Bonnes feuilles : L’enfer est pavé de bonnes intentions

Par Farid Bouyahia

Cette histoire concerne les rapports parents-enfants. La Famille reste un sujet universel qui se retrouve chez tous à travers des éloges à la relation des enfants à leur mère et à leur père ainsi qu'au cercle familial et le rapport intergénérationnel en général. Il s'agit bien entendu de la famille dans son ensemble, l'enfance et l'adolescence, et dans une certaine mesure le lieu de naissance et ses habitants. Ce récit est une façon de réveiller en chacun de nous la part d’enfant et de rêve qui sommeille plus ou moins profondément. C'est bien de laisser ses souvenirs dans la tête, tout en restant libre, c'est-à-dire sans se définir complètement par rapport à une partie de la vie très marquante. Le récit d'Akli tirera peut-être quelques larmes à certains et secouera quelques cœurs. «Traite ton fils comme un prince pendant cinq ans, comme un esclave pendant dix ans et comme un ami par la suite», dit le proverbe indien. En tout cas, ce qui compte, c’est ce qu'Akli est devenu actuellement ce qu'il a réussi à construire. Il répète à qui veut l'entendre que c'est ce qu'il fait et réalise qui le détermine. Il ne veut surtout pas accorder trop de poids aux choses difficiles qu'il a traversées, pour ne pas perdre son bonheur présent. Akli n'a dit à personne qu'il allait sortir de prison. Personne n'a été averti. Il voulait sortir tout seul. Personne n'est venu l'attendre. Il voulait reprendre pied tranquillement, de toute façon il n'avait plus de contact ni avec sa femme ni avec ses enfants et ses parents sont morts. Ce jour-là était le seul moment de la vie où il a pensé à disparaitre. Aller n'importe où et ne jamais revenir chez lui. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'était à ce moment précis aussi qu'il a ressenti un sentiment de libération dans tous les sens du terme. Puis enfin quelque chose comme une nouvelle naissance. Quelque chose d'inhabituel s'ouvrait et s'offrait à lui. Physique d'abord, bien sûr. Instantanément, il avait bien compris qu'il quittait un monde qu'il haïssait au fond de lui-même depuis de nombreuses années. Mais une partie de lui-même est restée en prison, enfermée derrière les barreaux. Tout compte fait, l'on ne quitte jamais la prison pour de bon. C'est qu'à partir d'une certaine peine, elle reste ancrée dans la mémoire, voire dans l'ADN même de celui qui a fait de la prison. Il est entré petit à petit dans une sérénité intérieure très grande, et dans laquelle il est toujours, en définitive. Akli se souvient comme si c'était hier de ce jour où il a retrouvé la liberté. Il est entré en prison à l'âge de 27 ans, il vient de sortir à l'âge de 42 ans. Il a passé une bonne partie des plus belles années de sa jeunesse derrière les barreaux. Il a été coupé du monde pendant 15 longues années, dont 15 mois en isolement. Il revient dans un monde qu'il n'a pas vu changer et à cette société à laquelle il devait se réadapter.

(À suivre)

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