
De notre correspondant : Si Merabet Noureddine
À l’approche de l’Aïd-El-Adha, de nombreux acteurs du marché à bestiaux de Tiaret pratiquent déjà la spéculation sans vergogne. Un casse-tête pour de nombreux ménages. Dans une wilaya qui dispose d’un cheptel ovin de 2,5 millions de têtes, d’après la dernière opération de recensement électronique effectuée en fin de l’année 2022. Ainsi, le prix de l’ongulé tant désiré s’est envolé dans de nombreuse régions du Sersou et du sud de la wilaya de Tiaret, notamment Sougueur, Chehaima, Naima… où les prix varient entre 50.000 DA et 150.000 DA.
Pour le secrétaire du bureau de wilaya de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), cette flambée, bien qu’elle soit regrettable, n’est pas surprenante. «Malheureusement, accomplir ce rite est devenu un luxe, exclusif à certaines catégories de classes de la société», déplore M. Bouteldja, qui précise que bien avant Ramadhan, les prix des viandes ovines et bovines ont augmenté.
«Pendant le mois béni, poursuit-il, nous avions déjà relevé une importante hausse des prix de la viande rouge. Nous sommes dans la continuité de cette hausse. Les prix des bêtes se situent au-dessus des niveaux de la campagne précédente à la même période, avec de grandes variations.» De son côté, l’Apoce, Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement, estime qu’il faut s’attendre à ce que les prix du mouton soient plus chers (10% à 20%) par rapport à l’Aïd-El-Adha de l’année dernière, même si l’offre est «largement supérieure à la demande».
De son côté, le prix de l’aliment de bétail a doublé, voire triplé, ces derniers mois, chose qui a impacté les prix. À cela s’ajoute le rôle des spéculateurs et des intermédiaires qui tirent les tarifs vers le haut», a pointé le président de l’Apoce.
Certains éleveurs, contactés par nos soins, affirment que «l’élevage leur a coûté cher, à cause de la sècheresse et de la cherté des aliments de bétails, et qu’ils ne peuvent par conséquent pas les vendre à des prix bas pour exhausser le vœux des clients». Ils considèrent que «logiquement, en temps normal, le prix moyen d’un mouton doit se situer entre 50.000 et 80.000 DA». Tout en évoquant que «les éleveurs ont été durement affectés par la sécheresse, cette année». Pour certains professionnels de la filière, «il est temps de placer des mécanismes de contrôle, pour bien gérer le commerce de l’aliment bétail. C'est à l’État de vendre cette denrée à des prix modérés fixes, pour contrer l’informel et réguler le marché. Certains iront jusqu’à proposer l’inondation du marché par les produits exportés, afin d’équilibrer la balance commerciale de la filière ovine et bovine».
En conclusion, la récente flambée des prix des moutons est le résultat de plusieurs facteurs interdépendants. La sécheresse, l'absence de main-d'œuvre, la multiplication des abattoirs clandestins et le manque de moutons dans les wilayas du nord ont tous contribué à une augmentation des coûts de production et à une diminution de l'offre. Ces éléments ont finalement eu un impact sur les prix, affectant les consommateurs et les éleveurs.
S.-M. N.