Stockage de céréales : L’impératif de la performance

Important dans la politique agricole, le stockage des céréales s’érige en une priorité qui ne cesse de prendre des galons. Présidant le Conseil des ministres, dimanche, le chef de l’Etat a donné des instructions quant à l'impérative exploitation, dès cette saison, des moyens technologiques, notamment les drones, pour identifier les sites et les conditions de stockage des céréales.

L’importance de la question impose technique et minutie. Aujourd’hui, c’est tout le marché mondial céréalier qui vit au rythme d’une série d’incertitudes liées notamment au conflit russo-ukrainien dont le dénouement risque de tarder. D’importants chamboulements ont eu lieu et risquent de se reproduire. Raison pour laquelle l’Algérie compte prendre ses précautions. Un intérêt particulier, faut-il le rappeler, est accordé à la sécurité alimentaire. Dans sa feuille de route 2020-2024, inscrite dans le programme d’action du gouvernement, le secteur de l’Agriculture a ajouté à la liste des filières stratégiques les oléagineux (le colza et le soja), dans le but de couvrir 25% des besoins nationaux en huile de colza et 33 % en maïs, d’ici à 2024. Pour atteindre cet objectif, l’effort est concentré sur le développement de l’agriculture saharienne. Pour l’agroéconomiste Ali Daoudi, le conflit en Ukraine «nous oblige à augmenter notre production céréalière pour faire face à une éventuelle crise alimentaire». L’expert a affirmé qu’«il est évident, aujourd’hui, que l’augmentation de la production céréalière doit être un objectif prioritaire, urgent et stratégique». Pour ce faire, il propose l’augmentation de la production céréalière ou l’intensification et l’amélioration des rendements, essentiellement par la création des conditions pour que les agriculteurs accèdent aux facteurs de production leur permettant d’appliquer les normes et recommandations techniques adaptées à leurs zones agro-écologiques. D’autre part, il convient de préciser que M. Abdelmadjid Tebboune a préconisé, en Conseil des ministres, une campagne nationale avec l'association de tous les acteurs des collectivités locales et des agriculteurs, en vue d'œuvrer rapidement à l'augmentation du rendement de la production par hectare de blé et d'orge, tout en intensifiant le partenariat étranger, dans l'objectif d'atteindre une moyenne de production de 30 à 35 quintaux par hectare. Le rendement moyen national de la production de blé est estimé actuellement à 18 quintaux par hectare. En effet, le renforcement de la production céréalière doit être une «option stratégique», selon M. Daoudi, agroéconomiste, pour qui, «il ne s’agit pas seulement de construire des silos, mais surtout de maîtriser techniquement leur gestion». L’agroéconomiste préconise de mettre en place des unités de stockage stratégique de l’orge. «L’économie nationale est structurée par deux grandes filières, les céréales et la viande ovine. Cette dernière est de plus en plus dépendante de l’orge, d’où la nécessité d’avoir ce stock stratégique pour éviter que cette filière soit aussi soumise à des risques très élevés», a-t-il préconisé.

Fouad Irnatene

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