Rencontre avec le service de la «sécurité alimentaire» : Une nouvelle mission pour la gendarmerie

Ph.:A-Asselah
Ph.:A-Asselah

Une gendarmerie de «sécurité alimentaire» a été créée auprès du commandement de la Gendarmerie nationale (CGN). Sa mission est capitale. Les enquêteurs de ce service spécialisé traquent tout ce qui touche à la sécurité alimentaire. Ils sont présents sur le terrain, dans les champs agricoles, dans le cyberespace. Ils surveillent les chaînes de production, les prix, la qualité. C’est un combat titanesque mené en permanence, en raison de l’impact sur la sécurité publique, chose qui peut être exploitée par d’autres parties hostiles à l’Algérie, pour attenter à la stabilité du pays, affirme le chef de service de sécurité alimentaire au CGN, le lieutenant-colonel Mohamed Doufala.

Pour la première fois, El Moudjahid pénètre ce service. Une visite exclusive nous a menés au cœur de cette structure spécialisée qui accomplit une mission de défense nationale, à la hauteur du niveau de la menace qui pèse sur la sécurité et la stabilité du pays, l’économie et la santé nationales. Nous avons rencontré de jeunes officiers spécialisés qui opèrent dans l'ombre. Notre reportage, une plongée fascinante dans leurs missions, leurs enquêtes et leur combat quotidien pour protéger le consommateur algérien. Ce service a été créé sur décret présidentiel. La sécurité alimentaire est un enjeu stratégique pour le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Une nouvelle structure pour la Gendarmerie nationale, mais la mission n’est pas nouvelle, elle a été en première ligne dans la lutte contre la spéculation durant la crise sanitaire de la Covid-19. «Nous étions mobilisée et engagée durant cette conjoncture exceptionnelle pour assurer la disponibilité des produits alimentaires», assure le chef de service, le colonel Mohamed Doufala. Ce service relève du Service central opérationnel de la lutte contre le crime organisé. Il est composé de plusieurs bureaux dont le bureau de la Coordination et de la coopération, à savoir la coopération des efforts avec les différents ministères dont le Commerce, l’Agriculture, l’Intérieur, la Santé ainsi que la coordination opérationnelle avec les différents services de sécurité, Police et Douanes. La mission consiste en l’échange des informations et renseignements. Le chef du bureau, le commandant Farid Grandi a mis en avant la collaboration étroite avec les associations de protection des consommateurs ainsi que la société civile. «Nous participons aux actions de sensibilisation au profit des commerçants en collaboration avec le ministère du Commerce, fait-il savoir. Le bureau des enquêtes et investigations est bien le cœur battant de ce service avec son rôle étant essentiel pour enquêter sur les infractions et les crimes. «Ce bureau est chargé de la collecte des renseignements concernant les infractions et les crimes attentant à la sécurité alimentaire en général notamment les quantités à savoir la spéculation, les pratiques commerciales frauduleuses et revenus criminels», détaille le chef de bureau le commandant Amar Gasmi. Il a relevé «le caractère social par excellence de l’Etat algérien. «Nous accompagnons en tant qu’institution militaire, les efforts de l’Etat en la matière surtout que les produits de large consommation sont subventionnés», insistera-t-il. Désormais, les enquêtes ne se limitent pas aux infractions et crimes liées aux atteintes à la sécurité alimentaire mais s’étendent à l’enrichissement illicite. Le commandant Gasmi a souligné en ce sens, le recours à «l’enquête financière parallèle» dans le cadre de la loi relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Aussi, une approche a été adoptée basée sur l’anticipation et la prévention à travers le développement de l’analyse criminelle. «Un outil performant élaboré par des cadres de la GN pour l’appui aux enquêteurs», assure l’officier. Il a expliqué, que des noyaux de ce département sont répartis au niveau des services de recherches et des Groupements territoriaux de la GN à travers l’ensemble du territoire national. Un autre bureau, celui de l’Appui technique aux investigations qui assure «l’accompagnement des enquêteurs avec analyse trimestrielle et état de situation avec des recommandations», explique le commandant Samir Sidennas. Le service est également composé du «bureau de l’alerte et de la veille» qui constitue une source de renseignement en coordination avec les brigades territoriales de la GN. Son chef, le commandant Sid Ahmed Bouchareb nous a expliqué, qu’il veille à l’analyse des données liées au domaine de la sécurité alimentaire. «On veille au niveau de ce bureau au suivi et contrôle des prix appliqués sur les produits alimentaires au niveau des marchés nationaux et internationaux, collecte, exploitation et des informations liées à l’importation et l’exportation avec aussi la collecte des renseignements sur les pratiques illégales qui menacent de créer une pénurie ou rupture et perturbation des marchés», a-t-il détaillé. Le chef de service, le colonel Mohamed Doufala interviendra pour expliquer, que «les enquêteurs font le suivi des prix, de la chaîne de production des usines de lait et de l’huile, notamment en cas de panne, rupture, recul ou baisse de production afin leur permettra d’alerter les autorités», précisera-t-il. L’officier supérieur a insisté sur «le suivi des unités de production agroalimentaire, voire la production journalière afin d’assurer la disponibilité des produits agricoles». S’agissant du personnel. Il s’agit d’un réseau d’experts structuré. Des gendarmes spécialisés dans le suivi des produits alimentaires et agricoles. Nous avons rencontré des jeunes gendarmes «Monsieur pommes de terre», «Monsieur Lait», spécialisés dans le suivi de chaque filière. Le service est féminisé. Le commandant Loubna Boukraâ est la cheffe de la section de lutte contre les pratiques frauduleuses. Elle jouit d’une grande expérience en matière d’investigations au sein de la Police judiciaire. Si les Groupements de gardes-frontières (GGF) sont engagés pour la protection de nos frontières terrestres, les gendarmes de la sécurité alimentaire sont déterminés eux aussi pour protéger le pain des Algériens. Ils sont eux aussi sur le terrain à travers le contrôle des champs agricoles, notamment de pommes de terre afin de parer à tout plan de spéculation illégale ou détournement de produits alimentaires notamment le blé dur. Pour cela, ils assurent également «la veille cybernétique en sécurité alimentaire» afin de détecter des incidents et des indicateurs affectant la chaîne alimentaire. «Cela nous permet d'anticiper et de prévenir les perturbations ou rupture qui pourraient compromettre la sécurité des alimentaire », a assuré le colonel Doufala. La coordination est de mise notamment avec les GGF. «L’action porte sur la lutte contre la contrebande des produits subventionnés exportés illégalement », a précisé l’officier supérieur. Cette action s’est soldée par le démantèlement de réseaux criminels de contrebande. «Les contrebandiers agissent dans des réseaux structurés d’où l’importance de l’approche criminelle». Le service veille également à la qualité du produit alimentaire par la sécurisation de la chaîne alimentaire. En ce sens, son chef a relevé l’intérêt accordé à la santé animale «en raison de son impact sur la santé humaine et les activités agricoles en cas d’éventuelle épidémie ou maladie».

«On veille, dans ce bureau, au suivi et au contrôle des prix appliqués sur les produits alimentaires au niveau des marchés nationaux et internationaux, avec, aussi, la collecte de renseignements sur les pratiques illégales.»

S’agissant du personnel. Il s’agit d’un réseau d’experts structuré. Des gendarmes spécialisés dans le suivi des produits alimentaires et agricoles. Nous avons rencontré des jeunes gendarmes «Monsieur Pommes de terre», «Monsieur Lait», spécialisés dans le suivi de chaque filière.

N. B.

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