Bonnes feuilles : La maison ancestrale

Par Farid Bouyahia

Là-bas, dans l'arrière-pays, se trouve notre maison. Notre âme. La moelle de notre vie. N'est-ce pas que la maison ancestrale, ici ou ailleurs, réveille en chacun de nous les plus fidèles souvenirs ? Heureuse comme un ciel d'avril, cette maison était pleine de chuchotements joyeux et féconds d'enchantement. Sans vacarmes, c'était notre puits de rêves ; notre fontaine d'amour et de force qui faisait trembler les ennemis de ses chants réjouis. Elle ramassait nos larmes et nos pleurs des jours tristes. Elle nous berçait les soirs mélancoliques. C'était aussi la chaleur de notre main tendue à l'indifférence étendue. Je vais mieux en faire connaitre l'essence, par ce que je vois et que d'autres ne voient, sans doute, pas. Je l'ai vu heureuse et triste. Je l'ai vu quelques fois moins modeste. C'est un toit remplit de belles choses. Elle nous offrait la meilleure protection, bien qu'elle ait supportée le fardeau des misères et des peines du monde où nous vivions. Des indigences qui, parfois, altèrent le cœur et qui font que les hommes deviennent amers, méchants et malheureux. Sa naissance remonte à une lointaine ère géologique. Elle était belle, d'une beauté authentique, sans bourgeoise esthétique. D'apparence simple, elle a été bâtie sans grimage, en pierres et en pisé et une modeste toiture faite de troncs et de chevrons d’arbres, toutefois, au regard, elle offrait un immense plaisir. Elle a été modelée par les ans. Elle était jolie, jour et nuit. Son âme respirait la joie et le bonheur, émaillée d'échos de nos rires. Elle avait été passionnément aimée de génération en génération. Elle était dorée d'une lumière pure et son toit était nourri de soleil, de rosées douces et de pluies qui tambourinaient sur ses tuiles. Notre maison a résisté aux aléas de la nature..., et au vent de l’histoire. La géométrie de ce vieux monument d’art était singulière, à tous points de vue. C’est un véritable chef-d’œuvre que cette humble demeure. Du haut de sa simple architecture, elle présentait des aspects particuliers et introuvables ailleurs. Dépourvue de somptueuses parures, il n'y a ni céramique émaillée ni marbre. Juste ce qu'il faut ; un mortier et un moulin à bras pour seul décor. Une table, des chaises et des tabourets en bois séculaire éparpillés dans quelques endroits de la maison. Une cheminée à laquelle étaient accrochés des marmites et des casseroles teintes de suie, des ustensiles de terre cuite et une belle cafetière. (À suivre)

 

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