L’Union générale des commerçants et artisans algériens a lancé un appel au Premier ministre, pour revoir la décision de suspendre certaines activités commerciales et mettre en place des protocoles sanitaires que les commerçants s’engagent à respecter.
Dans une déclaration à El Moudjahid, le chargé des finances, Abdelkader Boucherit, précise que les mesures prises récemment pour limiter la propagation de la pandémie, qui a particulièrement touché certains commerçants, pourraient encore accroître leurs souffrances d’autant plus qu’ils ne sont pas encore rétablis des mesures de fermeture totale appliquées au début de l'épidémie. Il a affirmé que nous devons vivre avec le virus, d’où la nécessité d’ouvrir les activités commerciales suspendues, tout en imposant un protocole sanitaire à appliquer rigoureusement.
Notre interlocuteur estime que le pari aujourd'hui repose avant tout sur la prise de conscience du citoyen et non sur la fermeture des commerces.
«La plupart des commerçants respectent et appliquent les mesures de prévention et sont prêts à les renforcer si nécessaire, au lieu de fermer les magasins, ces mesures ne connaîtront, cependant, leur pleine utilité que si elles sont accompagnées de campagnes de sensibilisation des citoyens.
Abdelkader Boucherit estime que les commerçants sont pleinement en accord avec les mesures préventives et celles liées à leurs activités, telles que les restaurants qui vendent des plats préparés, ou les cafés qui vendent à l’extérieur et ne contribuent pas à la propagation du virus. «Les commerçants souffrent toujours des effets de la fermeture totale mise en œuvre au début de la pandémie, ce qui induit de grosses pertes, sans aucune indemnisation à ce jour. La décision de fermer les magasins à 15h ne fera qu’augmenter les pertes, c’est pourquoi nous proposons de prolonger l'heure de fermeture à 18 heures.» Sur un autre registre, concernant les transporteurs privés entre les wilayas, dont l'activité est toujours gelée, Boucherit, qui est également président de la Fédération nationale du transport de passagers et du transport de marchandises affiliée à l’UGCAA, déclare que leur situation est très difficile depuis l'arrêt de l’activité en mars dernier.
«En tant que syndicat, nous avons contacté les autorités concernées afin de trouver une solution. Nous avons proposé la réouverture des lignes en mettant en place un protocole sanitaire élaboré par le comité scientifique, mais nous n'avons pas encore reçu de réponse». Concernant l'indemnisation des transporteurs et des commerçants touchés par les mesures de fermeture, «certains commerçants n'ont, jusqu'à présent, pas reçu cette aide pour les mois d'avril, mai et juin. D’autres, dont les dossiers ont été rejetés, ont vu leurs souffrances accrues».
Même son de cloche du côté de l’Association des commerçants et artisans (ANCA), qui appelle à revoir la décision de suspendre certaines activités afin de permettre aux commerçants de préserver les emplois. «L'ANCA ne souhaite pas revenir à la fermeture économique, car cette décision va nuire aux commerçants qui ont souffert et souffrent encore des effets de la fermeture qui a eu lieu au début de la pandémie, affirme El Hadj Tahar Boulenouar. Il suggère plutôt de renforcer les mesures préventives sans revenir à l'arrêt de l'activité commerciale. Des pays sont plus touchés que nous et ont continué l'activité économique tout en se concentrant sur les conditions de prévention.»
Salima Ettouahria