
L’Office national des statistiques (ONS) a publié un rapport sur l’évolution des échanges extérieurs de marchandises entre 2018 et 2023. Ce rapport, élaboré par la Direction technique chargée de la comptabilité nationale, s’est basé sur des données fournies par le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, pour ce qui est des hydrocarbures, et par la Direction générale des Douanes, pour les produits hors-hydrocarbures.
Il ressort de ce rapport très détaillé une évolution nette du volume des exportations en cinq ans, surtout pour les produits hors-hydrocarbures, une baisse des importations et une diversification avérée des pays et continents fournisseurs et clients. En effet, même si le montant des importations, en six ans, a connu une légère augmentation, en passant de 5.403.232,8 millions de dinars à 5.793.993,4 millions de dinars (hors taxes, impôts et frais de transport), celui des exportations a presque doublé, passant de 4.889.278,6 millions de dinars à 7.432.427,7 millions de dinars. Ainsi, et alors que la balance commerciale était déficitaire en 2018 (-513.954,3 millions de dinars), elle est largement excédentaire (1.638.434,3 millions de dinars) en 2023, après l’avoir été encore davantage en 2022 (3.668.774,4 millions de dinars). Dans le détail, les importations des produits stratégiques ont augmenté, tandis que celles de produits accessoires ont baissé. Ainsi, la chapitre «Alimentation, boissons et tabac» a connu une augmentation, entre 2018 et 2023, de 18,5% à 24,4%, ce qui s’explique par l’importation, à cette période-là, de produits stratégiques subventionnés, tels le blé dur, le blé tendre, le lait en poudre et les viandes, à des prix fluctuants, avec une inflation mondiale durant la période de la Covid-19. La carte des fournisseurs de l’Algérie a également évolué entre 2018 et 2023. Si l’Union européenne (UE), qui regroupe 27 pays (la Grande-Bretagne s’étant retirée en décembre 2020), demeure le premier fournisseur de l’Algérie, le taux des produits qui y sont issus a reculé, passant de 45,5% en 2018 (soit presque la moitié du volume total des importations de l’Algérie) à seulement 34% en 2023. A contrario, les volumes d’importation en provenance des pays européens hors UE, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine, du Maghreb, des pays arabes, de l’Afrique, de l’Asie et du reste du monde ont tous augmenté, ce qui confirme la diversification des fournisseurs de l’Algérie. Une confirmation qui s’affiche clairement lorsqu’on prend chaque pays à part, avec, notamment, une baisse du volume d’importations en provenance de la France (7,4% en 2023, contre 10,4% en 2018, soit une baisse de 3%), et du Maroc (de 0,5% en 2018 à 0,1% en 2023), une chute spectaculaire du volume d’importations en provenance de l’Espagne (de 7,4% en 2018 à… 0,6% en 2023), une augmentation du volume d’importations de la Chine (17% à 19,9%), de la Russie (2,0% à 3,4%), de la Turquie (5% à 5,9%), du Canada (1% à 2,7%), de la Nouvelle-Zélande (0,9% à 1,9%), de la Tunisie (0,7% à 0,8%), de l’Égypte (1,2% à 2,1%), de l’Arabie saoudite (1,5% à 2%), des Émirats arabes unis (0,6% à 1,2%) et surtout de la Mauritanie, nouveau fournisseur de l’Algérie depuis trois ans (0% à 0,9%). Le détail des exportations est encore plus significatif, puisqu’il confirme que la politique de diversification des exportations hors-hydrocarbures a commencé à porter ses fruits dès 2023. Un chiffre à retenir : le volume global des exportations hors-hydrocarbures est passé de 7% en 2018 à 10% en 2023, ce qui est appréciable pour un pays resté plus de cinq décennies dépendant des hydrocarbures. Plusieurs produits se sont fait une place sur le marché international. C’est surtout le cas des matières premières, pas du tout exportées en 2018 et dont le volume de vente à l’étranger est passé à 0,1% en 2023, après avoir atteint 0,2% en 2022, des produits bruts (de 0,2% en 2018 à 0,4% en 2023) et des demi-produits (produits semi-finis, dont le volume est passé de 5,6% en 2018 à 8,5% en 2023). Dans le détail, le rapport atteste que les marchés dans lesquels les produits algériens ont prospéré entre 2018 et 2023 sont l’Union européenne (de 57,5% à 64,5%, soit près des deux tiers du volume total des exportations), les autres pays européens hors UE (de 6,1% à 11%) et l’Afrique (de 0,3% à 1,1%). Les principaux pays-clients vers lesquels les exportations ont augmenté entre 2018 et 2023 sont la France (de 12% à 13%), la Chine (de 3,1% à 3,9%), la République de Corée (plus connue sous l’appellation de Corée du Sud, de 2,9% à 3,2%), la Tunisie (de 2,3% à 3,2%), l’Allemagne (de 0,2% à 0,6%), le Japon (de 0,1% à 0,5%), ainsi que des pays africains, tels l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Libye ou le Ghana. Ce pendant, le client-phare de l’Algérie est désormais l’Italie, pays vers lequel le volume des exportations a quasiment doublé, passant de 14,4% en 2018 à 28,4% en 2023, et leur montant a presque triplé, passant de 705.995,5 millions de dinars à 2.096.467,5 millions de dinars. L’Italie est l’archétype du partenaire commercial. Il constitue la preuve, chiffres à l’appui, qu’on peut entretenir des relations économiques et commerciales apaisées et mutuellement bénéfiques, nonobstant la nature du régime politique. D’ailleurs, lors de sa dernière rencontre avec des représentants de médias, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait loué l’exemplarité des relations politico-économiques entre l’Algérie et l’Italie, basées sur le respect mutuel et le pragmatisme. Les produits ayant connu une augmentation de volume d’exportation entre 2018 et 2023 sont principalement les produits des mines et carrières (de 0,2% à 0,4%), les industries de bois, de papier et de cuir (de 0,1% à 0,2%), les matériaux de construction, céramique et verre (de 0,2% à 1,5%) et, surtout, les industries sidérurgiques (de 0,4% à 2,2%).
