Saliha Khelifi, auteur littéraire et artistique et membre de l’ONDA, a souligné qu’Omar Ibrahim, connu sous le nom de Frantz Fanon, est un intellectuel du tiers-monde, médecin et militant, dont la pensée testamentaire inspire aujourd’hui les recherches en histoire et en anthropologie, postulant une réévaluation des rapports souvent conflictuels qui opposent encore les vieux empires coloniaux à leurs anciens sujets. Indiquant que l’actualité politique et intellectuelle française s’est gardée jusque-là, par un travers d’esprit ethnocentrique, de toute prise en compte des thèses de ce théoricien de la décolonisation, c’est parce que la France a encore quelque mal à reconsidérer ses rapports historiques avec ses colonies et à participer à une vision alternative, débarrassée des paradigmes de supériorité et des scories d’une époque révolue, ajoutant que le psychiatre devient moudjahid et Frantz Fanon devient Omar.
De Tunis à Accra, en passant par le désert malien, les dernières années de sa vie sont une traversée du monde colonial en révolution.
Dans les rangs du FLN, il œuvre désormais directement pour la révolution algérienne en tant que théoricien et toujours en tant que psychiatre. Dans le même sillage, Mme Khelifi a fait savoir que Fanon louvoie entre sa liberté de pensée et les contraintes d’appareil politique. «Lui qui n’a jamais été encarté, fait désormais partie du gouvernement provisoire de la guerre de Libération algérienne».
Z. Gharbi