
De notre envoyé spécial à Chlef : Tahar Kaidi
Le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) organise, depuis samedi, à Chlef, une rencontre sur la place de la langue amazighe dans les systèmes d’enseignement et de communication, à laquelle sont conviés un panel de spécialistes, de chercheurs universitaires, linguistes et acteurs de la société civile.
Tenue à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée le 21 février de chaque année, cette rencontre se veut un carrefour pour l’échange d’idées sur les moyens et mécanismes pour la promotion de tamazight en Algérie. A cet effet, le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, a déclaré, lors de son allocution d’ouverture, que tamazight est un «élément essentiel» de cohésion sociale, une «source pour s’abreuver» du patriotisme et un «lien de coexistence, de diversité culturelle et linguistique» issus d’une réalité sociologique et anthropologique dont nous devons être fiers. «C’est une occasion de constater les progrès qui ont été réalisés, jusque-là, au niveau institutionnel et sur le terrain depuis un quart de siècle et la création du HCA. Nous nous efforçons aujourd’hui de prendre soin de cette noble tâche de promouvoir et de développer la langue amazighe dans sa diversité et ses variantes linguistiques, qui sont utilisées dans les différentes régions du pays. Il est question également de mettre en place progressivement des mécanismes juridiques et institutionnels pour assurer la préservation de ce patrimoine commun à tous les Algériens», a expliqué Si El Hachemi Assad. Pour le SG du HCA, c’est l’occasion également pour évoquer la mise en place de mécanismes visant la promotion et le développement de tamazight dans divers domaines de la vie sociale, à travers l’élargissement progressif de son utilisation, notamment dans le système éducatif et celui de la communication, sans oublier la valorisation des productions culturelles et œuvres littéraires dans les différentes variantes de cette langue. «Le choix de la ville de Chlef pour abriter les festivités officielles de célébration de la Journée internationale de la langue maternelle n’est pas fortuit. Il découle de l’intérêt de valoriser l’implication effective de la société civile dans ses différentes composantes dans le développement de l’usage des variantes linguistiques au niveau local. Chlef a toujours marqué sa présence à des dates importantes pour renforcer les constantes nationales, pour défendre les dimensions de la personnalité de la nation», a-t-il assuré. Évoquant le passé révolutionnaire glorieux de cette région, Assad a affirmé que Chlef constitue une zone de friction positive entre les deux langues nationales, ce qui exclut catégoriquement l’existence de tout conflit entre les deux langues parlées en Algérie. «Il y a eu une coexistence et une fusion complète depuis des siècles entre les différentes composantes d’un peuple uni», a-t-il assuré.
«Tamazight, équation centrale»
Le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité a admis que tamazight est aujourd’hui une «équation centrale» sous-jacente à la construction du front interne, pour fortifier les fondements de l’unité nationale et le sentiment de patriotisme et d’appartenance et fait savoir que la création du Prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes est l’événement culturel le plus important de 2020, qui consacre la nouvelle orientation de l’Etat en mettant tamazight sur la «bonne voie», loin des chevauchements et autres instrumentalisations politiciennes. S’agissant de la thématique de la rencontre, Assad a indiqué que son objectif est de souligner le rôle actif de la radio, à travers ses diverses stations régionales, dans la consolidation et le renforcement des éléments de l’identité nationale, en assurant la promotion et la valorisation efficaces de l’usage des langues locales communautaires à travers une programmation riche et variée. Il a saisi l’occasion pour évoquer la noble mission de service public de la Radio algérienne dans l’accompagnement du HCA dans toutes ses activités, ainsi que sa «sérieuse implication» dans l’effort d’extension de la plage horaire consacrée à tamazight à travers sa grille de programmes et productions médiatiques, avant de se féliciter de la présence de tamazight à travers les ondes de 26 stations de radios locales. «Ce fait impose de réfléchir, à présent, sur sa situation en tant que langue nationale et officielle au sein de la sphère médiatique, et les enjeux futurs, dans l’objectif d’élargir sa présence sur les 52 chaînes de radio en Algérie», a plaidé le SG du HCA, saluant au passage les efforts importants que déploie le ministère de la Communication pour la mise en place d’un nouveau système médiatique en phase avec les métamorphoses en cours dans notre pays, ainsi que les changements profonds des technologies modernes.
Tamazight présente dans 26 radios locales
Parallèlement aux conférences, des expositions de livres, interfaces audiovisuelles et de produits artisanaux sont programmées par le HCA à la maison de la culture de la wilaya de Chlef. Le programme des conférences porte, entre autres, sur le multilinguisme, le rôle de la radio dans la promotion de la langue et de la culture ainsi que des expositions, de nouvelles publications du HCA. Ratiba Slimani, directrice de la production au sein de la coordination des radios régionales présentera une communication sur le rôle des programmes radiophoniques dans la promotion de la langue et la culture amazighes.
Mohamed Zerdoumi, professeur de psychologie à l’université d’Alger-2, axe son intervention sur les problématiques d’apprentissage et d’acquisition chez les enfants amazighophones. De son côté, le SG du HCA reviendra sur le thème de la langue maternelle au service de la lutte contre la pandémie de Covid-19.
T. K.