Agriculture saharienne : Un axe d'une croissance durable

L’agriculture saharienne et la pomme de terre, pour l’aspect lié aux semences, ont été les deux thématiques principales débattues, hier, au second jour du Salon Sipsa-Filaha qui se tient à la Safex. Sollicité par nos soins, Omar Bessaoud, professeur d'économie agricole à l'Institut agronomique méditerranéen de Montpellier en France, affirme que «l'agriculture saharienne est en pleine expansion», et représente «près du tiers de la production nationale de fruits et légumes, la moitié des surfaces en plasticulture et le tiers des surfaces irriguées». Cette agriculture, argumente l’universitaire, «s'est développée à la faveur de l'exploitation de deux grandes nappes d'eau, qui permet d’avoir une agriculture irriguée sur d'immenses superficies de 10 000 à 50 000 ha». Les progrès réalisés jusque-là trouvent leur explication, selon Pr. Bessaoud, à «l’investissement massif et décisif des ressources budgétaires et financières de l'État» et «la mobilisation de l'eau pour développer les cultures irriguées avec un passage de 350 000 à 400 000 ha à aujourd'hui près de 1 400 000 ha». Toutefois, l’universitaire une grande vigilance «sur le contrôle et la régulation de ces ressources souterraines qui ne sont pas renouvelables». Et recommande de «développer un modèle d'agriculture plus durable, avec moins d'intrants chimiques et des techniques qui préservent la qualité des sols». Enchaînant, le Pr Bessaoud relève qu’un problème se pose pour les régions du Sud : le développement de la salinité. «Les sols deviennent de plus en plus salés. Les ressources en eau qui sont mobilisées contiennent du sel avec 4 à5 grammes de sel par litre d'eau. Il faut penser à l'avenir», prévient notre vis-à-vis. S’y ajoute une «utilisation excessive, sinon gaspilleuse de l'eau qui n'est pas renouvelable». Partant de ce constat, l’université recommande de «développer un modèle qui préserve la qualité des sols. C'est absolument primordial pour l'avenir». D’autre part, le Pr Bessaoud indique que «l'agriculture céréalière est une agriculture difficile dans le sud, elle est coûteuse et elle n'est pas très rentable avec 50 quintaux à l'hectare en moyenne». Une situation qui impose «maîtrise des coûts et des techniques qui permettraient peut-être d'améliorer les performances de la filière céréalière dans les régions sud». Pour l’universitaire, «il faut repenser la carte du tissu agro-industriel dans les régions Sud». S’agissant de la pomme de terre qualifiée de culture emblématique, les différents intervenants à un panel qui lui a été consacrée, ont mis l’accent sur la problématique des semences que l’Algérie importe à de grandes quantités et à un prix élevé. Un appel est lancé pour asseoir une filière «certifiée, performante, résiliente». A ces contraintes s’ajoute, selon les intervenants, l’épineuse question de l’eau et la consommation en pomme de terre avec une moyenne annuelle de 85 kilos par habitant, un chiffre appelé à prendre l’ascenseur. Une consommation qui nécessitera de renforcer la production nationale.

F. I.

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