
Plusieurs facteurs justifient la montée incompréhensible des prix des moutons. Les éleveurs l’expliquent par la hausse du prix de l'aliment de bétail mais aussi par le manque au niveau des approvisionnements du marché.
Approché par El Moudjahid, le vice-président de la Fédération nationale des éleveurs de bétail, Ibrahim Amrani, explique la hausse des prix actuels du bétail par plusieurs facteurs et citera les prix de l'aliment de bétail et le manque enregistré dans l'approvisionnement du marché. «La sécheresse qui a frappé le pays cette année a engendré une pénurie de pâturage et de fourrage, ce qui a nécessairement entraîné une augmentation des prix. Avec l'augmentation du prix du fourrage, le prix du bétail a systématiquement augmenté», explique-t-il, relevant que le prix du fourrage varie entre les régions du Nord et du Sud, où une différence de l'ordre de 1.000 DA/quintal est observée.
Concernant les prix du bétail affichés actuellement sur les marchés, le vice-président de la fédération affirme que le prix minimum pour un agneau est de 60.000 DA, et situe le prix moyen entre 80.000 DA et 120.000 DA.
L'autre raison avancée par notre interlocuteur est la baisse du nombre de têtes de bétail suite à la baisse du nombre de femelles ovines et caprines, et la cessation d'activité de certains éleveurs, faute de pouvoir assumer les frais d'élevage. «De nombreux éleveurs ont été contraints de vendre leur cheptel, y compris les brebis nouveau-nées, ce qui a provoqué une baisse du nombre de têtes de moutons. Des bouchers ont acquis ces brebis à bas prix pour les abattre et les revendre, ce qui a poussé le ministère de l'Agriculture à réitérer ses mises en garde contre l'abattage des femelles ovines et même bovines, avant la promulgation d’une loi criminalisant cette opération», rappelle notre interlocuteur
S’agissant des prévisions des prix, il prévoit une légère baisse à la veille de l'Aïd et explique que les éleveurs n'ont pas encore mis sur le marché toutes les têtes de moutons, préférant attendre l'ouverture des points de vente dans les villes notamment pour qu'ils puissent vendre leur bétail. «Durant les deux derniers jours qui précèdent la fête de l'Aïd, l'offre augmentera et s'accompagnera d'une baisse du prix. Cependant, cette baisse ne dépassera pas les 8.000 DA», estime Amrani.
Généralisation du registre du commerce à l'activité des éleveurs
La Fédération nationale des éleveurs a lancé une nouvelle campagne en faveur des éleveurs, visant à réguler le marché de bétail, à assurer la stabilité des prix de la viande rouge tout au long de l'année, et mettre fin à l'activité des intermédiaires et spéculateurs, en permettant aux éleveurs de s'inscrire au registre du commerce à l'instar des autres commerçants.
Son vice-président a déclaré que des efforts sont faits en coordination avec les services du Centre national du registre de commerce (CNRC) pour inciter les éleveurs à s'y inscrire, de manière à garantir leurs droits et permettre de contrôler le marché de la viande rouge qui fait face à des perturbations à chaque occasion ou célébration d'événements ou de fêtes religieuses. Il a souligné que son association mène cette campagne auprès des éleveurs, en vue d'encadrer les points de vente des sacrifices en coordination avec les services du ministère du Commerce, pour approvisionner le marché en quantité suffisante de têtes de bétail, tout en respectant les conditions sanitaires et en assurant la stabilité des prix, pour permettre aux familles de célébrer le rituel du sacrifice dans une ambiance détendue.
L'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) a été la première organisation à proposer l'idée d'inscrire les éleveurs au CNRC, afin d'organiser le marché de bétail, le soumettre aux règles sanitaires et protéger les éleveurs des courtiers et spéculateurs qui ont tendance à augmenter les prix à chaque fois que l'occasion, religieuse ou autre, se présente, pour faire des profits aux dépens des citoyens. Son porte-parole affirme dans une déclaration à El Moudjahid que l'introduction des éleveurs parmi les commerçants inscrits au CNRC contribuera à organiser le marché de la viande rouge, en particulier après le recensement par le ministère de l'Agriculture du cheptel et des vrais éleveurs qui exercent durant toute l'année pour approvisionner le marché en viande rouge.
Issam Bedrissi estime que les «intrus» dans l'activité d'élevage attendent des opportunités pour saper les efforts des éleveurs et augmenter les prix. Ainsi, l'inscription des éleveurs au CNRC limitera le monopole des spéculateurs et garantira les droits des consommateurs, en leur permettant d'obtenir des données sur l'origine du sacrifice et des procédures sanitaires appliquées. Le registre du commerce permet également aux éleveurs de nombreux privilèges, de bénéficier de facilités pour entrer sur le marché et exposer le produit de manière réglementaire, dans le respect des conditions sanitaires, leur garantit un accompagnement par les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture, contrairement aux marchés anarchiques, répartis à travers plusieurs points et soumis au contrôle direct des courtiers et des spéculateurs.
Salima Ettouahria
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L’UGCAA approuve
Les commerçants œuvrent en coordination avec la Fédération des éleveurs pour organiser et encadrer le marché en prévision de l'ouverture de points de vente des sacrifices à travers les wilayas dans les prochains jours, tout en participant à la livraison des bêtes dans les différentes régions, à des prix raisonnables, dans le respect des conditions sanitaires. L'organisation considère que l'activité de l'éleveur doit être limitée au domaine de l'élevage, tandis que la mission du commerçant consiste à commercialiser le produit et à le mettre sur le marché dans le cadre légal, barrant ainsi la voie aux courtiers. Il fera savoir enfin que le nombre de têtes de bétail assuré par les éleveurs pour célébrer l'Aïd El-Adha est d’environ 5 millions. Ce chiffre reflète, selon lui, l'importance de ce marché, qui a encore besoin d'être régulé, afin de contrôler les prix de la viande rouge, qui ont récemment flambé pour atteindre un niveau record, ce qui a incité le ministère de l'Agriculture à importer des quantités de viande fraîche de l'étranger avant le mois de Ramadan, pour casser les prix et limiter la spéculation.
S. E.