
Le plein d’émotion. Une sympathique cérémonie haut en couleur et nostalgique a été organisée, hier au siège d’El Moudjahid, le doyen de la presse nationale, créé le 2 juin 1956 des entrailles du combat libérateur.
L’occasion ? Une plongée dans les archives précieuses du journal dont les « Unes », les plus emblématiques du moins, ont fait l’objet d’une exposition, dans la salle de conférence du quotidien, sis rue de la Liberté, à Alger. « L’expo » fait la rétrospective, non exhaustive, des actualités « chaudes », algériennes et internationales, des soixante dernières années. «El-Moudjahid, un long parcours au service de la patrie », l’intitulé de l’exposition résume, à lui seul, la quintessence du journal. Arme de combat pour contrecarrer la propagande coloniale durant la révolution, El Moudjahid sera, à l’indépendance, une vitrine de la transformation de l’Algérie, mais aussi et surtout une extraordinaire caisse de résonnance des mouvements de libération à travers le monde. En Afrique, en Amérique latine ou en Asie, ses reporters ont sillonné la planète et ont laissé, à la postérité, des reportages d’anthologie sur le combat des damnés de la terre. Aujourd’hui, au temps de guerres médiatiques, des conflits asymétriques, le journal livre bataille sans rechigner. Le coup d’envoi de cette exposition a été donné par le président-directeur général, Mohamed Koursi, en présence de Ammar Belhimer, ministre de la Communication et ancien journaliste à El Moudjahid. Des invités de marque, il y en avait : les ambassadeurs du Vietnam, de Tunisie, de la République Sahraouie qui ont rappelé l’engagement de l’Algérie aux côtés des causes justes. Les invités se comptaient aussi parmi les institutions, les corps constitués... Les confrères, journalistes, travailleurs de la presse, en exercice et/ou à la retraite n’étaient pas en reste. Des retrouvailles émouvantes et joyeuses ont rassemblé la grande famille d’El Moudjahid. Les « anciens », les vénérables ainés, étaient nombreux à honorer de leur présence la cérémonie. Tous armés de leurs souvenirs, d’anecdotes et dissertant à volonté sur des épopées héroïques. Des tranches de vie et/ou des vies entières faites d’engagement au service d’un journal auquel ils ont tout donné. La filiation, le sentiment d’appartenance, le retour au bercail, après des années de séparation s’enroulent dans un voile de fierté. Au coin de l’œil, une larme discrète ou assumée prête à jaillir. Parfois en geysers ininterrompus. Beaucoup, parmi les hommes et femmes présents, jeunes et moins jeunes, y perdront un peu de leur flegme à l’évocation, surtout, des « absents », les figures prestigieuses d’El- Moudjahid qui nous ont quittés pour un monde meilleur et ont été honorés à titre posthume. Pareillement pour les anciens et retraités du journal à qui on a rendu hommage et ont été gratifiés. Il en est ainsi, dans la «grande famille d’El Moudjahid, se plait à souligner Mohamed Koursi. Une «équipe soudée», formée d’une succession de générations, de journalistes et travailleurs. « El Moudjahid n’est pas qu’un espace chaleureux de travail, c’est un titre qui claque dans l’histoire. Une référence». Initiée dans la foulée du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, l’exposition offre une opportunité pour le journal de «certifier son basculement dans le 21e siècle», pour paraphraser M. Koursi.
M. Ammar Belhimer a inauguré à cette occasion la nouvelle plaque d’entrée du siège du journal, dotée d’un QR-code contenant le contenu multimédia du journal.
Karim Aoudia