Réorganisation du secteur de l’audiovisuel : Le sens d’une approche

Remettre de l’ordre et assainir le secteur. Tels sont les objectifs assignés au projet de loi organique relative à l’information et à l’audiovisuel, examiné lundi en réunion extraordinaire du Conseil des ministres. Revêtant une grande importance pour les pouvoirs publics, les deux textes accaparent, depuis plusieurs mois, l’attention et suscitent moult débats. Plus particulièrement, la loi sur l’audiovisuel, un secteur qui ne cesse de s’étendre, mais qui tend malheureusement à dévier de la voie tracée. D’où, d’ailleurs, l’importance que lui accorde le président de la République, à travers la multiplication, ces dernières semaines, des signaux envoyés en direction de la corporation en vue de s’organiser dans un cadre légal, loin du flou et de l’anarchie qui caractérisent le champ audiovisuel privé. Le fait que Tebboune ait ordonné l’implication des deux chambres du Parlement pour enrichir le débat autour de ces deux projets de loi, «fondamentaux liés directement à un projet conciliant décision démocratique et préservation de la sécurité nationale du pays», dénote les enjeux politiques que suscite ce secteur. D’autant que l’Algérie, de l’avis des observateurs les plus avertis, n’est pas épargnée par la guerre de 4e génération et reste au centre des intérêts de plusieurs parties malintentionnées, dont le but n’est que de créer une «nouvelle agitation malsaine» dans la vie politique du pays et déstabiliser les institutions de l’État.
Longtemps évoluant en solo en raison de l’absence d’une réelle volonté politique de réguler le secteur, les chaînes TV privées symbolisent tout le marasme que vit l’audiovisuel. Sur les dizaines qui activent depuis 2017 sous le droit étranger, à peine cinq sont autorisées à diffuser. Manque de professionnalisme pour les uns, dérives pour d’autres ou encore intox et désinformation pour certains, sans parler des contenus médiatiques médiocres, voire scandaleux ; on se souvient à ce propos du triste épisode des caméras cachées diffusées durant Ramadhan et le tollé soulevé.
Le constat est donc accablant. Une mise à niveau sur tous les plans est devenue une nécessité. Une urgence même. Mais, avant cela, le ménage s’imposait, une évidence devant tant de dérapages. Certaines chaînes TV ont en, à ce titre, fait les frais, entre avertissements, fermeture provisoire ou définitive, et retrait des accréditations avec effet immédiat.
Des sanctions interprétées différemment, mais qui peuvent être le début de la réorganisation du secteur. Comme l’a souligné récemment le ministre de la Communication dans nos colonnes, la mission assignée à son département consiste à donner à cette refonte, un «caractère novateur» qui assure sa mise en conformité, non seulement avec la Constitution, mais aussi avec les «réalités du paysage médiatique national et les standards internationaux». Une approche, du reste, logique, du fait que les chaînes offshore «algériennes» ont perdu le peu de crédibilité qu’elles avaient, ce qui a constitué une aubaine inespérée pour les plateformes de médias sociaux qui se sont substituées aux médias traditionnels. Mais cela n’est malheureusement pas sans dégâts, puisqu’on parle ici d’un véritable terreau qui nourrit les férus des fake news.
S. A. M.

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