Les réseaux sociaux boostent le commerce : «Imperméable», le succès fou d’une jaquette

Après Hadj Griffa et son slogan «Laissez le pauvre s’habiller», la ville de Bordj Bou-Arréridj s’est illustrée par un nouveau magasin, Dadi Shop en l’occurrence, qui présente cette fois des jaquettes imperméables. Si le premier magasin n’est plus fréquenté comme au début, peut-être parce que le pauvre n’y a pas trouvé ses habits, le second ne désemplit pas. Les gens viennent de partout, et même de l’extérieur du pays, pour acquérir cette fameuse jaquette. Bien sûr le magasin propose d’autres articles. Mais le produit phare reste la jaquette, qui remplit l’entrée du local. Il faut dire qu’il est bien situé. Il se trouve sur l’artère principale de la ville. Celle-ci est desservie par plusieurs lignes de transport. Mais cet emplacement stratégique n’est pour rien dans l’engouement suscité par le produit, comme le reconnaissent les vendeurs, qui nous apprennent qu’il est ouvert depuis plus de 4 ans. La cause, ou plutôt le déclic a été provoqué par une vidéo sur les réseaux sociaux. Cette vidéo, qui a fait le tour du monde, montre le patron du magasin plongeant avec sa jaquette sans que ses vêtements internes ne soient mouillés. Piscine d’un côté, mer de l’autre, le produit, comme l’ont noté les followers, comme on les appelle, est bien étanche. Les spécialistes devront se pencher sur la question. Mais pour ces followers cela suffit. Ils achètent jaquette sur jaquette, comme nous l’avons remarqué au cours de notre visite. À défaut de trouver le patron, personnage principal des vidéos, nous nous sommes entretenus avec des vendeurs qui ont annoncé que la publicité faite au produit a créé une demande certaine sur la jaquette, non sans entrainer les autres produits. Interrogés sur l’origine de ces derniers, ils ont expliqué qu’ils viennent surtout de Chine. Quant à l’idée d’insister sur l’imperméabilité des jaquettes, elle provient, selon eux, du besoin de vêtements chauds qui ne laissent pas passer la pluie et la neige qui tombent beaucoup dans cette région connue pour ses hivers rigoureux, comme ils le rappellent. S’ils évoquent le succès qui a touché les 58 wilayas, et même la diaspora algérienne en visite au pays, ils précisent que les achats se font sur place. Autant dire que les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont utilisées pour la présentation du produit pas pour sa commercialisation. Nous ne recevons aucune commande, indiquent-ils. Les personnes intéressées par ces fameuses jaquettes doivent se déplacer jusqu’à Bordj Bou-Arréridj pour se les procurer. Ce qui ne manque pas d’avoir un effet positif, à la fois sur le transport et sur la restauration. Comme pour rassurer leurs clients sur ses charges, ils insistent sur les prix qui sont abordables, d’après eux, puisqu’ils se situent entre 2.500 et 3.000 DA l’unité. Cette fréquentation, qui est visible de jour comme de nuit, a renforcé les caractéristiques commerciales du quartier. Les 300 logements, déjà connus pour la vente des habits pour femmes et pour enfants, viennent avec ce renfort de choix attirer une nouvelle clientèle, masculine, cette fois, qui a trouvé apparemment l’habit de la saison. Comme le froid s’est installé dans la région, ces jours-ci les affaires florissent, surtout que les réseaux sociaux sont là pour les promouvoir. Les spécialistes, encore eux, devraient se pencher sur ce nouvel effet des réseaux sociaux, qui n’ont laissé décidément aucun secteur à son état initial.

F. D.

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