Le client-phare de l’Algérie est désormais l’Italie, pays vers lequel le volume des exportations a quasiment doublé.
Il y a eu une baisse du volume d’importations en provenance de la France et une chute spectaculaire du volume d’importations en provenance de l’Espagne.
F. A.
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Production, Autosuffisance ,Diversification et Exportation : Les mots clés d’une Algérie qui gagne
Les efforts de l’Algérie en matière d’exportations hors hydrocarbures ont permis au pays d’améliorer ses revenus en devises fortes. Cette tendance a donné la possibilité à l’Algérie d’éviter la crise en cas de chute des prix d’un produit à l’international. Elle lui a assuré une assise financière qui n’a pas manqué de se répercuter sur la satisfaction des besoins essentiels de la population. Si les achats des différents éléments nécessaires pour l’économie ont été effectués, si les segments qui ne sont pas pris en charge par la production nationale, que ce soit pour l’industrie ou pour l’agriculture, ont été couverts et si les services utiles n’ont pas été abandonnés, c’est grâce à cette disponibilité. L’Algérie s’est payé le luxe d’augmenter les salaires des travailleurs et même d’offrir une prime à ses chômeurs, en attendant leur intégration dans un contexte international difficile marqué par les effets de la pandémie de Coronavirus. Pour éviter ces effets justement et surtout sortir de la prédominance des hydrocarbures, qui a nui par le passé au pays, cette diversification est salutaire. L’Algérie engrange plus de devises, grâce à son industrie, à ses services et même à son agriculture, qui est en train de gagner le défi de l’autosuffisance, pour passer ensuite à l’exportation. Au-delà des chiffres relatifs à ce dossier qui n’ont pas été comptabilisés depuis des années, c’est cette santé retrouvée de l’économie nationale qu’il faut remarquer. Voilà des secteurs qui étaient, il y a des années, dans un mauvais état, arrivant non seulement à couvrir les besoins du marché national, mais à se placer à l’international. Ce qui n’est pas une mince affaire. Ils arrivent à respecter des normes très dures et à satisfaire une clientèle très exigeante. Avec les victoires enregistrées sur le plan politique, ces résultats économiques réconfortent. L’Algérie consolide sa souveraineté, tout en accentuant son partenariat. Notre pays, qui a toujours défendu son indépendance, se présente comme un acteur clé sur le plan international. Fournisseur important et crédible en matière d’énergie, il entend s’imposer dans les autres secteurs, d’autant qu’il dispose de ressources gigantesques. Ses gisements de fer et de phosphate, qui sont parmi les plus grands du monde, ne sont qu’une expression de cette richesse. Mais c’est sur la volonté de son peuple qu’il compte le plus. Ce peuple qui a donné au monde l’une des révolutions les plus remarquables de l’histoire qui se distingue par la maîtrise de plusieurs domaines, grâce à ses nouvelles générations qui s’arment de science, en plus des valeurs d’authenticité et de travail. Compter sur soi, qui est, rappelons-le, l’un des engagements phares du président de la République, lors de son investiture suprême, a donné la possibilité à des millions de jeunes et de moins jeunes d’affirmer leurs compétences, comme il a eu comme conséquence de réduire le recours aux importations. Production, autosuffisance, diversification et exportation sont les mots clés de l’Algérie nouvelle, l’Algérie qui gagne.
F. D.