Avec la hausse des nouveaux cas de contamination qui ont franchi la barre des 1.000 personnes/jour, le respect des mesures barrières est plus que jamais d’une importance vitale. Pour éviter le pire, de nouvelles mesures ont été prises par les pouvoirs publics, pour contrecarrer la propagation de l’épidémie, dont la limitation d’activité de certains commerces.
Une virée dans les principales artères du centre-ville d’Alger permet de constater que les commerçants concernés respectent scrupuleusement cette mesure et ne dépassent pas l’heure indiquée pour baisser rideau par crainte d’être sanctionnés. C’est le cas de Khaled, gérant d’un magasin d’articles ménagers et de décoration à Meissonnier, qui se prépare à la fermeture de son local à 14h45. «On a déjà été lourdement impacté par cette épidémie et je suis dans l’obligation de respecter toutes les mesures pour préserver mon activité, mais également ma santé et celle de ma clientèle», dit-il.
Pour Mourad, préserver sa santé et celle d’autrui est avant tout une responsabilité devant Dieu. «Je suis très méticuleux sur le respect des mesures préventives et ce, depuis qu’on a eu l’autorisation de réouverture des commerces», note le commerçant qui affiche sur sa vitrine toutes les consignes de protection contre le coronavirus (limitation à deux clients, obligation du port du masque…). Coiffeuse à la rue Didouche- Mourad, Rahma relève, de son côté, l’importance du strict respect des mesures édictées et assure qu’elle n’accepte aucune cliente au-delà de 14h00.
Il semble donc bien que les commerçants jouent le jeu et ne font pas dans la demi-mesure, ce que le président de l’ANCA, Tahar Boulenouar, salue. «Nous avons constaté un respect presque total de la disposition qui impose la fermeture de certains commerces à 15h00. Idem pour les agents de contrôle du ministère du Commerce, excepté quelques cas isolés qui ont été sanctionnés», indique Hadj Tahar Boulenouar. Ce dernier juge important que tous les commerçants appliquent rigoureusement le protocole sanitaire pour préserver leur santé et celle des autres. «Nous avons constaté qu’avec la recrudescence de l’épidémie, les commerçants ont redoublé de vigilance, à travers le respect des mesures de protection et de prévention contre le coronavirus. Ils sont sensibilisés sur le danger et soucieux de préserver leur gagne-pain», souligne-t-il.
Il rappelle, par ailleurs, l’impact de la pandémie sur les commerçants qui ont subi les conséquences de la fermeture de leur magasin pendant 3 ou 4 mois. «Ils sont conscients de la double responsabilités qu’ils doivent assumer. Ils sont responsables de l’application rigoureuse du protocole sanitaire par les clients», indique Boulenouar, ajoutant que l’ANCA avait déjà lancé dans certaines wilayas une nouvelle campagne de sensibilisation au profit des commerçants. Il révèle que plus de 50.000 commerçants et artisans ont été contraints de baisser rideau depuis le début de la pandémie et certains d’entre eux ont gelé leurs activités. Un grand nombre de commerçants, dont 90 % sont locataires et n’ayant pas pu renouveler leur contrat, ont fermé leur magasin et résilié carrément leur registre de commerce. De son, côté, le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, confirme le respect de la mesure de limitation de l’activité commerciale, même s’il concède que des commerçants prolongent de quelques minutes l’heure de fermeture, sans gravité toutefois. «Grosso modo, nous avons constaté un respect total de cette mesure car la majorité est consciente des sanctions encourues allant jusqu’à la fermeture du magasin», note-t-il.
Les rideaux à demi-fermés
Zebdi regrette en revanche l’attitude d’autres commerçants qui ferment le rideau à moitié, en attendant la fermeture totale, et se demande s’il ne s’agit pas d’une manière de vendre à rideau à demi-fermé.
