
Le Forum de la mémoire d’El Moudjahid a organisé, conjointement avec l’association Machaâl Echahid, mercredi à Alger, une conférence intitulée «La diplomatie algérienne et son soutien aux mouvements de libération». Cette rencontre coïncide avec la commémoration de l’adhésion de l’Algérie à l’ONU, le 8 octobre 1962.
«L’Algérie, pays emblématique d’un million et demi de chahids, est connue pour son soutien actif aux mouvements de libération nationale et pour sa bienveillance à l’égard des proscrits», a affirmé M. Nadir Larbaoui, ambassadeur, diplomate au long parcours et conseiller de M. Lamamra,, qui inaugurait hier les travaux du Forum. «La diplomatie algérienne, qui a toujours eu la capacité de s’adapter à l’évolution des influences géostratégiques dans sa région et dans le monde, s’est engagée à donner asile et moyens de subsistance à tous les mouvements qui luttent pour l’indépendance de leur pays, contre le colonialisme, le racisme, l’impérialisme», dit le diplomate.
Le principe de base est donc énoncé : reconnaissance du droit des peuples à choisir leur propre destin. Pour l’Algérie, cette solidarité s’expliquait par l’enthousiasme de la libération et l’euphorie des premières heures de l’indépendance. Tout révolutionnaire était un frère, chaque mouvement de libération, un prolongement de la lutte algérienne. C’était la période caractérisée par le ballet incessant de et vers Alger des révolutionnaires, ce qui donnait tout son sens à la fameuse phrase d’Amilcar Cabral : «Les musulmans vont en pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de libération à Alger.»
Jusqu’au milieu des années 1970, l’Algérie était un point de passage quasi obligé, sa capitale accueillait les Black Panthers, Angela Davis et Leroy Eldridge Cleaver, le Che, Nelson Mandela et d’autres leaders, qui, tous, s’opposaient à l’impérialisme et aux dictatures. La diplomatie algérienne avait, et a encore, cette «célérité remarquable pour trouver des solutions pacifiques à nombre de crises au niveau régional, afin de consolider son rôle aux plans régional et international».
L’âge d’or de la diplomatie
algérienne
La guerre de Libération a nécessité de mener également la lutte à l'extérieur du pays et la diplomatie a fait en sorte que les souffrances des Algériens et leurs aspirations soient portées devant les instances internationales, pour contrer la diplomatie du colonisateur au sein de ces mêmes instances. La conférence internationale de Bandung (1955) a constitué, à cet égard, un tournant pour la diplomatie algérienne, elle a été couronnée par une déclaration historique qui a consacré le droit du peuple algérien et des autres peuples colonisés à disposer d'eux-mêmes. Dès lors, la question algérienne s’internationalise et le talent des Mustapha Ferroukhi, Ahmed Francis, M’hamed Yazid ou Rédha Malek fait le reste. L'Algérie était source d'inspiration pour la libération des peuples africains.
Les diplomates algériens ont été d’une redoutable efficacité au cours de la guerre de Libération. La cause algérienne avait eu une voix, un siège parmi les nouvelles nations naissantes et un auditoire déjà large. «L'expérience de militantisme menée par l'Algérie et sa lutte contre la colonisation lui ont permis de fonder les principes de la politique étrangère, parmi lesquels figure le soutien au droit des peuples à l'autodétermination, aux mouvements de libération, ainsi qu'au combat des peuples en lutte», relève M. Larbaoui. L’ambassadeur affirme que «l'Algérie, qui a joué, juste après l'indépendance, un rôle d'acteur engagé au service des causes justes et des mouvements de libération dans le tiers-monde, continue aujourd’hui de peser de son poids sur le chemin de la promotion de la paix et de la réconciliation». Pour le diplomate, «ce qui caractérise la diplomatie algérienne (l’un de ses points forts) sous le commandement du Président Tebboune, c’est l’adoption d’une politique étrangère équilibrée et multilatérale dans les relations internationales, pour promouvoir les valeurs humanitaires en adéquation avec la légalité internationale, basées sur le respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires internes des pays et la résolution des conflits par des moyens pacifiques».
Il est question également de la coordination et du renforcement des processus de l’action diplomatique, avec la conjugaison des efforts de la diplomatie économique, de la diplomatie parlementaire et de la diplomatie populaire. «Tous ces efforts visent à préserver et à édifier la paix et la sécurité dans le monde et à garantir le progrès et la prospérité, n’en déplaise à ceux qui se nourrissent encore du complexe du colonisé», conclut le représentant de l’Algérie à l’ONU.
Farida Larbi
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N. Larbaoui :
« L'Algérie, nation du milion et demi de martyrs, en dépit de ceux qui n'arrivent pas à se départir de leur complexe colonial et qui tentent vainement de réécrire son Histoire en s’attaquant à ses institutions, pour des raisons électoralistes internes, demeure animée par la volonté de s'engager dans de nombreuses actions régionales et efforts internationaux visant à s'attaquer aux causes profondes des conflits ».