
Le mouvement de normalisation de certains pays arabes avec l'entité sioniste et le terrorisme qu’exerce son armée malmenée par des résistants en «tongs», ayant flétri l'honneur de Tsahal, devrait constituer un motif pour l'accélération du processus de réconciliation interpalestinienne.
Cadre au mouvement Fatah et professeur des sciences politiques à «El Qods Open University», Aymen Ibrahim Rigib commence par rappeler le rôle majeur qu'a jouée l'Algérie «pour la réussite du dialogue national palestinien qui a abouti à l'accord de réconciliation et la Déclaration d'Alger de 2022 comme point de départ pour «mettre fin à la division politique palestinienne et achever la consolidation de l'unité nationale». Il explique que le peuple palestinien «se réjouit quant à l'importance de mettre en œuvre des mécanismes devant matérialiser cette réconciliation dans ce contexte marqué par un acharnement terrible de la machine de guerre israélienne contre la population civile à Ghaza», et ce après l'échec de plusieurs cycles de dialogue entre les factions palestiniennes, qui ont débuté en 2007 pour se terminer par le dialogue en Algérie en 2022. La guerre que mène l'entité sioniste contre les civils à Ghaza, mais aussi l'acharnement des colons juifs en Cisjordanie, soutenus par l'armée de colonisation, «doit motiver plus que jamais les partis politiques à faire disparaître toutes les manifestations de division qui se sont accumulées au cours de la dernière période».
Le chercheur indique que, depuis l'offensive du Hamas, «les Palestiniens ont été confrontés à une situation militaire et politique complexe et imbriquée en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, où chacune souffre de terrorisme d'Etat et de multiples pressions directes et indirectes». L’occupation militaire et les troubles économiques et sociétaux résultent de l’instabilité institutionnelle, notamment la division politique séparant les Palestiniens, ainsi que la succession de crises liées notamment à la normalisation des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu.
La priorité absolue du peuple palestinien, en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, selon ce qui a été mentionné dans «La Déclaration d'Alger», est la formation d'un Gouvernement d'unité nationale par consensus entre factions. «Ce qui constitue, poursuit Dr Rigib, une revendication populaire visant à sauver et à préserver ce qui reste du système politique palestinien, à condition que le Gouvernement comprenne un certain nombre de personnalités indépendantes dont la mission principale est de gérer les affaires démographiques dans la bande de Ghaza, en Cisjordanie et à El Qods, loin de tout conflit politique. C'est-à-dire qu'il s'agira d'un Gouvernement fonctionnel et professionnel et non composé à 100% de partis et de factions, avec un système de quotas pour qu'il n'y ait pas de conflits futurs, à condition qu'il bénéficie du soutien arabe et international».
L’accélération du processus de normalisation entre certains pays arabes avec l'entité sioniste fait pression sur la cause palestinienne et les dirigeants de toutes les factions en Palestine. Cette course pour la normalisation doit être le motif pour l’accélération du processus de la réconciliation palestinienne, mais certaines factions palestiniennes ont des programmes qui répondent aux exigences des agendas politiques externes, ce qui «frelate» la cause palestinienne et en fait une cause perdue», précise le politologue.
Qualifiant la normalisation arabe avec l'occupant israélien de «complot» contre l’initiative arabe de paix, le cadre du mouvement Fatah affirme que «ceux qui s’y opposent actuellement sont ceux-là même qui ont mis en avant cette initiative et l’ont fait accepter par les Palestiniens». «Nous ne nous attaquons pas aux Etats qui composent avec l'occupant parce que notre division et notre dispersion font partie des causes de cette normalisation», précise-t-il. Pour lui, mettre fin à la division «nécessite une délibération profonde pour des remèdes intellectuels, et politiques». Il souligne que les élections ne sont pas la solution parfaite, car il faut au préalable «entamer la démarche politique sur le principe de l’acceptation de l’autre, loin de l’expiation, l'impulsivité et la trahison».
Une question d’honneur
A l'occasion de la célébration du 35e anniversaire de la proclamation de l’État palestinien, qui intervient cette année dans un contexte de barbarie et de terrorisme sioniste assumé, il faut noter que l’intérêt que porte l’Algérie à la question de la Palestine découle des principes et constantes établis et d’une foi profonde dans le droit des peuples à l’autodétermination et à la résistance à toutes les formes de colonialisme et d’exploitation. Des principes que l’Algérie a établi et défendu depuis l’indépendance et pendant la Révolution. Ces droits inaliénables sont devenus des éléments constitutifs de la politique étrangère de l'Algérie.
Pour le peuple algérien, la question palestinienne n’est pas uniquement une question de décolonisation, mais aussi une question d’honneur et de loyauté à laquelle les Algériens ne tourneront pas le dos même s’ils restent seuls. La question palestinienne est avant tout une question d’accomplissement de notre glorieuse histoire de libération et des sacrifices de nos aïeux, qui ont cru à juste titre que la question de la Palestine est une question de droit et de justice.» C'est ainsi que le Président de la République a résumé la situation et cela est signifiant à plus d'un titre, car il y a aujourd'hui une nécessité de rappeler aux Arabes leur responsabilité historique, morale et politique quant à l'issue de la question palestinienne, et de ne pas laisser les sionistes enfoncer le dernier clou dans le cercueil.
Tahar Kaidi