spécialiste relève que cette approche s'inscrit dans le programme du gouvernement pour l'intégration dans l'économie mondiale et régionale, en particulier dans les pays voisins, qui constituent, selon lui, «la profondeur naturelle de l’Algérie», avant de souligner les efforts de l’Algérie en vue de se positionner sur le continent africain, en particulier dans les pays à dimension stratégique, comme ceux du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest. Et d’enchaîner : «Le plan du gouvernement pour la présence économique sur le continent se décline en deux phases. La première est la préparation du terrain en ouvrant des voies vers l’Afrique profonde à travers des lignes aériennes, maritimes et terrestres, à l’instar de la ligne maritime directe de transport de marchandises vers la Mauritanie et le Sénégal, et prochainement vers la Côte d'Ivoire. Ceci en plus des liaisons aériennes vers plusieurs capitales africaines, outre les efforts déployés pour construire des routes vers les pays voisins, notamment la route reliant Tindouf à la ville mauritaniennes de Zouerate, ainsi que la Route de l'Unité africaine.» Hidouci rappelle également les directives des pouvoirs publics d'ouvrir des agences bancaires en Afrique, en commençant par la capitale sénégalaise, Dakar, dans une première expérience du genre, avec un capital de 100 millions de dollars alloué à la banque.
«La deuxième phase d'entrée sur le marché africain, poursuit-il, nécessite la mise en place des projets d'investissement tant par les secteurs public que privé, que ce soit à travers des investissements directs, ou par l'établissement de partenariats avec des investisseurs locaux, ce qui exige la mise en place de nouvelles formules financières.» Il met en avant, à cet effet, l'importance de recourir aux financements algériens et africains, et soutient que l'ouverture d'une banque algérienne dotée de capitaux considérables lui permettrait de pénétrer «avec force» le marché africain, tout en profitant des «opportunités de financement» offertes par les institutions financières africaines, dont l'Algérie est actionnaire, mais restée, toutefois, absente pendant plusieurs années de leurs programmes mis en œuvre dans différents pays du continent.
L’économiste juge à la fin que l'adoption par l'Algérie de cette logique lui permettra ainsi qu’aux entreprises algériennes d'établir des projets et de créer un dynamisme économique, en s'appuyant sur les facilités disponibles, grâce à la ZLECAf, la Zone de libre-échange africaine, tout en se disant convaincu du potentiel du produit algérien pour être «compétitif» sur le marché africain.
Salima Ettouahria