De notre correspondant : Abdelkader Benmechta
Les effets liés aux dépenses de l’Aïd-El-Fitr commencent à peine à disparaître, que déjà l’Aïd-El-Adha se rapproche à grands pas. Et qui dit Aïd-El-Adha, pense forcément à l’achat du mouton.
En effet, depuis près d’une semaine, les chefs de familles manifestent une attention particulière pour le rituel de Sidna Ibrahim, même si les avis restent partagés entre ceux qui souhaitent le maintien de cette tradition et ceux qui émettent des réserves, estimant que ce sacrifice ne s’inscrit pas dans le registre des opérations à maintenir en urgence, car les circonstances de la cherté de la vie s’imposent. Toutefois, en cette période exceptionnelle, les éleveurs, les maquignons et les intermédiaires sont entrés en scène et s’imposent dans toutes les transactions.
Certains pères pensent à s’abstenir d’acheter le mouton, du fait qu’ils n’ont pas les moyens financiers et ne vont, donc, pas répondre aux exigences de leurs enfants et accéder à leur vœu. L’année dernière, à pareille époque, la création des points de vente des moutons dans presque toutes les communes dominait et une animation particulière était recensée au niveau des marchés à bestiaux. Néanmoins, si les aptitudes liées à la prudence ont incité les autorités locales à opter pour les mesures adéquates, en interdisant la création sauvage de points de vente et en tenant fermés les marchés à bestiaux, les opérations d’achat se déroulent dans les étables, les écuries et les enclos qui abritent les moutons des éleveurs.
Ainsi, les maquignons mettent à profit cette aubaine pour placer la barre haut et imposer les prix des moutons destinés au sacrifice cette année, ce qui constitue un véritable paradoxe.
En dépit de l’abondance de la nourriture et des pâturages couverts d’herbe en cette période mi-printemps mi-estivale, les prix demeurent inaccessibles.
«Tant qu’il y a des pâturages, on débourse moins, on n’est pas contraints de vendre toutes nos bêtes ; du coup la demande dépassera l’offre, chose qui fera grimper les prix», a révélé un maquignon de la région de Mascara. Certes, les dernières précipitations ont fait flamber les prix du mouton de l’Aïd et le sacrifice semble être hors de portée du simple salarié pour cette année.
«Il va falloir attendre la veille de l’Aïd, pour en acheter», a déclaré un père de famille. Un agneau d’une quinzaine de kilos, qui coutait l’année dernière 30.000 DA, a été vendu à 50.000 DA. Pour le mouton, les prix sont intouchables. Ils varient entre 60.000 et 80.000 DA.
Cette hausse est justifié, d’une part, par la cherté des aliments pour bétails pour les éleveurs qui engraissent leurs ovins destinés à la vente, et, d’autre part, aux spéculateurs qui, comme à l’accoutumée, profitent de cette occasion pour s’enrichir. «Il y a quelques semaines, j’ai acheté une dizaine de petits agneaux à raison de 10.000 DA chacun, je les ai engraissés durant trois mois dans un garage. Ce matin, je suis parvenu à vendre trois agneaux à plus de 50.000 DA la tête à un autre revendeur qui sans doute les vendra plus de 55.000 DA», nous a déclaré Missoum, un retraité de son état. Pour le pauvre citoyen, il reste à espérer une possible accalmie la veille de l’Aïd, mais cela relève des tempéraments des maquignons et autres spéculateurs.
A. B.