Tamazight : Préserver le patrimoine culturel

De notre envoyé spécial à Chlef Tahar Kaidi

Le programme de la célébration de la Journée mondiale de la langue maternelle s’est poursuivi, hier à Chlef, où le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) a organisé une visite de la ville de Béni Houa, qui se trouve sur le littoral.

C'est au siège de l'association Tifaouine que le Secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, a supervisé l'opération de don de livres et de publications du HCA au profit de cette association locale. La délégation s'est ensuite dirigée vers le centre culturel de la ville pour l'animation de deux conférences portant sur «l'importance de l'enregistrement audio dans l'apprentissage de tamazight pour les non-locuteurs» animée par Iftène Tarik, enseignant de tamazight à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Bouzaréah, ainsi qu'une communication sur «les problématiques d’apprentissage et d’acquisition chez les enfants amazighophones» présentée par Mohand Zerdoumi, professeur à l'institut de psychologie à l'université d'Alger-2. Parmi les découvertes de ce programme de célébration de la journée mondiale de la Langue maternelle, la production par le HCA de plusieurs volumes de contes populaires de différentes variantes de tamazight, dans la collection intitulée «Thifoussine». Chercheur universitaire et président de l'Association «Numidia» à Oran, Yazid Oulha explique que c'est «le fruit de partenariat entre le HCA, les linguistes et universitaires, ainsi que les acteurs des associations locales s'activant dans le domaine de la promotion de tamazight, pour élaborer une série de contes dans toutes les variantes». «Il s'agit d'un immense projet pluridisciplinaires qui nécessite l'intervention de plusieurs acteurs, pour les traductions vers l'arabe, et les autres langues vivantes, telles que l'anglais, l'allemand, l'espagnol et le français» explique-t-il, affirmant que pour les productions, il y a d'abord des livres illustrés destinés au grand public et aux enfants notamment, ainsi que des versions multimédia qui seront complémentaires à l'édition papier et contenant des enregistrements audio, des sous-titrages et des illustrations», pour faciliter l'assimilation.
Le conférencier fait savoir que le HCA a adopté et porté ce projet, en coordination avec l'association «Numidia» qui s'est occupée de la préparation de la matière, grâce au concours d’inspecteurs, de pédagogues, et d’enseignants de tamazight, et d'indiquer que pour chaque variante, une équipe qui se charge de l'enregistrement audio, de la correction, de la préparation du contenu, pour l'édition numérique et papier. Pour le président de l'association, ce projet vise la réalisation de plusieurs objectifs, à commencer par la préservation et la valorisation du patrimoine culturel et immatériel amazigh dans toutes ses composantes, outre la consolidation du sentiment d'appartenance, et d'identité, de vivre ensemble et de continuité culturelle inter-générationnelle, la publication de cette série vise à mettre en lumière la réalité de tamazight à travers le territoire national. Et M. Oulha de faire savoir que «les variantes sont un élément unificateur, comme l'expriment les principes de l'UNESCO, en mettant en avant la richesse et l'union dans la diversité». L'universitaire note également que «ces travaux, coordonnés par le HCA, sont également des outils pédagogiques, d'apprentissage d'enseignement et de vulgarisation scientifique pour les locuteurs et non-locuteurs de la langue tamazight». L'universitaire insiste sur l'importance d'encourager la production dans plusieurs variantes et mettre à la disposition des enseignants des textes et des contenus multimédias, dans la variante enseignée. Au-delà du caractère pédagogique la série Thifoussine vise à donner aux enfants et au grand public cette image positive pour qu'ils valorisent leur langue maternelle, belle, riche et qui possède toutes les caractéristiques des autres langues, explique M. Oulha évoquant l'importance de renforcer la présence de la langue tamazight à travers la production littéraire de qualité. Insistant sur la qualité des productions, le chercheur estime que la richesse linguistique ne concerne pas uniquement l'Algérie, mais plutôt un patrimoine humain et universel qu'il importe de fédérer les efforts afin de le valoriser.
T. K.

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HCA
Un engouement pour l’apprentissage de la langue

Le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, a annoncé qu'un programme d'élargissement de l'enseignement de tamazight a été établi par le HCA, notamment pour les adultes. Ce programme qui couvre aujourd'hui 25 wilayas est une expérience réussie, qui illustre l'engouement des locuteurs pour l'apprentissage de cette langue. Le SG du HCA se félicite de la place qu'occupe tamazight actuellement comme «valeur ancestrale et un héritage culturel» qui, par son usage, concrétise ces liens fondamentaux entre les différentes régions du pays. M. Assad a expliqué que la société civile aura un rôle fondamental à jouer, dans la promotion de tamazight. Ce qui impose, dit-il, au HCA d'accompagner ces associations, en garantissant l'aide financière nécessaire à leur engagement. T. K.

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