Amar Takdjout, secrétaire général de l’UGTA : «L’État a su répondre aux attentes des travailleurs»

El Moudjahid : Demain, le monde célébrera, comme chaque 1er mai, la Journée international des travailleurs. Quelle signification revêt cette date pour l’UGTA ?

Amar Takdjout : Le 1er mai incarne bien plus qu’un simple jour férié chômé et payé. Il constitue un rendez-vous annuel incontournable pour le mouvement syndical, pour faire le bilan de ce qui a été accompli et obtenu comme acquis pour les travailleurs. C’est l’instant privilégié, où l’on dresse le bilan des conquêtes sociales, des accords arrachés de haute lutte et des avancées salariales et sociales obtenues, grâce à des mois de négociations. Cette journée permet de mesurer le chemin parcouru et de réfléchir collectivement aux chantiers qui restent à ouvrir pour défendre les travailleurs.

Quel diagnostic portez-vous aujourd’hui sur les conditions socio-économiques des travailleurs algériens ?

Sous l’impulsion des grandes décisions prises par Monsieur le président de la République, le pouvoir d’achat des fonctionnaires a connu une revalorisation significative de 47% entre 2023 et 2024. Cette mesure vise non seulement à protéger les ménages face à l’inflation, mais aussi à renforcer la cohésion sociale. En témoignent l’allocation de chômage, qui bénéficie à plus de deux millions de personnes, près de deux millions de logements sociaux, distribués sur la même période, et une couverture sociale élargie à plus de vingt millions d’Algériens, y compris les plus vulnérables et les personnes âgées sans revenu. Ces dispositifs constituent autant de jalons tangibles de progrès.

Peut-on ainsi dire que la célébration du 1er mai intervient dans un contexte de renforcement des acquis sociaux ?

Absolument. Cette journée trouve, aujourd’hui, tout son sens dans un climat de cohésion sociale retrouvée. L’État a su entendre et répondre aux attentes légitimes des travailleurs. Aucun pays au monde ne peut se targuer d’avoir réglé tous les problèmes socioéconomiques. Même dans les pays les plus riches et les plus avancés, salaires et conditions de travail évoluent en dents de scie, en fonction de l’état de santé de l’économie. Lorsque la croissance est forte, les avancées sociales se multiplient ; à l’inverse, les périodes de stagnation freinent inévitablement ces progrès. C’est pourquoi l’effort permanent en faveur de la création de richesse, de l’emploi et de la productivité reste la clé pour améliorer durablement les conditions de vie. À l’UGTA, nous œuvrons à sensibiliser nos adhérents à la nécessaire alliance entre exigence sociale et impératif économique, en particulier auprès de la jeune génération porteuse d’idées novatrices.

Le président de la République accorde beaucoup d’attention au monde du travail et syndical. Comment jugez-vous le dialogue social instauré entre le gouvernement et les partenaires sociaux ?

Les entretiens que nous avons eus avec Monsieur le Président témoignent de sa volonté inébranlable de concilier capital humain et capital financier. Convaincu que ces deux piliers sont indissociables, il déploie des mécanismes plus souples, pour soutenir l’économie, tout en valorisant l’élément humain par des revalorisations salariales et des mesures apaisantes sur le plan social. Il appartiendra cependant à tous – travailleurs et opérateurs économiques – d’en comprendre l’esprit et de s’y associer, pour donner corps à la vision et à la trajectoire qu’il trace pour le pays. Nous travaillons, au sein de l’UGTA, pour accompagner toute cette dynamique économique qui se met en place.

Vous avez annoncé la volonté du président de la République de réviser à la hausse le Salaire National Minimum Garanti (SNMG). Quels en seront les impacts ?

Le SNMG, repère essentiel tant pour le secteur économique que pour la Fonction publique, sert également de plancher aux pensions de retraite, désormais revalorisées sur décision présidentielle, afin qu’aucune pension ne soit inférieure à ce seuil. Cette mesure reflète l’attention constante du président de la République à préserver le pouvoir d’achat des Algériens et son augmentation interviendra au moment qu’il jugera opportun, afin d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités.

Comment l’UGTA appréhende-t-elle les turbulences régionales et les menaces grandissantes qui pèsent sur l’Algérie ?

Forte de son histoire, depuis sa fondation en pleine guerre de Libération nationale jusqu’aux combats pour la sauvegarde de la République dans les années 1990, l’UGTA veille à informer et à mobiliser les travailleurs contre les tentatives de déstabilisation visant notre pays. Cela surtout qu’il y a des agendas politiques dans certains pays qui visent à semer le chaos en Algérie, en usant de divers moyens technologiques pour tromper l’opinion publique. Ce qui est donc important pour nous, aujourd’hui, c’est de rester vigilant, en faisant comprendre aux travailleurs ce qui se trame autour de nous. Nous mettons l’accent sur la défense de la souveraineté nationale et sur la nécessité de renforcer l’économie, notamment en matière d’autosuffisance alimentaire, conformément aux objectifs fixés par le président de la République. Nous préparons, en collaboration avec l’Organisation de l’Unité syndicale africaine (OUSA), une conférence continentale destinée à décrypter les enjeux géopolitiques et économiques qui touchent l’Afrique.

Dès votre arrivée à la tête de l’UGTA, en juillet 2023, vous avez lancé un vaste chantier de restructuration. Où en est le processus, aujourd’hui ?

Le processus de restructuration suit son cours normal. Il est vrai qu’il y a des résistances au changement, mais nous veillons à chaque fois à faire preuve de pédagogie, pour expliquer l’extrême importance de respecter les lois de la République. Ce respect passe ainsi par la mise en conformité des différentes structures de l’UGTA avec la loi 23-02 relative à l’exercice du droit syndical. Cela prend plus de temps, mais le travail de restructuration et de renouvellement avance bien : près de 80% des structures des 38 wilayas concernées ont d’ores et déjà été restructurées.

M. A. O.

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