Sionisme et racisme, le couple maléfique

La conscience aigue de Frantz Fanon et ses prises de position offrent, par delà le temps, une grille de lecture de notre monde actuel. C’est pourquoi certaines situations nous rappellent la trajectoire et l’engagement de Fanon.
Il a subi le racisme quand il pensait s’engager en tant que Français parmi les Français pour lutter contre le nazisme. Il écrit à sa famille : «Je doute de tout, même de moi. Je me suis trompé ! Rien ici, rien qui justifie cette subite décision de me faire le défenseur des intérêts du fermier quand lui-même s’en fout. »
Ce racisme et cet apartheid (il ne pouvait pas s’asseoir à la même table que les autres soldats) ont été dénoncés par Amnesty international dans son rapport du 1er février 2022, qui déclare qu’'Israël pratique un régime d'apartheid contre les Palestiniens. On retrouve ce même racisme chez le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant (plutôt ministre de l’extermination pour reprendre l’expression de Mohamed Koursi), qui déclare en octobre 2023 : «Nous imposons un siège total contre la ville de Ghaza. Il n'y a pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence».
Si on ne parvient pas à appréhender le militantisme de Frantz Fanon, son œuvre en ce qu’elle recèle comme analyse, dénonciation et lutte intransigeante contre le fait colonial, on peut alors dire qu’il nous manque une clé de compréhension au sujet de ce qui se passe à Ghaza. «Le régime colonial est un régime instauré par la violence. C’est toujours par la force que le régime colonial s’est implanté. C’est contre la volonté des peuples que d’autres peuples plus avancés dans les techniques de destruction ou numériquement plus puissants se sont imposés. Violence dans le comportement quotidien, violence à l’égard du passé qui est vidé de toute substance, violence vis-vis de l’avenir», écrit Fanon dans L'An V de la révolution algérienne (1959).
C’est l’étape nécessaire à l’appropriation par la force de l’identité nationale, de la terre, de la culture et de soi-même pour reprendre les mots de Fanon qui tonnent dans les Damnés de la terre.
Un mètre soixante-cinq, Frantz Fanon était une boule de colère et de détermination, un modèle d’engagement. Défenseur de l’opprimé, du méprisé, du colonisé, il prônait la violence révolutionnaire comme unique recours pour briser les chaînes de la servitude. Excessif, cassant, intransigeant, peu porté sur la diplomatie, il avait le courage de ses idées qu’il exprimait avec une agressivité et une rage contenues. Homme des ruptures définitives avec tout ce qui ne correspondait pas, ou plus, à sa vision du monde, disait de lui un intellectuel africain.

M. B.

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