Rencontre avec le moudjahid et auteur Abdelmadjid Sana : Les Combattants invisibles

Le moudjahid, auteur et ancien diplomate, Abdelmadjid Sana, a présenté mercredi après-midi, à l’espace des activités culturelles Bachir Mentouri à Alger, son dernier ouvrage Les combattants invisibles et la partie secrète de la guerre d’Algérie, paru tout récemment aux éditions Média index.

Organisée par l’etablissement Arts et Culture de la wilaya d’Alger et modérée par Fouzia Laradi, la rencontre a permis à l’auteur de mettre en avant le sacrifices des femmes et des hommes, souvent peu connus ou méconnus, tout en redessinant le contexte du secret et de clandestinité de la guerre de Libération nationale, une des plus grandes Révolutions du XXe siècle. Après avoir signé chez le même éditeur Cris de douleurs des profondeurs du Rhumel préfacé par Nils Andersson, Abdelmadji Sana récidive par un ouvrage qui offre au lecteur un hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance, la liberté et la dignité de leur patrie. Pour ce qui est des combattants invisibles, l’auteur a cité de prime abord les sacrifices de l’organisation secrète (OS), créée aux lendemains de la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui a préludé au déclenchement de la Révolution. Il souligne que le congrès de la Soummam a été le «coup de maître» du Front de libération nationale (FLN) et sa véritable colonne vertébrale. «Je déplore la volonté d’occulter et de minimiser ce grand congrès, cœur battant de cette Révolution portée par le peuple, mais orchestrée et organisée par de grands hommes, vaillants, et qui a été structurée petit à petit en fonction des événements sur les plans intérieurs et extérieurs. Il faut rappeler qu’en 1955, soit une année après le déclenchement de la guerre, le tiers-monde reconnaît déjà la guerre de Libération à la conférence de Bandung (Indonésie) lorsque neuf chefs d’Etat écrivent au secrétaire générale de l’ONU pour reconnaître le FLN comme unique représentant de la guerre de Libération de l’Algérie», a-t-il noté. L’auteur a, par ailleurs, évoqué les parties ayant pris part à ce conflit, hormis de manière secrètes à l’exemple du réseau Jeanson, les porteurs de valises, les fidayines, mais aussi la Bleuite, la Main rouge et enfin la sulfureuse OAS. Abdelmadjid Sana explique d’écrire est un devoir de mémoire envers ses frères d’armes, les militants du FLN avec qui il a partagé le recouvrement de la souveraineté nationale, mais surtout envers l’actuelle et les prochaines générations, afin de contrecarrer, selon ses dires, «les faussaires qui essayent de minimiser et de détruire l’aura de cette glorieuse Révolution». Né en 1937 à Constantine, Abdelmadjid Sana milite depuis son jeune âge avant d'être contraint de fuir le pays pour Marseille, puis Lyon. C’est à Genève (Suisse) qu’il reprend son combat au sein de la délégation permanente du Croissant-Rouge algérien et de la mission du FLN/GPRA, où il se voit confier les affaires sociales. Puis il intègre le groupe logistique pour la protection des intérêts de l’Algérie et assiste la délégation du FLN lors des négociations des accords d’Evian, œuvrant sans relâche jusqu’à la signature des accords en 1962, qui marqueront enfin la fin de la guerre. Après l'indépendance, il participe activement à la reconstruction du pays dans une Algérie dévastée. Engagé dans l’édification d’un nouveau pays, il œuvre à la création du ministère des Affaires étrangères aux côtés du regretté Mohamed Khemisti. Devenu militant diplomate, il porte la voix de l’Algérie nouvelle en Asie, en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique, incarnant l’espoir et la fierté de tout un peuple.

K. B.

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