10e édition du «Fashion Day Dzaïr» : Entre héritage et haute couture

La capitale se pare de ses plus beaux éclats pour célébrer une décennie de création, de passion et de transmission. Pour ses 10 ans, le désormais mythique "Fashion Day Dzaïr" orchestre un événement d’envergure au cœur du Club des Pins, vendredi 13 juin prochain, dans une atmosphère aussi féerique qu’affirmée. Ce rendez-vous, né de l’audace fraternelle de Ryan Branci et Mehdi Yala, s’impose comme l’espace le plus inspiré et le plus inspirant du stylisme algérien contemporain.

Sur le podium, 55 mannequins dévoilent les lignes magistrales de 18 stylistes-modélistes, porteurs d’une vision renouvelée de la mode algérienne. Autour d’eux, 18 salons de beauté de renommée nationale subliment visages et chevelures, tandis que 18 chefs pâtissiers exposent, pour la première fois, des gâteaux traditionnels algériens repensés comme des œuvres d’art. Tissus, textures, couleurs, parfums… Tout concourt à faire de cette édition une ode totale à l’héritage culturel matériel de l’Algérie. À la tête de cette célébration, Ryan Branci, styliste de renom, créateur de tenues traditionnelles d’exception et ambassadeur du patrimoine vestimentaire algérien, défend une vision où le vêtement devient mémoire vivante. « Cela fait dix ans que mon frère Mehdi et moi portons cette idée à bout de cœur. Fashion Day Dzaïr est né d’un besoin intime de réconcilier le passé et le présent, de faire de la tradition un acte culturel, un espace de dialogue et de fierté », confie-t-il. Taffetas, velours, lin brut, soie, perles, broderies au fil d’or : chaque création puise dans le patrimoine des régions kabyle, chaoui, constantinois, saharien, pour mieux le projeter dans l’avenir. « La haute couture, lorsqu’elle est ancrée, devient une langue universelle. Elle nous permet de dire au monde qui nous sommes, sans rien concéder de notre âme », affirme Rayan. L’édition 2025 introduit une nouveauté audacieuse : la mise en lumière des desserts traditionnels algériens. Makrout el louz, arayech, qnidlettes sculptée, tcharek architectural… Ces douceurs millénaires seront présentées dans une scénographie épurée, sublimées par 18 maîtres pâtissiers qui les détournent sans les dénaturer. « Nos gâteaux sont des témoins d’histoire, des trésors transmis de mère en fille, de quartier en quartier. Il était temps qu’ils trouvent leur place sur le podium, eux aussi », déclare Mehdi Yala, directeur artistique du projet. Cette rencontre entre tradition sucrée et exigence esthétique prolonge l’esprit du Fashion Day : révéler l’âme d’un peuple à travers ses gestes les plus délicats. Autre pilier de cette célébration : la mise en beauté. Les 18 salons partenaires ne se contentent pas de maquiller ou coiffer, ils racontent une histoire. Ici, les tresses berbères croisent les voiles constantinois, les fards aux ocres du désert rencontrent les textures des oasis du Sud, et chaque visage devient une fresque vivante. Le résultat est saisissant : un univers où la féminité algérienne est honorée dans sa diversité, sa force et sa douceur, entre tradition et modernité assumée. Né il y a dix ans d’une idée simple mais visionnaire, rendre ses lettres de noblesse à la mode algérienne, Fashion Day Dzaïr s’impose aujourd’hui comme un événement phare de la scène culturelle nationale, au croisement de l’art, de la mémoire, de l’élégance et du collectif. « Ce que nous avons construit avec constance et passion, ce n’est pas un simple défilé », précise Rayan Branci, précisant que « c’est une scène où l’Algérie se voit belle, se voit forte, et se raconte avec fierté ». « Tant que notre patrimoine aura besoin d’être défendu, nous serons là, avec du fil, de la lumière et de l’amour », a-t-il conclut. Le 13 juin, l’Algérie ne défilera pas seulement : elle s’élève. Et dans le bruissement d’un burnous, le scintillement d’un bijou kabyle ou l’éclat d’un makrout doré, elle murmure : "Je suis vivante, élégante, et profondément ancrée".

S. O.

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