
Le salon national du livre de Tamanrasset se poursuit à la place du 1er-novembre au centre-ville, où chaque après-midi, un nombreux public assiste à une conférence thématique. Pour la quatrième journée de cette manifestation, qui se tient pour la première fois dans la capitale de l’Ahaggar, l’histoire a été au cœur d'une rencontre organisée par une pléiade de chercheurs et d’écrivains. Intitulée «Les écrits de l’histoire nationale et les aspirations de l’élite», les intervenants ont mis en exergue des personnalités historiques du grand Sud algérien et leurs grandes contributions au recouvrement de la souveraineté nationale et à la sauvegarde de l'identité nationale. Chercheur dans l’histoire de la région de l’Ahaggar, Hadji Ramadane a souligné, lors de son intervention, l’importance de l’écriture de l’histoire à travers les messages véhiculés par nos ancêtres. «L’auteur doit adresser des messages, directs ou en filigrane, à la société afin de sauvegarder l’héritage culturel et social pour les prochaines générations. Comme nos aïeux nous ont transmis, souvent oralement, un legs multidimensionnel, c’est à nous de léguer aux prochaines générations leur sagesse et savoir-faire», a-t-il souligné. Citant pour exemple plusieurs personnalités historiques du grand Sud, à l’exemple de l'amenokal Bey ag-Akhamouk, qu’il considère comme «le père spirituel de l’unité nationale», il a expliqué que la France coloniale a essayé de l’utiliser pour séparer le Sahara de l’Algérie, mais son nationalisme a entravé cette tentative. «Je cite aussi le grand moudjahid Bradie Moulay Ahmed, arrêté aux frontières algéro-nigériennes, emprisonné jusqu’à Ouargla où il a été condamné avant de purger une longue peine à la prison de Serkadji à Alger. Il a marqué par sa souffrance chaque territoire de l’Algérie, de In Guezzam à Alger», a-t-il ajouté.
Ecriture juvénile sur une histoire peu connue et méconnue
Professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’université de Tamanrasset, Keddida Mohamed Ambarek a noté que la guerre de mémoire actuelle manque d’écrits qui affrontent plusieurs contre-vérités. «Je déplore le manque d’écrits historiques sur certaines zones de notre histoire moderne. Je suis optimiste quant aux écrits universitaires des différents campus du pays qui tentent de combler ce vide. Au sujet des aspirations de l’élite, j’essaye depuis seize ans par ma modeste contribution de mettre la lumière sur la guerre de Libération nationale à l'extrême Sud algérien, la mise en place des cellules du FLN et de l’ALN ou encore l'engagement civil et militaire», a-t-il fait savoir avant d’insister sur l’importance de donner à certaines personnalités la place qu'ils méritent dans le panthéon de l’histoire et les manuels scolaires, à l’exemple de Amoud Ag-El Mokhtar, Aticci ag-Amellal ou encore Bey ag-Akhamok. Enfin, Aicha Boumediene, chercheuse dans l’histoire moderne et contemporaine à l’université de Tamanrasset, spécialiste en histoire de l’Afrique, a présenté chronologiquement les écrits historiques relatifs à la place occupée autrefois par la femme dans le continent africain en général et dans la société targuie en particulier. Evoquant l’aspect royal de la gent féminine depuis l’antiquité, à travers le royaume de Numidie, en passant par Tinhinan, reine targuie et ancêtre originelle des targuie de l’Ahaggar jusqu’à la résistance de la Dihya (Kahina), l’intervenante a mis l’accent sur l’engagement nationaliste de la femme algérienne contre l’ordre colonial. «L’Algérie a combattu par tous les moyens l’injustice et a milité pour la liberté et la dignité. Je site artistiquement Dassine Oult Yemma (1867-1920) musicienne et poétesse targuie, ainsi que Lala Fatma N’soumer ou encore Djamila Bouhired», a-t-elle fait savoir avant de s’étaler sur le grand pouvoir dont jouissait la femme africaine autrefois, en citant des exemples de reines des époques médiévale et moderne en Egypte, Soudan, Ghana ou encore au Nigeria.
K. B.