Le chef de la division de la sécurité routière au CGN à El Moudjahid : «Accélérer la mise en œuvre du permis à points»

Ph. A-Asselah
Ph. A-Asselah

Entretien réalisé par Neila Benrahal

Le chef de la division de la sécurité routière (DSR) au commandement de la Gendarmerie nationale (GN), le lieutenant-colonel Abdelkrim Rebiai, juge nécessaire la mise en place du fichier national des cartes grises et celui des infractions au code de la route, ainsi que l’accélération de la mise en œuvre du permis à points.

El Moudjahid : L’annulation de la suspension et du retrait du permis de conduire entrée en vigueur le 1er février constitue l’une des propositions du commandement de la Gendarmerie nationale. Quelle évaluation faites-vous des résultats de cette mesure ?
Lieutenant-Colonel Rebiai : Il est trop tôt pour faire une évaluation de l’application de cette mesure depuis quelques mois seulement. Il faut attendre au moins une année pour établir un bilan sur les points forts et les points faibles de la mesure. Certes, elle figure parmi les propositions globales du commandement de la GN en matière de sécurité routière. Cette procédure est moins contraignante et moins bureaucratique pour les citoyens.

Mais la route demeure meurtrière et l’hécatombe continue notamment durant le mois de ramadan et la saison estivale. Quelle est votre analyse ?
Les services de la GN ont enregistré une baisse de plus de 13% des accidents de la route et plus de 4% des décès durant les mois de février, mars et avril. Une baisse de plus de 12% des accidents et plus de 12% des décès a été également enregistrée durant le mois de jeûne. On ne peut pas déterminer les raisons maintenant. Des actions de sensibilisation de proximité sont menées à travers le territoire national à diverses occasions, telles que la rentrée sociale et la saison estivale, ainsi que les intempéries et diverses occasions religieuses et nationales, en coordination avec les différents acteurs partenaires actifs dans le domaine de la sécurité routière. Pendant le mois de Ramadhan, une large campagne de sensibilisation a été organisée au profit des conducteurs pour les sensibiliser quant à la nécessité de respecter le code de la route, notamment avant et après la rupture du jeûne.
Je tiens à préciser que la sécurité routière est l’affaire de tous. Ce n’est pas seulement la mission des services de sécurité mais aussi des institutions publiques et de la société civile et des usagers de la route en particulier.

Les accidents mortels ont été causés en majorité par les bus et les poids lourds. Une amende lourde est-elle suffisante ?
Comme je l’ai précisé tout à l’heure, la nouvelle procédure n’exempte pas les auteurs de fautes graves. Tout transporteur de marchandises roulant avec un véhicule dont la marchandise dépasse de 3.500 kg le poids total autorisé risque d’être emprisonné pendant 6 mois à deux ans et d’écoper d’une amende de 20.000 à 50.000 DA. Idem pour les chauffeurs de minibus et de bus de plus de 9 places ne respectant pas le temps de conduite autorisé, ainsi que le temps de repos.
Justement, le chronotachygraphe est en cours d’élaboration. Le projet vient d’être relancé. Nous avons assisté ces dernières semaines à des réunions au niveau du ministère des Transports. Cet équipement électronique de mesure de vitesse a une vocation dissuasive dans la lutte contre l’insécurité routière, car il permet de déterminer la vitesse et le temps de conduite des camionneurs et les chauffards des transports en communs. 

Le renforcement de la sécurité et de la prévention routière par la sensibilisation n’ont pas suffi pour arrêter l’hécatombe. Quelles sont selon vous, en tant qu’expert, les solutions pour instaurer la sécurité sur les routes ?
Il faut réactiver le rôle de la délégation nationale de la sécurité routière. L’une de ses missions principales est l’encadrement des associations et du mouvement de la société civile. La sensibilisation doit se faire en continu pour consolider la prise de conscience quant à la sécurité routière sur les réseaux des routes. Il est nécessaire aujourd’hui d’accélérer la mise en place du fichier national des cartes grises et celui des infractions au code de la route ainsi l’accélération de la mise en œuvre du permis à points, afin d’avoir des données fiables qui constitueront des outils d’aide à la prise de décision. Comme il faut impliquer les sociologues et les chercheurs dans les études analytiques du phénomène de l’insécurité routière et les comportements des usagers de la route.

N. B.

 

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