«Le projet se veut grandiose et promet d’être à la hauteur du développement de la capitale. Reflétant, ainsi, la profondeur historique de notre pays.» c’est en ces termes élogieux que s’est confié à El Moudjahid le directeur central et chargé de la communication auprès de l'Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), Abdelkader Mazar.
La future gare centrale de la capitale, située à Bab-Ezzouar, contribuera activement à métamorphoser les transports et la mobilité des algériens. Il s’agit, par ailleurs, d’une infrastructure pilier du projet «Alger 2030» qui s’inscrit dans le cadre de l’aménagement ferroviaire du grand Alger. Nos échanges, à bâtons rompus, avec M. Mazar, nous ont permis de prendre connaissance de plusieurs détails importants, à l’instar du lancement du concours d’architecture et du choix imminent du bureau d’étude. «Nous avons, pour cela, défini plusieurs critères strictes, à l’instar de l’expérience», a-t-il soutenu avant d’ajouter qu’après cette étape cruciale, une commission intersectorielle composée de nombreux spécialistes du domaine se réunira pour statuer sur le choix final de la conception de ce projet-phare qui révolutionnera le transport dans la capitale. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, M. Mazar a fait savoir que la gare centrale reproduira fidèlement dans sa conception le référent architectural algérien. «Le cahier des charges exige de s’inspirer de l’architecture traditionnelle locale. Dans ce sillage, le bureau d’études qui sera choisi intégrera ce point important en particulier», a-t-il assuré avant de préciser que la future infrastructure offrira aux passagers une multitude de services. Elle comprendra, poursuit-il, des espaces commerciaux, de loisirs et d’autres d’échanges entre voyageurs. Il y aura également, révèle-t-il, de nombreux espaces dédiés au co-working pour les voyageurs qui préfèrent travailler durant leurs trajets. «Des espaces de repos permettront également aux usagers de faire une pause avant de continuer leur voyage sur le réseau grandes lignes.». La gare centrale d’Alger sera un hub des transports en accueillant des trains en provenance de l’Est, de l’Ouest mais également du Sud, entre autres, de Laghouat, Ksar Boukhari et plus tard de Boughezoul. «Mais pas que ! L’intermodalité sera au cœur de ce nouveau nœud de communication dans la capitale. En effet, la future infrastructure sera reliée à plusieurs moyens de transport, à l’instar des bus, des tramways, des taxis. Il y aura, par ailleurs, une navette entre cette gare et l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene», a-t-il déclaré avant de revenir sur la localisation géographique du projet. Le choix de Bab-Ezzouar n’est, selon le même interlocuteur, pas fortuit, «il vise à renforcer la vocation du quartier d’affaires du site avec la présence des plus grandes entreprises nationales et multinationales».
