
L’Algérie célèbre ses artistes et sa culture, à la faveur de la Journée nationale de l'artiste, coïncidant avec le 8 juin de chaque année et commémorant l'exécution barbare de l'artiste Ali Maâchi par les forces coloniales, le 8 juin 1958. À travers lui, c’est aussi un fervent témoignage de reconnaissance et de souvenance de la nation qui est dédié à tous nos artistes morts pour que vive l´Algérie.
Les chansons patriotiques occupent une place particulière dans l'histoire de notre pays. Elles sont utilisées pour exprimer un puissant sentiment d'appartenance, d'unité et de fierté nationale. Elles ont su exprimer la lutte, les sacrifices et les idéaux qui unissent les Algériens. Elles ont le pouvoir de renforcer le sentiment d'identité collective, en rappelant aux citoyens l'importance de leur histoire, de leurs valeurs et de leurs traditions. Que ce soit par des hymnes nationaux, des chants de résistance ou des compositions plus modernes, elles agissent comme des catalyseurs d'émotions et de cohésion sociale face à l'oppresseur colonial. Des chants patriotiques sont gravés dans la mémoire, à l'instar de l’hymne national «Qassaman» écrit par Moufdi Zakaria, «A Yemma Azizen Ur tsru» de Farid Ali ou «Qalbi ya bladi la yensak» d’El Hadi Radjeb, «Ya nass a mahou houbi el akbar», d’Ali Maâchi, né à Tiaret en 1927, lâchement assassiné par la horde sauvage. Slimane Azem et son beau poème «Ffegh ay ajrad tamurt iw» («Criquet, sors de ma terre ! Le bien que tu y avais trouvé a été gommé à jamais») On peut également citer «El hamdulillah ma bqach istiîmar fi bledna». Un texte majeur du chaâbi, écrit et interprété la première fois par Hadj M’hamed El Anka, le 3 juillet 1962, le soir de la reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Algérie. Des chansons, comme «Ya Akhi Ya Bna El Djazaïr» (ô mon frère, fils de l'Algérie), «Y a Oummi La Tabki Alaya» (ô mère, ne me pleure pas) ou «Min Djibalina» (de nos montagnes) ont accompagné et galvanisé le peuple. Des chansons satiriques ont tourné en dérision le colonialisme français et d’autres productions lyriques inoubliables. Aissa Messaoudi, grande figure culturelle et médiatique de la révolution, animateur de la radio clandestine «Al Djazair Al Moukafiha», diffusait en direct ces chansons. A l’appel du Front de libération nationale, de nombreux artistes algériens se sont portés sur le front de la résistance et se sont assignés pour mission de traduire les aspirations du peuple algérien. Les artistes se sont mobilisés au sein de la troupe du FLN et ont sollicité leur génie populaire en faveur d’une noble cause. Cette formation a présenté diverses facettes culturelles de notre pays (danses traditionnelles, musique et chants patriotiques, pièces théâtrales). Dans une de ses interventions dans El Moudjahid, organe d’information du FLN, Mustapha Kateb affirmait que l’art contribue à la libération de la patrie. Aujourd’hui, l’observateur ne manque pas de souligner l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes pétris d’enthousiasme, d’énergie imaginative et de créativité. Des jeunes nourris de romantisme à fleur de peau et d’une belle ardeur refaçonnent, vaille que vaille, notre activité culturelle qu’ils veulent dense et attrayante. Ils battent en brèche des allusions stériles et des clichés injustifiés. Ils continuent d’alimenter une foisonnante scène culturelle à travers le rap, le street art, la photographie ou le théâtre contemporain. Ils abordent les problématiques actuelles en donnant une nouvelle voix à la mémoire, en l’ancrant dans les réalités d’aujourd’hui. Leur contribution est indéniable. Leur travail ne se limite pas à l’esthétique, mais s'inscrit dans un processus de transmission du patrimoine musical et lyrique. Grâce à eux, la culture demeure vivante, partagée, et en constante évolution.
M. B.