Présentation de Palestine trahie, d’Ahmed Rezzak : Ode à la résistance palestinienne

Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a rendu hommage, jeudi soir, à la cause palestinienne, en présentant Palestine trahie, du metteur en scène Ahmed Rezzak. Accueillie à la salle Mustapha-Kateb, en présence d’un nombreux public, cette récente production du Théâtre régional de Tizi Ouzou, d’une durée de 61 minutes, est une réadaptation du texte éponyme de Kateb Yacine, paru en 1977.

Le spectacle met en exergue le quotidien de Mohamed Zitoun, Palestinien de souche qui, sous la menace et intimidation d’un puissant colon israélien, doit vendre son terrain agricole et sa maison familiale. Révolté contre l’oppresion historique dont souffre son peuple autochtone et l’imposture d’un colonisateur sioniste barbare, protégé par les forces occidentales impérialistes, Mohamed doit d’abord faire face au rabbin mystificateur qui endoctrine son peuple à base de mensonge, ainsi qu’à son ennemi intérieur, le grand mufti. Les colons israéliens multiplient les méthodes extrémistes de siège, de famine et de spoliation des terres sous la menace, avec l’aval de politiciens occidentaux et d’émirs du golf. Une trentaine de comédiens, amateurs et professionnels, ont échangé en arabe dialectal, bien porté la densité du texte avec un recours récurrent à des chorégraphies pour servir de transition entre les tableaux du spectacle. Entre humour noir, musique patriotique et attachement à la terre, le metteur en scéne a mis l’accent sur la symbolique de la culture palestinienne avec notamment l’olivier comme but de créer un dialogue avec la conscience humaine. La scénographie a été un des maillons forts du spectacle, basée sur un éclairage feutré ou vif latéral, individuel et d’ensemble, quelques panneaux verticales amovibles, à restituer les atmosphères de plusieurs unités de lieu dont un marché, une ville, l’intérieur d’une maison, un champ d’oliviers ou encore des décombres. Rencontré à l’issue du spectacle, Ahmed Rezzak a fait savoir que la réadaptation s’est imposée d’elle-même vu les énormes changements survenus depuis l’écriture du texte par Kateb Yacine, c'est-à-dire, il y a 48 ans. «Même Kateb Yacine a écrit 11 versions de ce spectacle. Il changeait ses écritures en fonction des événements politiques de l’époque. Ça aurait été impossible de réécrire scéniquement la même histoire des années 1970», a-t-il fait savoir. Au sujet des personnages de Lakhdar et Nedjma et l’autre chef-d’oeuvre de Kateb Yacine Le cadavre encerclé, le metteur en scène a souligné avoir fusionné ces deux spectacles pour mettre en exergue la même souffrance des deux peuples sur le long chemin de la liberté et la dignité. «Les événements du 08 mai 1945 en Algérie et ce qui se passe aujourd’hui à Ghaza sont similaires. Il s’agit de crimes contre l’humanité avec la meme férocité et le meme mode opératoire pour un génocide», a-t-il souligné, avant de dépolorer le peu de moyens financiers octroyés par le ministére pour la production de ce spectacle. Ahmed Rezzak a conclu par exprimer sa solidarité, à travers cette nouvelle production théatrale avec le peuple palestinien et sa cause noble et juste.

K. B.

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