Selon lui, la situation est grave et les commerçants sont tenus de respecter les mesures pour ne pas revenir à la situation observée il y a quelques mois, qui a vu la suspension d’un grand nombre d’activités commerciales. «Raison de plus pour qu’ils redoublent de vigilance. C’est une double responsabilité, et pour préserver leur activité et pour protéger la santé des autres. Ils sont responsables de tout ce qui peut se produire à l’intérieur de leur magasin, ils sont donc dans l’obligation de respecter les mesures barrières et de les faire respecter», explique Zebdi, signalant que certaines consignes sanitaires ne sont pas rigoureusement appliquées. «Je cite à titre d’exemple la désinfection des pièces de monnaie, le port du masque ou la disponibilité du gel hydro-alcoolique», regrette le président de l’Apoce qui insiste sur le renforcement du contrôle, y compris en dehors des commerces, citant en premier lieu les administrations publiques et certaines cliniques privées d’imagerie, d’exploration ou de radiologie. Sur ces dernières, il dit avoir constaté de ses propres yeux le non-respect des mesures préventives. «On doit renforcer le contrôle, les médecins contrôleurs doivent faire plus d’efforts dans ce sens. Chacun doit assumer pleinement ses responsabilités contre le coronavirus. La situation est grave et nécessite davantage de vigilance et de prudence», soutient-il.
Kamélia Hadjib
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UGCAA
«Les commerçants ne sont pas responsables de la hausse des contaminations»
Le ministre du Commerce a rencontré samedi dernier les responsables des organisations d’artisans et de commerçants en vue de sensibiliser les citoyens sur l'importance de renforcer le niveau de vigilance et de sensibilisation sur les dangers de la pandémie de la Covid-19.
Selon le secrétaire général de l'Union nationale des commerçants et artisans (UGCAA), Hazab Benchohra, la réunion a été programmée suite à la demande du Premier ministre «pour débattre avec les partenaires sociaux des plans de relance économique, de la situation des commerçants et artisans dans cette conjoncture difficile que traverse notre pays, en raison de la recrudescence des cas de contamination ainsi que le lancement des campagnes de sensibilisation et de mobilisation des commerçants pour collaborer avec les autorités publiques dans l'objectif de faire face à l'inconscience de certains de nos concitoyens». Il dira que «les commerçants ont subi les effets de la stagnation des activités dans plusieurs secteurs de l'économie lors du premier confinement qui les avait fragilisés», exprimant son inquiétude quant à «la décision des autorités publiques de fermer certains commerces et de limiter le temps d’activité pour d’autres, dont les restaurants et les cafés, qui doivent fermer à partir de 15 heures dans plusieurs wilayas».
M. Benchohra déclare que «cette fermeture broie les petits commerçants et artisans, et même s'ils ont réussi à passer tant bien que mal le premier confinement, cette deuxième vague porte un coup qui pourrait être fatal à certains d’entre eux». Il explique que «l'Etat ne pourrait pas à lui seul venir en aide aux commerçants, vu la situation financière difficile», regrettant que «plusieurs commerces ont déjà baissé rideau après avoir subi de plein fouet une perte significative de leur chiffre d’affaires durant les premiers mois de l’année». Il précise également que «les engagements concernant l’aide de 30.000 DA de l’Etat aux commerçants victimes des effets de la crise, ont été tenus dans la plupart des wilayas». Le SG de l'UGCAA estime que les commerçants ne peuvent en aucun cas être responsables de l'inconscience des clients. «Les commerçants ont pris toutes les mesures pour pouvoir entamer leur activité dans la sérénité», cependant, poursuit-il, «certains citoyens, par leur comportement irresponsable, mettent les commerçants dans l’embarras en raison du manque de respect des recommandations. Il n'y a aucune raison de punir tous les commerçants et artisans à cause de cette situation, car les autorités sanitaires ont bien montré que la recrudescence des cas de contamination est liée aux regroupements familiaux et au relâchement lors des fêtes et des funérailles».
«Victimes d’une crise sanitaire qui s’est transformée pour eux en crise économique, les commerçants ont du mal à encaisser d'autres effets liés au durcissement des mesures de prévention. La décision de limiter l'activité à 15h00 n’est pas appropriée à tous les métiers, car pour certains, le travail commence à partir de 15 heures».
M. Benchohra affirme que «l'UGCAA œuvre, grâce au partenariat avec les fabricants locaux et les walis, à la distribution des bavettes aux commerçants au prix de 18 DA pour être vendues au prix symbolique de 20 DA ». Il annonce qu'une campagne de reboisement sera lancée le 11 décembre prochain.
Tahar Kaidi