«Le projet réduira le trafic routier, boostera le marché de l’emploi et améliorera la qualité de vie»
Sur un autre registre, Abdelkader Mazar a rappelé que sur l’ensemble de ses projets et de ses réalisations, l’ANESRIF accorde une place importante aux personnes à mobilité réduite (PMR), ce qui signifie qu'elle prend en compte leurs besoins spécifiques en cherchant à améliorer constamment leur prise en charge, notamment en termes de mobilité et d'accessibilité. «L’Anesrif met un point d’honneur à assurer le meilleur confort qui soit à cette catégorie dans l’ensemble de nos gares. Et la future gare centrale ne dérogera pas à la règle. Il s’agit là d’une de nos principales priorités. Des sanitaires plus larges, des guichets et accès adaptés aux quais ainsi qu’aux étages sont d’ores et déjà prévus», a-t-il conclu. De son côté, l’économiste Nazim Sini a confié que le sujet des transports lui tenait particulièrement à cœur, compte tenu du fait qu’il a mené de nombreuses études relatives à la corrélation entre infrastructures de transport et croissance économique. Pour Sini, ces gares sont des vecteurs incontournables dans le développement économique et ce, en permettant l’interconnexion entre l’ensemble des moyens de transport. «La future gare centrale d’El- Mahroussa reliera directement n’importe quel point du grand Alger. Ce projet attractif pourra augmenter le taux d’activité économique de 20%», a-t-il lancé avant de soutenir que la future infrastructure ferroviaire apportera de la fluidité et réglera plusieurs problèmes, dont celui de la mobilité interurbaine au sein de la wilaya d’Alger et des wilayas limitrophes, à l’instar de Blida et Boumerdès… Ce projet est, selon le même expert, la clé de voûte de divers programmes mis en œuvre par l’Algérie afin d’améliorer ses infrastructures. «Il ne faut pas perdre de vue que le développement des transports est un élément important pris en compte dans la grille de notation des pays, en matière d’attractivité des Investissements directs étrangers (IDE)», a-t-il révélé avant de souligner le fait que la gare centrale boostera le marché algérien de l’emploi en rapprochant les besoins des ressources vers les emplois de ces mêmes ressources. «A vrai dire et sans aucun doute, le projet engendrera une dynamique appréciable pour ce marché en le stimulant davantage. Cela peut constituer, entre autres, un levier supplémentaire pour les entreprises en bénéficiant des services de nouveau profil via le raccourcissement des distances et des délais nécessaires pour se déplacer», s’est-il réjoui avant d’enchaîner : «de nombreuses études mettent le doigt sur l’impact positif de ce type d’infrastructure sur la circulation automobile. «Comparativement à d’autres villes de la région MENA, on estime qu’une gare centrale de cette taille peut contribuer à réduire le trafic routier de 10 à 15%. Un résultat qui permettra d’améliorer la qualité de vie des Algériens», a-t-il estimé.
La gare centrale, pièce maîtresse du plan jaune
La future gare centrale, qui se situera à Bab Ezzouar, est avant tout une pièce maîtresse du plan jaune. Ce dernier est un projet ambitieux dont l’objectif est de décongestionner et permettre une meilleure mobilité à Alger.
Ce plan, inscrit dans la vision stratégique de modernisation et de développement de la capitale, permettra, à terme, de connecter efficacement les différentes régions d’Alger, de réduire les embouteillages et de faciliter la circulation, cela en diversifiant les options disponibles et en encourageant l’utilisation des moyens de transport. Pour atteindre ces nobles objectifs, plusieurs projets structurants sont en cours de réalisation ou en passe d’être livrés, à l’instar du projet d’extension du métro vers l’aéroport et Baraki qui devrait être mis en service en juillet 2027. Une extension qui permettra de porter la longueur du réseau de 19 à 32 kilomètres et d'augmenter le nombre de stations exploitées de 19 à 32, ce qui renforcera les liaisons entre les quartiers résidentiels, les établissements universitaires et les grandes structures. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le plan jaune prévoit aussi l’extension du tramway et plus précisément de la ligne entre Mohammadia et Bordj El-Kiffan, sur une longueur de 1,7 km, afin de réduire de 20 minutes le temps de trajet entre Dergana et la station des Fusillés. Le tramway devrait également être étendu vers Diar Essaâda et Bir Mourad Raïs, avec la création de nouvelles stations multimodales et des parkings-relais, pour renforcer l’intermodalité. Deux lignes de monorail reliant des zones à forte densité de circulation, couvrant au total 67 km, ont été proposées pour réalisation par des partenaires, afin d’éviter la saturation des voies urbaines. Ce transport novateur contribuera à réduire sensiblement les délais de réalisation et, bien évidemment, les coûts par rapport à une ligne de métro lambda, tout en offrant une efficacité similaire. Enfin, une dernière information et pas des moindres : outre la réalisation de la future gare centrale, plusieurs autres gares de la wilaya, à l’image de celle d’Agha, connaîtront des opérations de modernisation et de réaménagement.
S. K.
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